VISITE DU PARC MONCEAU

Thèmes: Art, Histoire,                                                  Visite du mardi 11 mai 1993

VISITE DU PARC MONCEAU

Sources photo: Paris On The Way

En 1778, le Duc d’Orléans, futur Philippe-Égalité, demande au peintre-écrivain Carmontelle, les plans de son jardin, dans la giboyeuse plaine Monceau. C’est à une certaine conception du merveilleux que répondait l’ambition du prince bucolique.

Ce que l’on voit encore maintenant n’est rien comparé à ce que le futur Philippe-Égalité avait voulu faire de cet endroit.

Extrait du « Guide des Amateurs » de Thiéry (18ème siècle) –

« En face de l’entrée principale est une espèce de portique chinois qui sert d’entrée au jardin. Sous ce portique, on communique à gauche au pavillon du prince par une petite galerie couverte. Pareille galerie sur la droite rend au pavillon bleu, d’o^ l’on passe à une autre galerie qui mène à un pavillon, dont tous les objets sont en transparent, puis à un pavillon jaune, de là aux serres chaudes que l’on traverse, et au bout desquelles on trouve un petit pavillon chinois orné de glaces peintes en arabesques ».

« Derrière les arbres placés près de cette porte, une statue de Faune tenant deux torches éclaire l’entrée d’une grotte formant cabinet à l’anglaise. L’eau tombe en cascade sur les rochers qui sont auprès ».

« Parmi les arbustes groupés sur ces rochers, sont des raquettes et des coraux factices dont les tubes creusé servent à placer des bougies le soir ».

« Le chemin qui se présente en face conduit au temple de Mars, dont les colonnes sont d’ordre corinthien. La statue de Mars qui était au milieu, étant trop mutilée, on y a substitué celle de Persée qui est antique ».

« Après ce temple, vous trouverez une prairie ou serpente une rivière ; vous traversez une petite île formée par des rochers pour passer dans la prairie opposée où un sentier vous conduit au moulin à vent hollandais, qui fait mouvoir une pompe dont le produit fournit une partie de la cascade du rocher placé dans la pièce d’eau qui est au bas du moulin ».

« Traversant le ruisseau sur la gauche et cotoyant le jardin fleuriste, vous arrivez au bois de Tombeaux, composé de peupliers d’Italie, de sycomores, de platanes, de cyprès et de thuyas de Chine ».

« En passant derrière la pyramide, vous trouverez, à votre gauche, une fontaine et un peu plus loin un tombeau sur lequel est une pyramide ronde ruinée ».

« Un chemin irrégulier vous conduira à un point de repos sur la droite duquel vous admirerez une belle statue antique de Mercure en marbre blanc, et le petit autel antique qui est en face ».

« En avançant encore quelques pas, vous entrerez dans une petite place occupée par un bassin de marbre blanc, au milieu duquel est un charmant groupe de M. Houdon, sculpteur du roi, représentant une superbe figure exécutée en plomb, et peinte en noir. Figure une négresse tenant d’une main une draperie de marbre blanc et de l’autre une aiguière d’or dont elle répand l’eau sur le corps de sa maîtresse, d’où elle retombe en nappe dans le bassin ».

« Une porte ruinée, en face de ce groupe, vous conduit à la colonnade qui entoure une partie de la Naumachie formée par un vaste bassin ovale. Sur les rochers groupés dans le milieu est un obélisque de granit chargé d’hiéroglyphes ».

Mais maintenant, que reste-t-il de tout cela ?

Quelques années plus tard, lors de la construction du mur des Fermiers-Généraux par Ledoux, l’architecte planta, à la limite du parc, un des pavillons d’octroi, dans le style néo-antique qu’il affectionnait. Il subsiste, de même que celui de la Villette, et assez semblable à lui, témoigne de cet urbanisme utopique qui, né sous Louis XVI, n’eut guère le temps de se développer sous la Révolution, mais, curieusement, aura des échos sous le Premier Empire, et, en fait, jusqu’à Haussmann, lui-même utopiste à sa maniere.

Enlevé, puis restitué à la famille d’Orléans, le Parc Monceau survivra pratiquement inchangé, en dépit des aléas de l’histoire, jusqu’en 1851, date à laquelle il passera dans les biens de la ville de Paris.

Ce fut l’époque où l’installation des embarcadères des chemins de fer entraîna une spéculation effrénée du quartier, et un lotissement accéléré de ce qui n’avait été, jusqu’alors qu’un village fort éloigné du centre actif de la capitale. De moins de 200 000 m2, la superficie de la propriété passera à moins de 90 000 m2. De petites mais élégantes avenues honorant la mémoire des peintres célèbres (Velasquez, Van Dyck, Ruysdaël, Rembrandt, Murillo) rognent son espace que bordent des hôtels particuliers qui sont parmi les plus typiques de cette architecture de pastiche en faveur sous le Second Empire.

Le parc, longtemps à l’abandon est remis en état, cerné de grilles, et, pour retrouver ce goût des ruines qui fit ses splendeurs d’antan, on y transportera une arcade Renaissance de l’Hôtel de Ville incendié lors de la Commune. Une surélévation astucieuse du terrain permet de jouer d’illusion, et de camoufler la vue des maisons trop proches.

FICHE DE VISITE

LE PARC MONCEAU

La plaine Monceau était encerclée de châteaux et de hauts lieux de chasse : la « Remise » (*) de la Couronne (actuelle place Wagram), des Espinettes (actuel square des Épinettes), de la Gueule du Loup (boulevard Pereire). Au total onze remises qui faisaient le désespoir des paysans des villages alentours, puisque les animaux qui y vivaient s’en échappaient et ravageaient leurs cultures, sans qu’il leur soit possible de s’en défendre. Ce gibier de choix était celui qui assurait les services de la Bouche du roi.

L’un des châteaux dont le propriétaire était le Duc d’Orléans s’appelait « La Folie Monceau ». Alors qu’il n’était encore que duc de Chartres, le futur Philippe-Égalité, décida en 1778, de l’entourer d’un parc à la mode des jardins anglais.

Il confie au peintre-écrivain Carmontelle, les plans de son jardin. Ce que l’on voit aujourd’hui n’est rien, comparé à ce que le futur Philippe-Égalité avait voulu faire de cet endroit : pyramide, pagode, temple romain, rues féodales, moulin hollandais, ferme suisse, etc.

Enlevé, puis restitué a la famille d’Orléans, le parc Monceau survivra, pratiquement inchangé, en dépit des aléas de l’histoire, jusqu’en 1851, date à laquelle il passera dans les biens de la Ville de Paris.

Le parc longtemps à l’abandon est remis en état, cerné de grilles, et pour retrouver ce goût des ruines qui fit ses splendeurs d’antan, on y transportera une arcade Renaissance de l’Hôtel de Ville incendié lors de la Commune.


(*) – Remise : Taillis qui sert de retraite au gibier.

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