La démographie

Thèmes : société, économie, géographie                                                             Conférence du Mardi 23 Octobre 1979

CERCLE DE DOCUMENTATION ET D’INFORMATION
« CLUB DU TEMPS LIBRE »

LA DEMOGRAPHIE

M. Alain PARANT, démographe, attaché de recherches à l’Institut national d’Etudes démographiques (INED), passionna l’auditoire en traitant le sujet : « La population mondiale, le passé, le présent, l’avenir. Un cas particulier : la France. » Son exposé fut la fois d’une grande richesse et d’une grande simplicité malgré une nécessaire technicité.

« L’évolution du nombre des hommes est une préoccupation ancienne. Au moins aussi ancienne que cette préoccupation, est l’idée d’un possible arrêt de la croissance de la population.

Chacun sait la querelle qui a opposé Malthus à Marx. Malthus pensait que la croissance du nombre des hommes ne pourrait se maintenir indéfiniment dans la mesure où la croissance démographique se déroulait suivant une progression géométrique, tandis que la croissance des moyens de subsistance se déroulait suivant une progression arithmétique. Pour le Pasteur Malthus, il fallait donc que la croissance démographique s’aligne sur la croissance des moyens de subsistance. Pour Marx au contraire, le problème n’était pas d’ordre démographique mais bien plutôt d’ordre économique et politique. Pour Marx, à condition de changer le système de production, on pourrait toujours donner chacun selon ses besoins.

Cette querelle… a brusquement rebondi avec la parution récente du rapport… du Club de Rome annonçant le collapsus final pour le XXIè siècle si l’humanité ne décidait pas, et cela sans délai, d’une croissance démographique et d’une croissance économique nulles. »

Le conférencier fit une comparaison entre l’évolution de la population dans les pays très développés, de l’Antiquité à nos jours, et dans les pays en voie de développement.

M. PARANT projette deux courbes relatives, l’une à l’évolution de la population mondiale de l’an 0 de notre ère jusqu’à l’an 2000, l’autre à l’évolution des seuls pays aujourd’hui les plus développés. Toutes les deux ont même allure exponentielle, mais l’écart entre les deux courbes s’accroit de façon considérable. La part des pays développés dans le total mondial, relativement stable jusqu’aux environs de 1800 (environ 23%), passe aux environs de 1900 à 34%. Puis à partir de 1900 un décrochement se produit : la part relative des pays développés diminue d’abord lentement, puis le déclin s’accélère et l’on peut estimer que de 1950 à 2000 la baisse de cette part devrait atteindre quelque 50 %.

Cette diminution résulte de deux faits :

La baisse de la natalité-fécondité qui, aujourd’hui, dans les pays riches, n’assure plus le remplacement des générations. D’autre part, comme la baisse de la mortalité se poursuit, la croissance modeste de la population provient davantage d’un vieillissement des effectifs que d’une réelle poussée des jeunes.

Au contraire, dans les pays en voie de développement, la croissance résulte d’une mortalité de plus en plus basse et d’une fécondité toujours très élevée. Il y a donc lieu d’opposer les pays riches vieillissants aux pays en voie de développement, pauvres mais jeunes.

Les influences compensatrices ou contradictoires des facteurs de croissance et de jeunesse d’une part, de vieillissement et de croissance de l’autre, furent ainsi mises en évidence. Les pays en voie de développement connaissent un « boom » démographique qui fait penser à celui que nous avons connu il n’y a pas très longtemps grâce à la diminution du taux de mortalité infantile, plus qu’à une forte natalité ; mais déjà un frein de l’expansion démographique se fait sentir, soit à cause des conditions économiques, soit par suite de préoccupations politiques.

Contrairement à ce que l’on pense, la courbe exponentielle que l’on présente souvent semble se transformer en courbe en S dont le palier supérieur horizontal est nettement amorcé. (fig. 8) Les chiffres de population totale du globe annoncés pour les années 2000 ou 2050 ne sont pas du tout certains. La France n’est pas le pays dans lequel le taux de vieillissement est le plus élevé. La contraception et l’interruption volontaire de grossesse ne sont pas des facteurs qui influent beaucoup sur l’évolution.

La conférence devenait souvent un dialogue ou un débat. M. SIRE fit remarquer la parenté des courbes à l’allure exponentielle présentées avec celles de la croissance de la population de différentes espèces animales (microbes-coléoptères, rongeurs). Des cycles dans cette évolution furent également mis en évidence pour expliquer l’allure de celles-ci, qui, exponentielles à leur début, se transforment en courbes en S, puis se stabilisent et finalement s’effondrent, marquant ainsi non seulement le déclin de la population mais plus encore sa mort. (fig. 9)

LA DEMOGRAPHlE

EVOLUTION DE LA POPULATION DES ETATS UNIS

DANS SA PHASE EXPONENTIELLE

 

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