« BERLIN : Son histoire et son mur » (1ère et 2ème partie)

Thème : HISTOIRE                                                                                                                                                       Mardi 29 novembre 2011

 « BERLIN : Son histoire et son mur » (1ère partie)

Par Maitre Yves BODIN – Président du Cercle de Documentation et d’Information

Les origines de Berlin

Située dans une région qu’on appelle « Brandebourg », c’est une plaine d’origine glaciaire entre l’Oder et l’Elbe, marécageuse, parsemée de lacs, d’étangs et de forêts, désolée et peu hospitalière. La région, habitée par des barbares slaves, incultes et païens qui vivent de chasse, de pêche ou de rapine n’avait jamais été approchée par la civilisation jusque vers l’an 1000. L’empire romain ne l’a jamais atteinte.

Après quelques siècles confus et anarchiques, l’Empire carolingien, en fonction d’une démographie en forte hausse, a provoqué des migrations vers l’est pour contenir et repousser le flux slave ou arabe. Les croisades vers l’orient sont le principal exemple de ce mouvement jusqu’au XIIIème siècle. La région de Brandebourg a alors seulement été atteinte.

Les germains sous l’égide des carolingiens en ont pris possession alors qu’elle était quasiment vide et l’ont colonisée sous l’autorité plus ou moins affirmée de Margraves d’origine germanique. Ce territoire mal défini a donc été inclus dans le « saint Empire romain germanique » sous l’appellation des «marches de Brandebourg», zone qui doit servir à assurer la sécurité de la frontière de l’Empire. En 1153, un certain Albert dit «l’ours» est nommé «Margrave des marches de Brandebourg». Surtout, ce personnage est aussi Electeur de l’empereur. De la sorte, cette région qui n’avait jamais fait partie de l’empire romain est désormais intégrée au saint Empire Romain germanique. Ce secteur assure une protection contre les slaves, lituaniens, russes, etc.

La poussée vers le Nord-Est

Les croisades, prêchées par le pape Urbain II se déroulent. Parallèlement, la campagne menée par la confrérie des «chevaliers teutoniques» au nord de la Pologne contre des slaves païens constitue aussi une croisade mais en direction du nord-est. Constituée de chevaliers germaniques, cette confrérie initialement créée à St Jean d’Acre intervient dans ce territoire qu’on appellera la Prusse orientale et la Lituanie ; sa conquête est considérée comme une croisade avec une consonance religieuse.

Les chevaliers teutoniques regroupés avec une autre confrérie dénommée les «Porte Glaives», ont réalisé la conquête et la colonisation des territoires situés au nord de la Pologne et le long de la Baltique. Comme ces territoires sont assez peu habités, ces chevaliers moines à chaque avancée installent un château-fort susceptible d’assurer la conquête et de protéger la sécurité des paysans autour. Ainsi se fixent des populations sédentaires devenues chrétiennes. Ces confréries par la suite ont été infiltrées par les barons allemands, souvent alliés aux familles princières des divers états allemands.

La création de Berlin

Dans le Brandebourg coule une rivière « la Spree » qui se jette dans l’Oder. Le long de cette rivière circulent des marchandises venant du Sud : bois, peaux, etc. de façon à rejoindre par l’Oder la Baltique et les villes hanséatiques.

C’est en 1252 que pour la première fois dans les contrats de commerce, apparaît l’indication de la cité de Berlin. Berlin prend ainsi naissance à l’écart des grandes villes allemandes comme Trèves, Nuremberg ou Aix la Chapelle. La ville profite du développement du commerce et perçoit des droits de péage sur les marchandises et c’est ainsi qu’en 1359, Berlin devient ville hanséatique. Berlin est cependant toute jeune, elle n’a pas encore d’histoire, les peuples germaniques viennent seulement de s’installer dans la région.

Berlin, chef-lieu des Hohenzollern

Le fief des marches de Brandebourg échoit successivement à des familles princières, les Ascaniens, descendants d’Albert l’Ours, puis les Luxembourg ; cette dynastie s’éteint au début du XVème siècle. En 1411, l’Empereur Sigismond attribue à Frédéric II de Hohenzollern le Margravat des « Marches de Brandebourg » associé au titre d’électeur. Très endetté à son égard, c’est là un moyen d’honorer sa dette.

Cette famille va régner sans interruption pendant 5 siècles et son histoire est indissolublement liée à celle de Berlin. Au début, les nouveaux margraves continuent à séjourner dans leur possession de l’ouest de l’Allemagne. Il faudra attendre quelques décennies avant qu’un des successeurs «Jean le Cicéron» décide de construire un château royal pour y demeurer (1486). Le même Cicéron décide ensuite de faire de Berlin la capitale des «Marches de Brandebourg» et de l’ensemble des possessions de la famille des Hohenzollern, situées au Sud-Ouest de l’Allemagne (autour d’Ansbach et Nuremberg), loin de Berlin. Malgré l’attrait de leur fief de l’Ouest, ces souverains vont s’appliquer à faire de Berlin une ville active et ensuite une capitale à leur niveau.

La Prusse et les réformes

Les chevaliers teutoniques font régner l’ordre en Prusse (qu’ils possèdent) par une administration inspirée de la vie monastique. En 1535, le Grand maître de la Confrérie sécularise tous les biens et ce fief devient le duché de Prusse .C’est le Grand maître qui en est le Duc.

A peu près au même moment, Luther, moine augustin à Leipzig, lance la Réforme qui aura d’importantes répercussions. Partie de Saxe, elle se répand comme une traînée de poudre en Brandebourg et en Prusse car ces régions ne sont catholiques que depuis peu ; des oppositions doctrinales ou religieuses se traduisent bientôt entre les catholiques et les protestants (mais aussi entre les protestants eux-mêmes car Calvin conteste aussi Luther). Ces oppositions vont bientôt prendre un tour violent.

Mais à Berlin en Brandebourg, l’arrivée de la Réforme ne provoque pas de grandes difficultés car le Grand Electeur Joachim Ier la combat sans zèle ; son épouse Elisabeth, princesse danoise, se convertit au protestantisme. Joachim II leur fils devenu Grand Electeur en 1535 adoptera à son tour la religion réformée, sans imposer pour autant à ses sujets d’embrasser sa religion : il sécularisera les biens de l’église catholique et les bien des juifs aussi. Généralement, la religion de la population est celle du prince dans les états allemands. Le Brandebourg et surtout Berlin sont l’exception : La liberté de culte et la tolérance à l’égard des autres religions s’installent et ce sera pour Berlin un élément très favorable à la poursuite de son développement.

Vers cette époque, l’Electeur de Brandebourg Sigismond va devenir le Duc de Prusse. (1608-1619). En effet, un certain Albert de Hohenzollern alors Grand Maître de l’ordre des teutoniques et duc de Prusse s’est converti à la Réforme. Il laisse pour successeur un fils faible d’esprit qui va régner pendant 18 mois et auquel l’Electeur de Brandebourg va apporter son assistance. L’enfant meurt en 1618 et à la faveur de cette vacance, Jean Sigismond devient duc de Prusse. C’était en 1620 : 22 ans plus tôt Henri IV promulguait l’Edit de Nantes en 1598.

La guerre de 30 ans et la ruine de Berlin

Au début du 17ème encore, dans les divers états d’Allemagne, Réforme et contre Réforme s’affrontent . Ces affrontements sont regroupés sous le nom de « guerre de trente ans » : ils ont commencé avec l’incident de la « défenestration de Prague » qui a eu lieu le 23 mai 1618 (manifestation des protestants qui prennent la liberté de défenestrer des messagers de l’Empereur sous prétexte qu’ils auraient déformé le message de l’Empereur). Cette action a mis le feu aux poudres dans toute l’Allemagne : d’un coté les catholiques romains, l’Autriche et l’Empereur, de l’autre les « Etats » du nord et la Saxe, adeptes de la Réforme.

Dans les pays de Réforme, les biens de l’église sont sécularisés, contrairement à ceux sous domination catholique. Les conflits se développent dans une extrême complexité. A l’époque, il n’y a pas encore d’armée nationale et chaque camp fait appel à des mercenaires qui vivent sur le terrain qu’ils occupent, les pillent et les saccagent. Des puissances étrangères comme la Suède et la France prennent part aux affrontements et participent aux massacres qui prennent fin en 1648 par le traité de Westphalie de 1648 qui apporte le nécessaire apaisement.

Le Brandebourg est ravagé. Berlin a considérablement souffert, sa population aurait été ramenée de 20 000 à 6 000 habitants.

Guillaume le Grand Electeur.

C’est donc sur un Etat et une capitale ruinés que débute le règne de Frédéric Guillaume de 1640 à 1688. Il va profiter de cette longévité pour reconstruire sa capitale et ses états. La tolérance religieuse y règne. Il s’emploie à faire venir à Berlin des étrangers en fonction de leur compétence : il fait notamment appel aux hollandais pour aménager la zone marécageuse et le lit de la rivière. Il va accueillir après 1685, date de la révocation de l’Edit de Nantes, les Huguenots chassés de France par Louis XIV. Ils arriveront en nombre, entre 15000 et 20000 et constitueront longtemps une partie notable de la population berlinoise. Frédéric Guillaume accueille également les juifs chassés d’Autriche et de Hollande. Ces étrangers sont fort bien accueillis, notamment les français qui sont autorisés à utiliser leur langue. Différentes licences et permissions leur sont attribuées pour leur permettre de travailler à leur guise et de s’enrichir.

La population de Berlin croît au point d’atteindre vers 1700 environ 50 000 habitants. Beaucoup sont des immigrés pour qui Berlin est une terre d’accueil compte tenu de la liberté de religion et de commerce ; ils peuvent s’adonner tranquillement à des activités lucratives : artisanat divers, commerces, mais aussi agriculture. Une grande partie du territoire de Berlin est constituée de terres agricoles, ce qui subsistera d’ailleurs jusqu’en 1918 où 1/3 de la superficie est encore terre agricole.

Les habitants du Brandebourg ont reconnu les bienfaits que leur a apportés le gouvernement de Frédéric Guillaume qui sera appelé le « Grand Electeur ». Sa statue équestre figure dans la cour du château de Charlottenbourg.

Le Royaume de Prusse

Son successeur s’appelle Frédéric III. Ce souverain va profiter de la prospérité du pays pour construire un château à son épouse : le fameux Charlottenbourg .Comme d’autres il veut être roi ce qui est impossible dans l’empire qui ne comporte qu’un seul roi mais la Prusse n’est pas terre d’empire aussi il obtient l’assentiment de l’empereur Léopold de s’instituer Roi en Prusse. Il va se fait donc couronner en 1701 à Koenisberg.

Frédéric Guillaume 1er son successeur va poursuivre l’œuvre de développement du grand Electeur en constituant une armée nationale qu’il installe à Berlin. La Prusse se trouve dotée d’une des premières armées nationale d’Europe. Berlin se couvre de casernes, C’est le « roi sergent »

Son fils, Frédéric II (« le Grand ») héritera de l’armée et s’en servira pour mener une politique d’extension du royaume de Prusse. Berlin comprend alors 400 000 habitants dont 150 000 soldats. C’est lui qui construit le château « Sans Souci » à Postdam. Il est le type du souverain éclairé de la fin du XVIIIème siècle. Il parle français il est aussi l’ami de Voltaire.

Frédéric II n’a pas de descendant direct ,c’est son neveu, Frédéric Guillaume II, qui régnera au moment de la révolution française entre 1786 et 1797. Il conduit les affaires du royaume avec habileté. Il s’efforcera d’endiguer la montée des idées révolutionnaires. Il entre en guerre contre la France. Battu à Valmy en 1792, la paix est signée avec la France en 1794.

Frédéric Guillaume III, son successeur (1797-1849) est un prince hésitant. Il somme Napoléon de se retirer d’Allemagne. Ce dernier le bat à Auerstedt et à Iéna et rentre à Berlin tandis que le roi se réfugie à Königsberg. Berlin subit ainsi l’occupation française. Un puissant parti anti-français est soutenu par la reine Louise, épouse de Frédéric Guillaume III. Cette période correspond au développement des sciences à Berlin et à la création de l’université qui va bientôt rayonner dans toute l’Allemagne.

Le roi de Prusse participe à la coalition contre la France dès 1813. Il va venir à Paris, et participera aux négociations du congrès de Vienne.

. Les premières lignes de chemin de fer sont établies et désenclavent Berlin ; beaucoup dallemands souhaitent que la Prusse réalise l’unité de leur pays. Guillaume Ier, roi en 1861, appelle Bismarck, propriétaire foncier et militaire qui va réaliser cette union par la force. La Prusse attaque successivement le Danemark, l’Autriche, puis la France vaincue à son tour ; Guillaume Ier va réaliser l’unité allemande. Le roi de Prusse est proclamé empereur d’Allemagne le 18 janvier 1871 à Versailles dans la galerie des glaces, suprême humiliation pour la France.

. Enormes festivités en Allemagne et à Berlin qui devient capitale de l’Empire. Grand développement économique, période de prospérité à Berlin, la population passe à 1 million d’habitants à la fin du XIXème et à plusieurs millions au XXème siècle. La ville de Berlin absorbe 57 communes et devient « le grand Berlin ». Cette prospérité va durer jusqu’en 1914.

Bismarck maintient le pays d’une main de fer jusqu’à 1890. Après sa mort, Guillaume II qui alors a succédé à son père, a voulu reprendre le gouvernement en main. Il s’apprête à libéraliser le pays, mais le communisme se développe, ainsi que les thèses libertaires et anarchiques : Spartacus, la dictature du prolétariat.

La guerre de 1914-1918 va ruiner l’Allemagne, comme la France. La situation se dégrade à Berlin qui connait un bouillonnement d’idées subversives De nombreuses manifestations ont lieu. En 1917, la révolution russe va renforcer les mouvements extrémistes, les partisans de l’ordre qui vont bientôt se regrouper en « Freicorps » qui vont combattre les révolutionnaires. C’est la guerre civile.

Berlin de 1919 à 1945

Le 4 novembre 1918, la république est proclamée. Guillaume II abdique et se réfugie en Hollande. Les bâtiments publics sont envahis, la république se réfugie à Weimar. A Berlin, on ne compte plus que 2 millions d’habitants, dont 500 000 chômeurs, important foyer à la merci des provocateurs. Le désordre et l’anarchie y règnent, les exils sont nombreux. La toute jeune république ne peut fonctionner. Seulement en 1925, un début d’ordre intervient. Cependant Berlin demeure une capitale de la pensée (Einstein) ; mais c’est aussi celle du plaisir. Il y a 500 maisons closes ! théâtres, cabarets, cinémas, avec Marlène Dietrich. Alors que toute l’Allemagne souffre, Berlin connaît un essor formidable.

En 1932, les SA, sections d’assaut sont créées par Hitler qui a acquis la nationalité allemande en 1932 ; au moyen d’actions illégales le nazisme impressionne les allemands. En 1929, il avait publié son ouvrage «Mein Kampf» qu’il suit à la lettre. Il est nommé chancelier en 1933, et accapare tout le pouvoir.

Il n’aime pas Berlin, car y règne une trop grande liberté de pensée. Néanmoins il la garde comme capitale du Reich. Il aurait aimé en faire une énorme capitale (« Germanica »). En 1936, Hitler va profiter des JO au Grand stade qu’il a fait construire pour établir sa propagande sur le nazisme. S’ensuit la chasse aux juifs, l’annexion de l’Autriche, c’est l’Anschluss. Un an après, il s’approprie les Sudètes (la bande large qui longe la Bohème très industrialisée), puis envahit la Pologne, ce qui provoque une réaction de l’Angleterre et de la France et ouvre la seconde guerre mondiale.

A partir de 1943, Berlin est l’objet de bombardements incessants le jour par les américains, la nuit par les anglais et la vie y devient difficile.

En avril 1945 alors que les américains ont à peine franchi l’Elbe, les russes arrivent à portée de canon de Berlin. Le 30 avril, Hitler se marie avec Eva Braun et se suicide avec elle. Berlin résiste jusqu’au bout mais est totalement détruite. Les russes dressent le drapeau rouge sur la chancellerie, Berlin cesse toute résistance le 2 mai.

Bilan : Berlin est détruite ; 150 000 immeubles ravagés, 75 millions de mètres cubes de gravats que seules les femmes s’évertueront à dégager.

C’est l’année zéro de Berlin.

Le texte intégral de la chronique qui a servi de base à cette conférence peut être obtenu de son auteur Yves BODIN.

En savoir plus …

Coté livres :

Quelques livres et films pour mieux comprendre les caractéristiques et l’histoire de cette ville fantastique, et plus largement l’Allemagne contemporaine. Même si comme on dit, Berlin et l’Allemagne, ce n’est pas vraiment la même chose…

http://www.multimedialab.be/blog/?p=1300

Coté Web :

http://www.berlin-en-ligne.com/home.htm

Thème : HISTOIRE                                                                                                                                                      Mardi 27 novembre 2012

 « BERLIN : Son histoire et son mur » (2ème partie)

Par Maitre Yves BODIN – Président du Cercle de Documentation et d’Information

Le 8 mai 1945 l’Allemagne capitule laissant Berlin aux mains des troupes Russes qui ont menés un assaut très rude sur la capitale.

Quelques mois auparavant, en février 1945, une conférence est organisée à Yalta pour définir les futurs objectifs de la victoire, elle réunie Churchill, Staline et Roosevelt. En juillet 1945, la conférence de Postdam réunie de nouveau les alliés représentés par Atlee, Truman et Staline ; l’objectif est de définir les conditions d’application de Yalta. Il en ressort que l’Allemagne ne doit pas être démantelée mais ramené à ses frontières de 1935, qui lui-même sera divisé en zone d’occupation, attribuées à chacun des vainqueurs.  Berlin est un cas à part puisque la ville sera administrée en commun par les vainqueurs regroupés en un conseil appelé la Kommandantura. La France, exclue des discussions, est finalement admise au sein des vainqueurs et le général de Gaulle obtient un territoire prélevé sur les zones Américaines et Anglaises.

Depuis la fin des combats, les Russes sont les seuls à occuper Berlin. Ils profitent de cette domination exclusive de quelques mois pour créer des réseaux avec l’intention d’installer dans la capitale un régime populaire communiste semblable à ceux déjà instaurés en Pologne, Hongrie ou Roumanie. De leur coté, les alliés Occidentaux prennent vite conscience que l’Europe ne pourra se reconstruire sans une aide extérieure. Aussi, le 5 juin 1947, les USA lance le plan Marshall destiné à aider tous les pays d’Europe mais Staline s’y oppose fermement et refuse l’aide des Etats-Unis avec lesquels le bloc Soviétique est en froid depuis déjà une trentaine d’années. Car même si les circonstances de la guerre contre les nazis ont réuni l’URSS et les USA, la guerre froide s’installe durablement entre ces deux puissances.

A l’automne 1946 sont organisées des élections en vue d’établir un régime démocratique. Les Russes réintègrent d’anciens communistes expatriés comme Erich Honecker et s’efforcent de réactiver le parti communiste. De leur coté, les libéraux s’emploient à se regrouper en force socio-démocrate. Le résultat de ces élections est un échec pour les communistes et cela entraine au fil des mois des difficultés profondes dans le fonctionnement de la Kommendantura. En mars 1948, les conseillers municipaux des zones occidentales se voient refuser l’accès et peu de temps après c’est le représentant de l’URSS lui-même qui décide de ne plus siéger à la Kommendantura : c’est la rupture. Berlin se retrouve administrativement divisée en deux parties : l’est et l’ouest.

Bien que la circulation reste libre sur la totalité du territoire, petit à petit des différences se font ressentir. Oppressés par une police de plus en plus contraignante, les Berlinois de l’Est envient les conditions de vie de leurs compatriotes de l’Ouest, ce qui  n’est pas du tout du gout des gouvernants russes. Le 20 juin 1948, brutalement, les Russes interdisent l’entrée des personnes et des biens dans Berlin Ouest. Les routes, chemin de fer et voies d’eau sont bloquées. Du jour au lendemain, c’est 2 millions de personnes qui, se retrouvent coupées de tout. Ne reste alors qu’un seul accès pour le ravitaillement des populations, la voie aérienne. C’est le général Américain Clay qui organise le pont aérien malgré de nombreuses difficultés, tant logistiques que climatiques. La réussite de cette opération fini de convaincre la population concernée de la détermination des alliés à ne pas les abandonner. Le 13 mai 1949, le blocus est levé, et quelques jours plus tard, le 19 mai, les alliés créent la République Fédérale Allemande (RFA). Peu après, les Russes provoquent la constitution de la République Démocratique Allemande (RDA), les lois et règlement sont différents selon qu’elles concernent l’est ou l’ouest de la capitale et, en définitive,  les deux républiques sont établies au mépris des accords de Yalta.

Les années passent et la tension demeure même si les deux républiques parviennent tout de même à cohabiter. Cependant, les différences se creusent entre les populations, les Berlinois de l’Est voient leurs compatriotes de l’Ouest évoluer sans crainte et sans répression. Et bien que la vie matérielle soit assurée de chaque coté, le goût de la liberté incite finalement beaucoup citoyens à « émigrer » vers l’Ouest.

La fuite de la population et notamment des « cerveaux » devient tellement importante que la RDA finie par s’en inquiéter sérieusement, au point d’imaginer l’édification d’un mur isolant ses populations de l’impérialisme Américain. Le Kremlin donne seulement son feu vert le 6 juin 1961 et dans la nuit du 12 aout, l’opération est menée par surprise et dans la plus grande discrétion. En quelques jours, le mur est monté : les 74 points de passages sont supprimés, les souterrains bouchés, les rails de métro sectionnées et le mur, infranchissable, est doublé de fils de fer barbelés et de zones de sécurités investies par l’armée. A l’Ouest, les chanceliers Occidentaux ne réagissent pas tout de suite et lorsqu’ils réalisent l’ampleur du projet, ils ne peuvent que constater l’impossibilité de franchir le barrage autrement que par la force. Dès les premiers temps, les évasions se multiplient vers l’ouest. Et bien que le chantier du mur soit renforcé au fur et à mesure, les Berlinois de l’Est ont usés de tous les stratagèmes pour tenter de quitter leur prison à ciel ouvert. Réussite pour certains ou échec conduisant à la mort pour les autres, on a recensé plusieurs dizaines de milliers d’évasions, et outre les diverses sanctions, on estime à 136 le nombre de mort en  tentatives de franchissement du mur.

En juin 1963, Kennedy profite d’un voyage en Europe pour se rendre à Berlin. Il y fait un discours historique et touche au cœur tous les Berlinois en prononçant cette fameuse phrase : « Ich bin Berliner ». Malheureusement cette visite n’a eu que des conséquences morales, et bien qu’elle marque le refus de l’Occident d’accepter une situation crée par l’URSS au mépris du droit International, celle-ci va perdurer pendant encore 30 ans.

Dès les années 70, Willy Brandt, chancelier de Berlin prônait une politique d’ouverture à l’Est. Il provoque une conférence à Londres dans l’espoir d’obtenir de l’URSS un certain nombre d’assouplissements mais sans succès. Au contraire, les deux républiques se reconnaissent, ce qui va renforcer la séparation de l’Allemagne en deux parties. Dès lors de longues années vont s’écouler pendant lesquelles le statut quo politique va perdurer alors que la situation économique entre les deux camps va se creuser de plus en plus. Alors que l’Ouest connaît les vertus du progrès et d’une vie libérale, le bloc de l’Est connaît un déclin économique qui va affaiblir les gouvernements communistes. L’empire Bolchévique craque peu à peu et tente de d’étouffer les grèves et manifestations en les réprimant dans le sang. En 1987, Gorbatchev accède au pouvoir et essaie de sauver ce qu’il peut, c’est la Pérestroïka. Mais un vent de liberté souffle déjà sur le bloc Est et la visite du président Reagan en juin 1987 à l’instar de Kennedy ne fera qu’accentuer ce sentiment. Dès lors, de grandes manifestations se produisent dans les grandes villes de la RDA. L’armé ne parvient pas à les maitriser et on compte 100 000 personnes à Leipzig et Dresde en octobre et plus d’un million à Berlin le 4 novembre 1989. Sous la pression populaire Honecker démissionne et laisse la place à Erik Kens, réputé plus libéral.

A ce moment même, l’administration de la RDA est submergée de demande de Visa pour la Hongrie qui a décidé d’ouvrir ses frontières vers l’Autriche. La lenteur des démarches administratives polarise les mécontentements et amène le nouveau Politburo à se réunir le 9 novembre 1989 afin d’aménager la délivrance des visas. A l’issue de cette réunion, G. Sabovski se rend au point presse où la question des visas lui est immédiatement posée et parfaitement au courant de l’avancement du projet, il répond que c’est valable pour « tout de suite ». Son discours, retransmis en direct à la population Berlinoise est interprété comme une ouverture immédiate des frontières et par là même du mur. Spontanément, les Berlinois des deux zones se retrouvent au  niveau de la porte de Brandebourg pour échanger, chanter et manifester leur enthousiasme. Les gardes, dépassés par la situation, ne reçoivent aucun ordre de leur hiérarchie et c’est finalement la fureur populaire qui enfonce les barrières pour ouvrir le passage. La foule enthousiaste commence à attaquer le mur et dans une totale euphorie les Berlinois se retrouvent dans une grande fraternisation.

C’est ainsi que le mur de Berlin tombe, il aura coupé la ville pendant 29 ans sans pour autant détruire l’unité Allemande. Quelques temps plus tard, le 3 octobre 1990 l’Allemagne est réunifiée et le traité de paix mettant fin à la seconde guerre mondiale est enfin signé.

En savoir plus …

Coté livres :

http://www.priceminister.com/offer/buy/49348589/Buffet-Cyril-Le-Mur-De-Berlin-Livre.html

Coté Web :   

http://www.youtube.com/watch?v=aamFrzyXQqw

http://www.herodote.net/1961_1989-synthese-64.php

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