ALEXANDRIE LA RAYONNANTE ! LA DECADENTE, …LA RENAISSANTE ?

Thèmes: Histoire, Civilisation                                                                                            Conférence du mardi 7 février 2023

ALEXANDRIE LA RAYONNANTE ! LA DECADENTE, …LA RENAISSANTE ?

Par Monsieur Marc BLANCHARD, ancien attaché au service culturel de l’Ambassade de France au Caire, ancien inspecteur d’Académie.

INTRODUCTION

Alexandrie est à n’en pas douter une ville mythique due à l’aura de son créateur, à son rayonnement culturel dans l’Antiquité et sa longévité.

Si après la conquête arabe elle commence un long déclin jusqu’à devenir un simple village de pêcheurs jusqu’au du début du XIXe siècle, c’est Méhémet Ali, vice-roi d’Egypte qui réveillera Alexandrie en ce début de siècle, en la dotant de nouvelles infrastructures. De nos jours Alexandrie, deuxième ville la plus peuplée d’Egypte est un port clé et un centre industriel important pour l’Egypte.

I – Fondation d’Alexandrie.

Alexandrie doit son nom à son fondateur Alexandre le Grand (356 – 323 av. J.-C.). Le macédonien conquiert facilement l’Egypte du fait que cette dernière était sous le joug des Perses, ennemis des Egyptiens.

Alexandre cherche un lieu pour créer un port afin de favoriser les échanges entre les rives nord et sud de la Méditerranée. Lorsqu’il arrive à cet endroit, il découvre un bourg, Rhakôtis, dont le petit port est fréquenté par des marins phéniciens. A l’intérieur des terres se trouve également un lac, le lac Maréotis, qui a une eau saumâtre mais où pousse du papyrus, plante qui jouera un grand rôle à Alexandrie. Face au port se trouve l’île de Pharos, sorte d’immense brise-lames. C’est là qu’Alexandre crée la ville, en 332 av. J-C. Il alors 24 ans

Les plans de la ville sont tracés par l’architecte Dinocratès de Rhodes qui trace un plan hippodamien, c’est-à-dire un damier de rues parallèles et perpendiculaires. Il crée un grand axe est-ouest avec une avenue de 30 mètres de large afin de faciliter le déplacement des troupes en cas d’attaque extérieure.

Mais le plus grand défi pour les bâtisseurs de la cité est le manque d’eau. En effet la zone est désertique et on doit donc creuser un canal (actuel canal de Mahmoudieh) qui apportera à Alexandrie l’eau du Nil. On construit également des citernes afin de pouvoir stocker l’eau de pluie, on dénombrera jusqu’à 800 citernes dans la ville. Très soucieux du transport et de la qualité de l’eau, un autre architecte Hyponome de Terra fera creuser des tunnels pour amener l’eau et d’autres pour évacuer les eaux usées ; c’est le premier réseau d’égouts souterrains connu. Ces travaux permettent d’avoir une ville saine.

En 323 av. J.-C. Alexandre meurt sans héritier, son vaste empire est alors partagé entre ses généraux. Ptolémée (368 – 283 av. J.-C.), général macédonien, hérite de l’Egypte et fonde une dynastie, la dynastie lagide (du nom du père de Ptolémée, Lagos) qui règnera de 300 à 30 av. J-C. et amènera Alexandrie à son apogée.

II – Alexandrie la rayonnante.

A/ L’expansion d’Alexandrie.

Ptolémée devient dans un premier temps satrape d’Egypte avant de prendre le titre de basileus. Il passe à la postérité sous le nom de Ptolémée I Sôter. C’est-à-dire Ptolémée le Sauveur. Il décide d’en faire la capitale culturelle du monde hellénistique. Afin de favoriser la colonisation de peuplement, les Macédoniens appliqueront la clérouquie, qui consiste à démobiliser les troupes et leur distribuer des terres afin qu’elles s’y établissent et les cultivent. Les soldats épousent des femmes autochtones et s’installent définitivement de sorte que la population s’accroît rapidement.

Ptolémée I Sôter relie la ville à l’île de Pharos par l’Heptastadion, une jetée de sept stades de longueur (environ 1800 mètres). Le port est dans une zone basse qui fait que les bateaux n’aperçoivent la côte que très tardivement. Ptolémée II Philadelphe (308-246 av. J.-C.), fils de Ptolémée I fait donc ériger sur l’île de Pharos une tour à trois étages (carré, octogonal et rond) qui atteint près de 130 mètres. Un feu visible jusqu’à 50 kilomètres au large brûlait à son sommet. Cette tour est l’œuvre de Sostrate de Cnide et elle sera considérée comme l’une des sept merveilles du monde. C’est l’ancêtre de tous les phares modernes qui lui doivent son nom. Ptolémée II Philadelphe continue aussi l’œuvre de son père en créant de nouveaux quartiers et en favorisant l’établissement de savants et d’artistes. Dans l’Antiquité les grandes villes du pourtour méditerranéen se disputaient les grands savants de leur temps. La ville devient une grande capitale cosmopolite, ornée de toutes les curiosités et de toutes les élégances. Alexandrie est connue pour la qualité de ses verres, ses tissus, ses poteries, sa métallurgie et ses mosaïques. La ville héberge aussi le plus grand chantier naval de Méditerranée orientale où sont fabriqués de nombreux birèmes et trirèmes. Enfin, Alexandrie, de culture grecque, verra la construction de plusieurs gymnases car le sport est très prisé et pratiqué. Cependant, Alexandrie étant un port, la ville a une réputation sulfureuse et dans le monde grec les habitants d’Alexandrie avaient la réputation de s’adonner régulièrement aux jeux et à la beuverie.

Deux siècles après sa fondation, Alexandrie compte environ 600 000 habitants dont la moitié sont des esclaves.

B/ Alexandrie, capitale intellectuelle.

En 288 av. J.-C., sous le règne de Ptolémée II, Démétrios de Phalère, philosophe et homme d’État athénien exilé à Alexandrie, propose de concevoir un lieu qui pourrait rassembler tous les trésors manuscrits de toutes les cultures antiques. On ne construit pas seulement une bibliothèque mais un grand Mouséion, c’est-à-dire un sanctuaire pour les Muses, avec une vaste cour à péristyle où on lisait à voix haute en se promenant, des réfectoires, des logements ainsi qu’une exèdre (une cour garnie de sièges pour la conversation).

Selon Galien, pour constituer le fond de la bibliothèque, Ptolémée fait recopier tous les livres trouvés sur les bateaux qui accostent au port d’Alexandrie. De même, il achète aux Grecs le droit de reproduire, sur les meilleurs papyrus, de précieux manuscrits, mais malgré sa promesse, il conserve les originaux. On fait aussi venir des copistes bilingues de tous les pays car on traduit tous les ouvrages en grec. C’est ainsi que 72 érudits juifs, regroupés par six et représentant les douze tribus d’Israël, seront réunis pour traduire la Bible hébraïque. La légende dit que bien qu’ayant travaillé séparément, toutes les traductions sont rigoureusement identiques. On donnera le nom de Septante (7 x 12 = 72) à cette traduction de la Bible hébraïque qui est elle-même la base de la Vulgate, traduction de la Bible en latin et qui est toujours utilisée de nos jours.

A côté du Mouséion on installe une fabrique de papyrus et un atelier de copistes ce qui permettait aux enseignants de se procurer facilement les textes et de les divulguer.

L’un des plus importants poètes de l’Ecole d’Alexandrie, Callimaque (310 – 221 av. J.-C.) devient « conservateur-bibliothécaire » sous Ptolémée III. Il innove en divisant la bibliothèque en sections : drames épiques, drames lyriques, histoire, philosophie etc. Avant la création de la bibliothèque et du Mouséion, on lisait peu et uniquement des textes que l’on connaissait, dans lesquels les mots se suivaient sans trace de ponctuation. Pour permettre la lecture de nouveaux documents, il sera nécessaire de créer la ponctuation et l’accentuation afin de transcrire les différentes manières de prononcer une même lettre. Un seul Egyptien a travaillé à la bibliothèque, Manéthon, mais en établissant la liste de tous les pharaons connus, il contribuera considérablement aux connaissances sur l’Egypte ancienne des historiens modernes.

De très nombreuses disciplines sont étudiées à Alexandrie, notamment la géographie, l’astronomie, la médecine et les mathématiques. Euclide y fonda une école de géométrie qui fit autorité pendant sept siècles, Archimède de Syracuse y pratique ses expériences de physique, Hipparque y observe la suite régulière des équinoxes, Eratosthène de Cyrène calcule la circonférence terrestre et étudie les relations de la Terre avec les autres astres, quant à Claude Ptolémée il établit la première carte détaillée du monde connu.

La médecine et l’étude de l’anatomie progressent aussi considérablement. Hérophile pratique les premières dissections, d’abord sur des corps de condamnés exécutés puis sur des condamnés encore vivants, mais qui étaient considéré comme civilement morts.

Parallèlement à ce grand centre d’études littéraires et scientifiques s’est développée une école ésotérique appelée Gnose dont fait partie Maria Hebrea dite Marie la Juive qui a inventé une méthode de cuisson que deviendra le bain-marie. Zosime de Panopolis vécut également à Alexandrie où il écrit plusieurs ouvrages sur l’alchimie et il crée et décrit précisément les premiers appareils de distillation.

Une célèbre savante, Hypatie (entre 355 et 370- 415) marquera la ville d’Alexandrie au début du Ve siècle de notre ère. Hypatie était une philosophe, astronome et mathématicienne qui enseignait aux élites notamment aux chrétiens comme Synésios de Cyrène, futur évêque de Ptolémaïs. Elle payera de sa vie son refus de se convertir au christianisme. Elle sera lapidée et son corps brûlé. Sa mort choquera l’Empire et on fera d’elle une « martyre ». Si on considère la vie de sainte Catherine d’Alexandrie comme une légende, il est alors probable que la vie et la mort d’Hypatie en soit l’origine. Par ailleurs, elle est représentée dans « L’Ecole d’Athènes » de Raphaël, seule femme parmi les hommes.

C/ Un melting-pot de religions et de populations.

Lors du fondement d’Alexandrie, les Ptolémées vouent le culte aux dieux grecs mais rapidement des assimilations avec les dieux égyptiens se créent. Ainsi Sérapis est-il une divinité gréco-égyptienne syncrétique, d’abord grecque avant de devenir une des divinités les plus réputées du panthéon égyptien. La proximité de la représentation de la déesse-mère Isis avec Horus-Harpocrate et de la Vierge à l’Enfant du christianisme a favorisé le syncrétisme, sans peut-être qu’il y ait eu filiation. Autre divinité importante pour les Alexandrins : Agathodémon. Il est représenté affublé d’un serpent, animal très prisé par les habitants de la ville.

Par ailleurs, Alexandrie a, dès sa fondation, accueilli une importante communauté juive. Ces derniers occupaient un quartier situé à l’ouest de la ville, avec leurs commerces et des synagogues.

Dès l’an 40, le christianisme se propage en Egypte grâce au Didascalée, une école de foi chrétienne. Marc, apôtre de Jésus, aurait prêché à Alexandrie, alors que Pierre se rendait à Rome. On peut noter quelques similitudes entre la religion des Egyptiens et la religion chrétienne, comme la croix ankh et la croix chrétienne, ou la pesée des âmesdu Jugement Dernier et Isis associée à Harpocrate.

Cependant, le chemin pour voir s’établir le christianisme comme religion d’Etat fut long et émaillé de persécutions. En effet, l’Egypte était devenue en 47 av. J.-C. une province romaine et donc chacun devait vénérer l’Empereur comme un dieu, ce que refusent les chrétiens. Ils subiront de nombreuses persécutions avant qu’en 313, Constantin ne promulgue l’Edit de Milan qui donne la liberté de culte.

Puis, en 380 l’Edit de Thessalonique de Théodose Ier imposera le christianisme comme religion dans tout l’Empire. Plusieurs églises sont construites à Alexandrie comme celle de Saint Jean-Baptiste et son monastère sous le règne de Justinien (482-565). Par ailleurs, de nombreux temples païens sont transformés en églises.

Deux saints en particulier ont joué un rôle important à Alexandrie : saint Jean l’Aumônier (?- 619) et sainte Catherine d’Alexandrie. Saint Jean l’Aumônier était patriarche d’Alexandrie ; médecin et très sensible à la mortalité féminine en couche il fonda la première maternité du monde.

Sainte Catherine dont on n’a aucune preuve historique de son existence aurait été inventée à partir de la biographie d’Hypatie en inversant les rôles des chrétiens et des païens. Le remord a conduit à effacer la honte de la mise à mort d’Hypatie. Sainte Catherine est, de nos jours, la patronne des écoles de filles et des élèves de philosophie.

Avec la conquête arabe en 641, Alexandrie – comme l’ensemble de l’Egypte – devient progressivement à majorité musulmane mais la ville compte avec la présence de Juifs et de Chrétiens (Arméniens, Coptes, etc.).

A la Renaissance lorsque Venise s’enrichit, un Doge envoie deux missionnaires pour acheter les reliques de saint Marc l’֤Évangéliste. On construira donc la basilique Saint-Marc pour y déposer les reliques de l’apôtre. Cependant dans les années 1960, le Pape Paul VI, considérant que les reliques avaient été plus ou moins usurpées, décide d’en rendre une partie aux Coptes.

III – La décadence d’Alexandrie.

Alors qu’Alexandrie rayonne dans le monde méditerranéen sous les Ptolémées, un premier arrêt à cette splendeur a lieu avec l’affrontement entre Alexandrie et Rome. Après les guerres puniques des IIe et IIIe siècles avant J.-C. durant lesquelles Rome vainc définitivement Carthage, l’Empire romain est au zénith de sa puissance. Cependant, une rivalité s’installe entre Jules César maître de l’Occident et Pompée maître de l’Orient. Lorsque ce dernier est assassiné en Egypte en 48 av. J.C. sur l’ordre de Ptolémée XIII, Jules César prend prétexte de cet affront pour attaquer Alexandrie en 47 av. J-C. Les Romains incendient la flotte d’Alexandrie mais le feu se propage aux entrepôts et une grande partie des papyrus de la bibliothèque brûle également. Cléopâtre, Reine d’Egypte de la dynastie lagide des Ptolémées séduit Jules César qui lui rend son trône. Après l’assassinat de César en 44 av. J.-C., elle rencontre Marc Antoine et le séduit à son tour. Les deux amants s’allient contre Octavien mais leurs armées sont défaites à la bataille d’Actium en 30 av. J-C. Marc Antoine et Cléopâtre se donnent la mort. C’est la fin de la dynastie des Ptolémée et de l’indépendance égyptienne jusqu’au XIXe siècle. Quelques décennies plus tard on parle d’un juif qui prêche une nouvelle philosophie, son nom est Jésus de Nazareth. Certains de ses disciples se rendront à Alexandrie, comme Marc.

Au IIIe siècle l’écriture hiéroglyphique égyptienne est abandonnée et les connaissances de momification perdues. Le christianisme remplace complètement les traditions égyptiennes. De plus, entre 330 et 620 de notre ère, plusieurs séismes et tsunamis ont ravagé Alexandrie, endommageant la bibliothèque et le phare. Ce dernier, suite aux séismes des VIIIe, XIIe et XIVe siècles et aux coups de canons des Mamelouks, sera totalement détruit. En 1480 le sultan mamelouk Qaït Bey construira à son emplacement un ouvrage de défense côtière ; cette forteresse existe encore et domine le port d’Alexandrie.

La décadence d’Alexandrie se poursuit avec la conquête arabe de 640. Les troupes du général arabe Amr ibn al-As prennent la ville et c’est à cette époque que la bibliothèque est totalement détruite. Amr incertain sur l’attitude à tenir envers les ouvrages de la bibliothèque aurait demandé des ordres au calife Omar. Ce dernier aurait alors répondu : « À propos des livres que tu mentionnes, si ce qui s’y trouve écrit est conforme au Livre de Dieu, ils ne sont pas nécessaires ; si ce n’est pas conforme, ils sont inutiles. Détruis-les donc ».

Toutes les connaissances antiques disparaissent et la langue grecque disparaît elle aussi peu à peu jusqu’à sa disparition complète au XIe siècle. Entre 1250 et 1820 les Mamelouks règnent sur l’Egypte. Alexandrie s’enfonce dans sa décadence car abandonnée par les Mamelouks.

La ville est pillée en 1365 par Pierre Ier de Lusignan, sur le chemin des croisades.. Alexandrie est parfois le passage pour certains pèlerins ou marins comme Frédéric-Louis Norden (1708-1742), auteur danois d’un des tout premier récit de voyage en Egypte. La ville historique était alors une ruine.

En 1798, c’est Napoléon Bonaparte qui débarque près d’Alexandrie faisant ainsi écho à la conquête d’Alexandre le Grand. Bonaparte ne reste que 13 mois en Egypte ; l’amiral anglais Nelson coule la flotte française à Aboukir en 1799. Seul point positif, de nombreux savants français restent en Egypte. Ainsi plusieurs historiens, botanistes et dessinateurs redécouvrent les richesses de l’Egypte. C’est le début de l’engouement des archéologues européens pour l’Egypte.

IV – Alexandrie la renaissante ?

Dans les années qui suivirent, Méhémet Ali – Macédonien ! – venu sur ordre occuper l’Egypte après le retrait des Français, voulut restaurer le prestige de l’Egypte et l’ouvrir à l’Occident, il développa donc Alexandrie en l’équipant d’un port moderne et en récupérant le canal Mahmoudieh. Pour cela, Méhémet Ali s’entoure de ministres et de conseillers français dont Pascal Coste pour rétablir le canal ou Besson Bey pour la construction de l’arsenal. En 1869, entrant définitivement dans les temps modernes, Alexandrie devient le quatrième port méditerranéen après Istanbul, Marseille et Gênes. En 1892 est construit le palais Montazah sur ordre du khédive Abbas Hilmi II au milieu de jardins de 150 hectares. Ce palais deviendra la résidence d’été de la famille royale égyptienne. Les élites adoptent Alexandrie comme lieu de villégiature estivale car le climat y est bien plus agréable qu’au Caire où les étés peuvent être torrides.

La ville se modernise considérablement. On construit une gare, des lignes de tramway ainsi que des mosquées, une cathédrale copte et une grecque orthodoxe, une église anglicane et une synagogue, la communauté juive ayant toujours été importante à Alexandrie. On dénombre aussi huit loges maçonniques, probablement peuplées d’une majorité d’Européens. La construction, au début du XXe siècle, d’un grand marché couvert moderne à côté du souk et d’une Bourse montre le dynamisme économique de la ville portuaire. C’est d’ailleurs à la Bourse d’Alexandrie qu’est fixé le cours mondial du coton, très importante production égyptienne suite à la chute de la production américaine due à la guerre de Sécession.

Culturellement aussi la cité renaît de ses cendres. Alexandrie devient un pôle important de la francophonie. Le roi Fouad Ier fonde le collège Saint-Marc. En 1920 c’est la création du lycée français d’Alexandrie qui sera un temps le plus grand lycée français à l’étranger. En 2017 quelque 12 200 étudiants fréquentaient les établissements français démontrant l’intérêt des Egyptiens pour la langue et la culture française. En 1989 s’ouvre l’université Senghor consacrée essentiellement au développement durable et adaptée aux besoins de l’Afrique. On trouve également deux quotidiens francophones à Alexandrie car le français reste une langue très pratiquée.

Même si en 1956 Nasser nationalise le canal de Suez mais aussi les établissements scolaires français et demande à tous les expatriés de quitter l’Egypte, Alexandrie reste ouverte du fait de sa situation géographique. Le développement de la ville se poursuit au XXIe siècle avec la création d’une nouvelle bibliothèque, la Bibliotheca Alexandrina, inaugurée en 2002, et d’un planétarium. Cette nouvelle bibliothèque dispose de la plus grande salle de lecture au monde et héberge quelque huit millions d’ouvrages. Devant la bibliothèque on peut admirer une statue de Ptolémée II Philadelphe, marquant ainsi la renaissance d’Alexandrie qui cherche à retrouver son aura de la période ptolémaïque. La ville compte actuellement six millions d’habitants et poursuit son développement bien que le réchauffement climatique et la montée des eaux en Méditerranée soient des menaces pour la cité qui s’enfonce de trois millimètres par an.

CONCLUSION 

Alexandrie, fondée par un roi macédonien qui lui donnera son nom, connaîtra de nombreuses invasions ou dominations durant plus de vingt siècles : romaine, byzantine, arabe, mamelouk avant de redevenir égyptienne au XIXe siècle. Le XXe siècle sera synonyme de renouveau et de modernisation de la ville. De par sa situation géographique, Alexandrie est au carrefour de l’Orient et de l’Occident et au cœur des échanges nord/sud de la Méditerranée. Parviendra-t-elle à redevenir le pont entre le christianisme et l’islam ?

Conférences de Marc Blanchard sur des thèmes liés à l’Egypte :

https://marcblanchard.monsite-orange.fr/

 

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