Visite du Musée de la Toile de Jouy et de la Maison-atelier de Léonard Foujita

Thémes: Arts, Peinture                                                                                                                                                Visites du jeudi 21 mars 2024

Une journée à Jouy-en-Josas avec le Musée de la Toile de Jouy  

et à Villiers-le Bâcle avec la Maison-atelier de Léonard Foujita 

Visite 21 mars 2024 : superbe journée de printemps ; officiellement, le printemps était le 20 mars  cette année, année bissextile oblige. Arrivées échelonnées au musée de la Toile de Jouy, les premiers  ayant emprunté le tunnel de la A86, suivis par ceux qui ont traversé Versailles, et les derniers, juste à  temps, passés par Saint-Cloud et la 118 (mauvais choix !). A 10h15, les 28 participants étaient prêts à  suivre notre conférencière Madame Pons pour cette visite du Musée de la Toile de Jouy, classé Musée  de France et qui appartient à la Ville de Jouy.

Pourquoi la toile de Jouy ? En 1685, par l’Édit de Fontainebleau, le roi Louis XIV révoquait l’Édit de Nantes, provoquant le départ des protestants et vidant la France de milliers de travailleurs. A cette époque, la France importait beaucoup de toiles imprimées d’Asie,  qu’on appelait les indiennes ; en 1686, le roi en interdit l’importation  et l’impression pour ne pas nuire aux soyeux lyonnais ou aux  drapiers du Nord. C’en est fini de cette activité, pour longtemps. En  1759, le roi Louis XV autorise à nouveau cette industrie. C’est alors  que le jeune Christophe-Philippe Oberkampf, fils d’une lignée de teinturiers du Wurtemberg, décide  de la création d’une manufacture d’indiennes à Jouy-en-Josas, à proximité de la Cour de Versailles et  pas trop éloigné de Paris, avec les eaux de la Bièvre, de nombreuses prairies pour le blanchiment des  toiles. Les premières toiles sont imprimées dès le printemps 1760 ; s’en suivra un grand succès qui  amènera Oberkampf à agrandir la manufacture qui s’étend alors sur plus de 18 000m², avec  bâtiments – le bâtiment de l’impression long de 110 mètres, éclairé de nombreuses fenêtres,  comprenant 264 tables d’impression réparties sur 2 rangées -, les espaces de blanchiment, une ferme et un moulin, une chapelle, et la maison d’habitation de la famille  Oberkampf. Jusqu’à 900 ouvriers y travaillent en 1774 ; la manufacture  en comptera jusqu’à 1 300. Après les pinceauteuses, l’impression se fait  avec des tampons-pochoir de bois, puis des rouleaux et même pendant  un temps avec des plaques de cuivre gravées. De nombreux pigments ou  plantes tinctoriales sont utilisés ou mis au point ; on retiendra la cocagne  pour un bleu, remplacé par l’indigo, la garance pour un rouge, la galle de chine ou galle du chêne  pour le noir. 

On imprimera des scènes pastorales, de chasse, d’amour, de danse et de musique, de la fête et des jeux, de l’histoire comme avec Napoléon – il  remettra la Légion d’honneur à Oberkampf – des inventions, comme les  montgolfières, des scènes exotiques, des fables de la Fontaine, comme Le  meunier, son fils et l’âne :  » Je suis Âne, il est vrai, j’en conviens, je l’avoue ; Mais que dorénavant on me blâme, on me loue ; Qu’on dise quelque chose ou  qu’on ne dise rien, J‘en veux faire à ma tête.  » Il le fit, et fit bien.» citée par un participant à la  grande surprise de notre guide, et également à notre grande surprise.

Les toiles seront des tentures, des garnitures de meubles, des robes, des accessoires de luxe, du linge. Sur tout le parcours, de petits panneaux illustrent le travail des  manufacturiers, ou encore cette maxime de monsieur Oberkampf : « …  travailler constamment à la perfection de la fabrication, faire l’essai des  nouvelles découvertes avant d’en faire l’usage, toujours bien réfléchir  avant d’entreprendre. » Christophe-Philippe Oberkampf, 1738 – 1815,  fondateur de la manufacture de Jouy 

La manufacture fermera définitivement ses portes en 1843 ; les bâtiments seront démolis à  l’exception de l’habitation principale, -aujourd’hui la mairie de Jouy-en Josas – et les pierres  réemployées localement pour des nombreuses constructions. Le musée est aujourd’hui abrité au  château de l’Eglantine, construction du XIXème siècle. 

11h45, il est temps de remercier notre guide, de faire quelques achats, mais pas le temps de regarder  le film ; promis, on reviendra.

 

Déjeuner au restaurant La Petite Forge à Villiers-le-Bâcle ; nous profitons du moment Dôme à la  mousse de marron au rhum et ganache chocolat pour souhaiter un Joyeux Anniversaire à Nicole, 21  mars et Pierre, 22 mars. Passage de Mme Anne Le Diberder, la conservatrice de la Maison-atelier  Foujita, qui file à la Maison-Atelier pour préparer notre accueil.  

14h30 : nous sommes accueillis par Mme Anne Le Diberder qui nous offre un superbe ouvrage Foujita, le maitre du trait édité par le Conseil général de l’Essonne. Notre groupe se scinde en  deux pour la visite car la taille des pièces de la Maison-atelier ne permet pas de nous accueillir tous ensemble. Pendant que le premier groupe accompagne la guide dans la maison, le deuxième groupe profite du jardin ensoleillé ou feuillette l’ouvrage, découvre les maquettes pour la chapelle de Reims ou regarde la petite vidéo dans la maison du conservatoire, patrimoine du Conseil général de  l’Essonne. Les rôles sont ensuite inversés. Il est 16h30 quand les derniers quittent ce havre de  tranquillité. 

La Maison-Atelier : Foujita en donne quelques dates :  

 

« NOTRE MAISON EST  

BATIE AU 18EM SIECLE 

EN NOTRE POSSESSION  

DEPUIS LE 14 10 1960 

1ERE NUIT 24 11 1961 » 

 

 

Après la vie des Années Folles et les nombreux voyages et séjours à l’étranger, et peut-être sa  convertion à l’Eglise catholique, Foujita décide de se retirer à Villiers-le Bâcle, petit village de 265  habitants en 1861, dans une modeste maison, – à peine 60m² au sol. Après de gros travaux  d’aménagement (chauffage central, création d’ouverture dans le toit pour laisser entrer la lumière au  grenier qui deviendra son atelier), Foujita et son épouse  

Kimiyo s’installent et vivent semble-t-il simplement dans cette maison que l’artiste a façonné à son image. Pas de luxe ostentatoire, tout est simple : cuisine au rez-de jardin ouverte sur le sud-ouest, salon et chambre au rez-de-chaussée et atelier au 1er étage avec grandes ouvertures sur le sud-ouest. Foujita peint, découpe, coud, décore. C’est sur les murs de cet atelier que Foujita esquisse et peint sa grande fresque murale avec la Vierge à l’enfant, la Crucifixion, la Cène qui sera alors reproduite dans la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix à Reims, où il repose au côté de son épouse. 

Outre les fresques pour la chapelle, la Maison-atelier expose le tableau Avec qui voulez vous lutter peint en 1957, le judo, la lutte, la boxe et les Trois femmes peint en 1930, un détournement des Trois  Grâces de Raphael. 

Jean-Michel BUCHOUD 

P.S. On pourra également se reporter au compte rendu de la riche conférence d’Anne Le Diberder du  6 février 2024 « Foujita, un artiste entre deux rives » sur le site du CDI.

 

+ de 1050 textes des conférences du CDI sont disponibles sur le site du CDI de Garches  et via le QRCode   

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