LA VILLE EN JOUETS – Visite du Jeudi 16 janvier 1997

Thèmes: Histoire, Société, Sortie-Visite                                                                                                Sortie-visite du jeudi 16 janvier 1997

LA VILLE EN JOUETS

Fiche de visite par Claude Darras –

Installé depuis 1905 dans l’aile et le pavillon de Marsan du Palais du Louvre, ce musée présente par ses collections riches et diverses, l’évolution de l’art de vivre depuis le Moyen-Age jusqu’au XXème siècle.

L’exposition « La ville en jouets » se propose de montrer à la fois l’évolution urbaine depuis 150 ans et celle des jouets qui, d’une manière ou d’une autre, évoquent les différents aspects de la ville, son architecture, ses habitants, ses commerces, ses modes de transports, ses petits métiers…

Vous qui allez visiter cette exposition, il vous faut retrouver une âme d’enfant, non pas celle des enfants d’aujourd’hui dont les doigts ne savent plus jouer qu’avec des claviers et dont les yeux n’explorent plus que des écrans bidimensionnels, mais l’état d’esprit que nous avions quand nous avions une dizaine d’années, un temps où l’informatique était pour nous une inconnue.

Beaucoup de jouets exposés datent du XIXème siècle et nous montrent que, si la ville a changé, les jouets de nos parents et grands-parents pouvaient encore faire notre joie quand nous les découvrions au fond d’une malle dans un grenier.

Les jeux de construction, imaginés par Froebel en 1860, sont évidemment bien présents avec des matériaux les plus variés : en bois, en carton, en métal puis en plastique. On admire des réalisations étonnantes comme une construction de Notre-Dame de Paris de 2 mètres de haut ou cette énorme Tour Eiffel en mécano.

Des villes ou villages sont ainsi reconstitués, ce qui permettait à l’enfant d’acquérir très tôt des notions à la fois d’architecture et d’urbanisme par les gens et les animaux qu’ils pouvaient y « faire vivre », par les véhicules qu’ils pouvaient y faire circuler. Nous voyons effectivement d’innombrables petits personnages, dont beaucoup symbolisaient des métiers de Paris aujourd’hui disparus. On y trouve les anciens autobus, des boutiques, des ateliers…

Bien d’autres jeux aussi : des Jeux de l’Oie étonnants, des Lotos, des Loteries d’enfants, des Guignols, des petits théâtres, des fêtes foraines, mais assez peu de petites voitures, de trains, de poupées, ils ont leur propre musée.

Tous ces jouets, sous leur aspect ludique, avaient manifestement une finalité éducative indéniable. Ces objets reproduisaient un univers parfois imaginaire, mais le plus souvent réaliste, de telle sorte que l’enfant, en manipulant des objets concrets, apprenait à devenir plus habile de ses mains, plus créatif et, par les gestes qu’il effectuait sur des sujets miniaturisés, se préparait à mieux vivre dans un monde d’adultes.

Compte-rendu de la visite –

Les jouets présentés dans l’exposition sont l’occasion de faire appel à la mémoire des moins jeunes. Ils accompagnent aussi les progrès techniques, les moyens de transport en sont un exemple probant, autobus, tramways et métro qui furent jouets avant même d’être réalité. Les lieux de loisirs, lieux magiques, récompenses attendues, sont naturellement le thème de nombreux jouets : cirque, théâtre, jardin d’acclimatation, terrain de sports, etc. L’ exposition se divise en 5 grands thèmes .

  • L’ architecture
  • Les commerces
  • Les fêtes et les loisirs
  • Les bâtiments et services publics Les transports

I  – L’ architecture –

Vers 1860, Froebel introduit le premier jeu dans ses jardins d’enfants, cubes, cylindres et ponts en bois qui seront à l’origine de toutes les boites de jeu de construction. La tradition des boîtes d’architecture sera perpétuée par de nombreuses marques. Nous pouvons admirer une construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris de 2 m de haut.

Après la guerre, Lego né de la contraction en danois de « Leg Godt », « bien jouer » reprendra le principe de la brique et y ajoutera les vertus du plastique.

Vendues dans les traditionnelles boîtes de pin, ces villes miniatures se composaient d’éléments figuratifs : églises, maisons, moulins, murs et arbres de toutes espèces. Ces villes miniatures s’inspiraient des architectures locales. Les maquettes actuelles à construire et à décorer fournissent aux trains et petites voitures des décors très réalistes.

Dès le milieu du XIXème siècle, des cubes, des jeux de loto et des jeux de parcours illustrés des principaux monuments de Paris pouvaient sensibiliser les enfants à leur capitale. L’imagerie d’Epinal et ses découpages reproduisaient non seulement les édifices français mais aussi ceux de l’Europe. Les attractions donnèrent également lieu à de véritables jouets tel le fameux trottoir roulant installé rue de l’Avenir devint un jeu de chance mu par un volant, tandis que sa célèbre grande roue sera empruntée pour animer carrousel; jeux de billes ou de société.

II – Les commerces –

Peu de petits métiers de la rue subsistent encore aujourd’hui. Dès le Moyen Âge ils faisaient partie de la culture populaire parisienne, le Pont-Neuf était jusqu’à la Révolution le centre de leurs activités.

Quatre puzzles résument les activités d’une rue commerçante au début du siècle. Animés par un élastique ou par un ressort, des jouets mécaniques peints ou habillés à partir de 1895, se mettent en mouvement, ainsi le petit décrotteur brosse, la blanchisseuse frotte, l’artiste capillaire frictionne, le menuisier rabote… avec une énergie renouvelée par quelques tours de clés.

Vers 1935, Petitcollin, réputé pour ses célèbres baigneurs réalisera quelques figures mécaniques inspirées par les métiers de la ville : le savetier, le rémouleur et Onésime le facteur.

Ces marchands et artisans inspirèrent de nombreux lotos. Les jeux des 7 familles reconstituent des familles aux noms traditionnels, le père Lebouif, la mère baratte, le fils Lahure, la fille Froment.

Fabriqués et peints à la main dès le début du XIXème siècle, de nombreux personnages minuscules peuplent de scènes de marchés. Sur leurs éventaires les paysannes proposent des produits de la campagne… Des tréteaux remplis de volailles et poissons voisinent avec des paysannes proposant œufs et légumes présentés dans des corbeilles.

La marchande des quatre saisons est elle aussi un cliché parisien. Les jouets des années 50 ont immortalisé sa silhouette emmitouflée pour résister aux frimas et sa voiture dont la marchandise se rythme avec les saisons

Des boutiques miniatures seront aussi fabriquées pour les petites filles qui adorent jouer à la marchande, disposer les denrées factices, les peser, les vendre. Les épiceries avec tiroirs, comptoir et balance sont les plus nombreuses.

Le siècle passé sera marqué par la naissance des grands magasins, le Bon

Marché est le plus ancien, inauguré en 1852, suivi par le Louvre en 1855, le B.H. V. en 1856, etc. C’est surtout leur publicité qui marquera l’Histoire des jouets. Leurs catalogues sont toujours une source inépuisable de renseignements, ainsi que les séries de chromos éducatifs qu’ils éditaient pour fidéliser leurs jeunes clients et les jeux publicitaires qu’ils leur offraient.

Dès la deuxième moitié du XIXème siècle, l’enfant va, grâce à sa machine à vapeur, découvrir progressivement les nouveautés techniques de l’ère industrielle. Les années trente verront la vapeur remplacée par l’électricité, ce sont de véritables petites usines que les garçons pourront faire fonctionner ou même monter eux-mêmes.

III – Les fêtes et les loisirs –

Les fabricants proposaient au jeu des enfants des opéras et des théâtres formés d’une boîte rectangulaire contenant une scène encadrée de draperies et de nombreux décors, animés de figurines à tête en bois ou en biscuit. Des coffrets d’ombres chinoises permettaient des divertissements nombreux et appréciés. L’enfant pouvait grâce à une manivelle faire défiler les images ou monter des séances d’ombres chinoises.

Des guignols à échelle réduite furent fabriqués pour permettre aux enfants de jouer à la maison, donnant ainsi vie aux aventures de leurs héros, Guignol, Gnafron et le gendarme.

Les cirques américains Ringling et Barnum sont à l’origine de nombreux jeux inspirés de ces représentations. L’enfant avait la possibilité de reconstituer sur la table de la salle à manger familiale, le spectacle avec plus de cinquante personnages et animaux de toutes races. Après la guerre, le cirque se motorise, les fabricants offrent aux enfants les transports des gens du voyage.

Le Jardin d’acclimatation est un des plus beaux fleurons des boîtes de jouets. Ménageries et jardins zoologiques sont d’autres thèmes exploités par les fabricants qui connaissent l’amour des enfants pour les animaux. Ces coffrets réunissent des animaux très réalistes en plomb, en aluminium ou en plastique.

Pour la grande joie des enfants, les kiosques, manèges et balançoires furent installés dans les parcs et jardins. Ils furent à l’origine de jouets animés et musicaux imaginés par les fabricants, avec chevaux et autres animaux transportant des poupées miniatures dans une ronde musicale.

IV – Les bâtiments et services publics –

Depuis qu’elles existent en jouets, les villes sont composées de petites maisons qui s’organisent autour de l’hôtel de ville et l’église reconnaissables à leur beffroi et leur clocher. La maison G.B.G., réputée pour ses soldats de plomb, proposait au jeu de petites filles, sur des autels en réduction, tous les objets du culte en étain, ce qui étonne un peu aujourd’hui;

Une des pièces les plus originales de l’exposition est un jeu de billes qui représente la Chambre des Députés où les députés votent la clôture d’une session pour prendre des vacances.

Depuis la première guerre mondiale, des panoplies d’infirmière sont offertes aux petites filles, elles seront ensuite remplacées par des trousses de docteur appréciées surtout pour leur stéthoscope. De nos jours, de véritables salles d’hôpital existent en jouets miniatures. Ce souci d’imitation du monde réel se retrouve dans les ambulances arborant une croix rouge, des sirènes, des brancards.

Malgré les nombreuses heures qu’ils y passent, les enfants reconstituent volontiers dans leur jeu l’atmosphère de l’école, heureux à leur tour de pouvoir corriger, punir ou récompenser. Ces écoles enfantines sont soit des coffrets avec cahiers et livres factices, soit des maisons miniatures avec pupitres et poupées.

Jouer à la poste, timbrer, coller, tamponner, quoi de plus amusant, les enfants peuvent enfin reproduire tout ce qui se passe derrière ces mystérieux guichets.

La conscription durait 7 ans, la vie militaire tenait une grande place dans l’entourage familial. Les guerres de 1870 et de 14-18 n’ont fait qu’augmenter l’actualité des jouets militaires. Tous les petits garçons jouaient à la guerre avec des soldats de plomb, de carton, de bois…L’exposition ne nous montre que les casernes. Elles étaient offertes comme coffrets-rangement pour les petits soldats.

Les gendarmes, la police, les pompiers, sont autant d’autres thèmes présentés à l’exposition dans le cadre de la reconstitution et de l’animation des petites villes miniatures. Sans oublier les services de la voirie et les travaux publics. V Les transports :

Les premiers garages automobiles, en bois vernis, sont semblables aux écuries, seuls chevaux et attelages sont remplacés par des véhicules à moteur. Les stations-services, souvent en bois, avec pompe à essence et pont élévateur, seront les plus appréciées des enfants

Les tramways inspirèrent de nombreux jouets, le modèle le plus ancien présenté (1890) conserve la caisse jaune et l’impériale de l’omnibus. Les autobus parisiens avaient une allure unique dans le monde. Le premier autobus jouet date de 191 1, il est caractérisé par son radiateur arrondi, son chauffeur à l’air libre et son toit à deux niveaux. Ce jouet évoque toutes les joies de la plate-forme ouverte, son receveur en bois rappelle au moins jeunes le geste de la sonnette qu’il agitait pour signaler le départ. Quant au taxi, il fut l’un des fleurons des jouets produits par Citroën.

 

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