LA LONGEVITE

Thèmes: Civilisation, Médecine, Sciences                                                                                                 Conférence du mardi 28 mars 2017

LA LONGEVITE

Par Madame Marlène MEIMOUN-SAFFAR, biologiste clinicienne de la Faculté de ParisV Descartes.

INTRODUCTION

La longévité est un sujet qui nous concerne tous et qui est une révolution du passé, est totalement dans l’actualité mais est aussi un défi pour le futur. On peut dire que la révolution a eu lieu dans le passé surtout avec l’évolution impressionnante de la médecine et de la recherche qui a commencé au début du XXe siècle, ce qui a permis une considérable augmentation de la durée de vie. Thème actuel car chaque décennie voit une espérance de vie croissante et les progrès de la recherche se poursuivent et sujet pour le futur car l’allongement de la durée de vie implique des changements sociaux, culturels et économiques.

I – La longévité : un profond changement de la société.

Depuis le milieu du XXe siècle, le gain de l’espérance de vie est une révolution extraordinaire mais qui soulève des questions d’ordre moral, éthique et social. En 50 ans on a connu plus de progrès en médecine et dans la recherche qu’au cours des 5000 ans écoulés. En 1750 l’espérance de vie n’était que de 25 ans alors qu’en 2050 le nombre de personnes âgées sera multiplié par six par rapport au nombre actuel. Les conséquences sont nombreuses et touchent profondément

la société. La révolution de la longévité a été si fulgurante que la société n’était pas préparée à accueillir un soudain si grand nombre de personnes âgées. Il faudrait une forte volonté politique car si des solutions globales ne sont pas trouvées des tensions éclateront entre génération et le bouleversement sera aussi économique.

Nous faisons partie d’une société malade des liens affectifs car les relations socio-affectives sont altérées. On parle de crise relationnelle entre les générations. En effet, les jeunes générations se plaignent du poids financier des personnes âgées et les voient comme des êtres encombrants. Quant aux anciens ils ne comprennent pas cet éloignement et se posent comme des victimes, se voyant, notamment s’ils ont une certaine aisance financière, comme les « banquiers » des plus jeunes et ceci sans reconnaissance. Par ailleurs on assiste au phénomène d’adulescence comme l’illustre parfaitement le film « Tanguy ».

II – Le défi de demain : le mieux vieillir.

Dans la perception de la longévité il existe une discordance entre l’image de la vieillesse et la réalité. Un combat s’impose.

Aristote abordait déjà le thème de la « bonne vieillesse » c’est-à-dire une vieillesse qui permette de rester autonome et en relative bonne santé. Hippocrate quant à lui décrivait déjà la spécificité des maladies des personnes âgées. Le XIIe siècle marque un véritable tournant dans la manière d’aborder l’Homme et la médecine. On considère le corps et l’esprit et non uniquement le corps. On voit également apparaître une dimension morale, on oppose le bien et le mal mais on met aussi en valeur la conscience morale. On affirme les effets nocifs de l’esprit sur le corps. De nos jours, afin d’atteindre cet idéal de bien vieillir, il ne faut pas seulement vivre biologiquement mais exister c’est-à-dire choisir, avoir des projets et être respecté. Il faut réussir à désenclaver les âges et voir la vie comme une continuité et cesser de parler de premier âge, troisième âge … Il faut également développer la solidarité et faire primer l’humain sur l’économique. On ne doit pas oublier que la tradition, si souvent décriée, a une vocation humaniste essentielle pour notre objectif de mieux vieillir. Chaque individu doit être à l’écoute de son corps, de son esprit et de son âme et la médecine doit être personnalisée afin de respecter la spécificité de chaque personne. Un environnement optimiste, joyeux et composé de personnes dévouées est essentiel au mieux vieillir, les gériatres notant combien les centenaires sont optimistes.

Si un environnement positif est important pour le mieux vieillir, il est évident que les évolutions scientifiques et techniques dans le domaine médical sont capitales pour la longévité. On peut citer, entre autres, les nanotechnologies, l’imagerie, et la biotechnologie. Ainsi, la nanotechnologie permet de cibler très précisément une zone altérée par la maladie et les résultats sont extraordinaires. Le travail des cellules souches en biotechnologie apporte aussi des résultats très probants, par exemple on peut refaire du cartilage ou de l’émail pour soigner très efficacement les genoux ou les dents. Toutes ces nouvelles technologies créent des situations nouvelles dont nous sommes les générations pionnières. Par ailleurs, l’éthique en médecine doit prendre une place croissante car les progrès actuels peuvent nous amener à nous poser des questions.

CONCLUSION

La longévité, réalité très précieuse dont nous sommes les premiers à en bénéficier depuis une cinquantaine d’années, a un impact important dans la société. Il faut réussir à instaurer une société plus généreuse et plus solidaire. Notre fraternité doit être mise en avant et pour cela l’éducation joue un rôle essentiel dans la transmission des valeurs.

 

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