VERDI, MUSICIEN ETENDARD DE L’UNITE ITALIENNE

Thème : ARTS                                                                                                                                                                             Mardi 31 janvier 2006

Verdi, musicien étendard de l’unité italienne

Par Marie-Paule Corpet

Giuseppe Fortunino Francesco Verdi est né le 10 octobre 1813 dans un petit village proche de Parme, une région devenue française après l’invasion par les troupes napoléoniennes en 1805. Il est d’ailleurs enregistré à l’état-civil avec des prénoms français. L’Italie n’est alors qu’une juxtaposition de provinces livrées à l’occupation étrangère et, après la défaite de Napoléon, le Nord tombe sous la férule autrichienne. Garibaldi, de retour d’Amérique Latine, est prêt à en découdre avec l’occupant. L’idée de l’unité italienne se fait jour.

« J’ai passé toute mon enfance dans l’obscurité et la pauvreté » dira Verdi. Un tableau noirci quand on sait que son père, qui tient une taverne à Busseto, l’instruisit et lui offrit sa première épinette. La providence du jeune Verdi viendra d’un mécène, Antonio Barezzi, qui lui proposera de l’instruire musicalement. Sous son impulsion, Verdi apprend son métier de musicien et, dès quinze ans, multiplie les compositions. A Busseto, on est en extase devant ce génie. En 1836, le jeune compositeur épouse la fille de Barezzi dont il aura deux enfants. Mais Verdi ne se contente pas de sa gloire locale et décide de transférer sa famille à Milan. En fréquentant quotidiennement la Scala où se jouent les œuvres de ses contemporains, il se familiarise avec les joutes musicales des divas. En 1840, Rossini décide d’abandonner la scène, Donisetti reste à Vienne et Bellini est déjà mort. La place est libre pour Verdi dont le premier opéra « Oberto » est un succès. En revanche, son deuxième, « Un jour de règne », est un tel flop qu’il ne reste à l’affiche qu’une seule soirée. A cette époque, Verdi est frappé par le malheur car il perd successivement sa fille, son fils et son épouse.

Sa musique sonne comme un hymne de liberté

Sa bouée de sauvetage viendra d’un livret qu’on lui propose ayant trait au roi Nabuchodonosor. Verdi se laisse emporter par son sujet et compose l’opéra « Nabucco », qui triomphe le 9 mars 1842 grâce, en partie, à l’interprétation de la diva Giuseppina Streponi. Ce soir-là, les Italiens font le lien entre la souffrance des hébreux dans cet opéra et la leur. La musique de Verdi résonne comme un hymne de la liberté. Le compositeur est instantanément projeté à l’avant de la scène politique de son pays. Aucun autre musicien n’a connu de consécration populaire aussi rapide. L’Italie le réclame à cors et à cris. Victime de son succès, il est obligé de composer à tour de bras pour répondre aux commandes. Ses œuvres, de qualité inégale, ont un fort contenu politique, ce qui conduit la censure autrichienne à interdire les bis.

« Viva Verdi » devient un vrai slogan politique qu’on peint sur les murs, d’autant que les lettres « Verdi » forment l’acronyme de « Victor Emanuel Roi D’Italie ».

Après le succès, en 1847, de « Macbeth » qui s’exporte à Vienne, Verdi attend la consécration à Paris. Celle-ci ne viendra pas tout de suite, ce qui laissera Verdi amer : « Une ville froide », dira-t-il. Il y résidera pourtant deux ans en compagnie de Giuseppina Streponi et assistera aux soubresauts de la révolution de 1848.

En Italie, débute  le soulèvement contre les Autrichiens. Verdi rentre précipitamment à Milan et met tout son talent au service de l’insurrection. A Rome, il offre un opéra patriotique, « La bataille de Legnano », dont le dernier acte est bissé quatre fois. Face à la censure autrichienne, Verdi fait montre de son courage en refusant de se rendre aux convocations et de changer ses musiques. Mais suite à la répression dans le sang du mouvement de l’unité italienne, le patriotisme de Verdi s’effondre d’un coup. Désormais, l’heure est venue de la méditation.

Le temps des chefs d’œuvres

Après sept ans de rage de créer, il retourne à Busseto et se recentre autour de son jardin et des activités agricoles de sa ferme. Dès lors, il modifie le style de ses opéras et choisit de les replacer au plus près des sentiments humains. Vient alors le temps des chefs d’œuvres : « Rigoletto », « La Traviata », « Le Trouvere ». Autant « Rigoletto » – dont le titre original « La Malédiction » avait été refusé par la censure autrichienne – fut un succès triomphal d’Italie en Allemagne en passant par la France ou l’Angleterre, autant « La Traviata » fut très mal accueillie. Inspiré par « La Dame aux Camélias », Verdi a voulu en faire un œuvre lyrique mais les Italiens n’ont pas applaudi cet opéra au thème contemporain et la critique fut extrêmement dure. A Paris, Berlioz défend Verdi. Ce dernier devra pourtant se battre pendant cinq ans pour obtenir des contrats dans la capitale française. En 1855, il y fait un triomphe absolu avec ses « Vêpres Siciliennes », « de la  haute couture » selon Bizet.

Mais l’Italie vit à nouveau de grands moments historiques. L’insurrection, partie du Sud et menée par Garibaldi, gagne du terrain. Le patriotisme de Verdi se réveille. Le compositeur entre en politique. Il accepte de siéger au parlement italien et d’assister à la réunion des régions de Nord.

Le triomphe d’Aïda

En 1862, à l’invitation du tsar Alexandre II, il se rend à Saint-Petersbourg pour les festivités du millénaire de la Russie. Puis choisit de retourner dans sa ferme de Santa Agata jouer au plombier et au maçon. Mais Paris le réclame encore. Verdi choisit d’y faire jouer un opéra politique, « Don Carlos », qui sera fraîchement accueilli par l’Impératrice Eugénie. En 1871, il crée « Aïda » au Caire pour l’inauguration du canal de Suez. Cet opéra triomphera deux mois plus tard à la Scala. Les trompettes d’Aïda deviennent le « tube » le plus populaire de Verdi, un véritable triomphe.

A la fin de sa vie, Verdi compose notamment une messe pour Rossini et un requiem à la mémoire de l’écrivain Manzoni. Il écrit encore deux grands opéras, « Othello » – qu’il mit plus de dix ans à composer – en 1887 et « Falstaff » pour la Scala de Milan en 1893.

Verdi meurt en janvier 1901, à l’âge de 88 ans, d’une hémorragie cérébrale. Toute l’Italie est en deuil. Une foule immense se presse pour ses funérailles. L’orchestre qui accompagne Streponi et Verdi vers leur dernière demeure (la maison de retraite des musiciens, qu’ils avaient fait construire) joue un air de « Nabucco », l’opéra qui avait fait connaître Verdi soixante-dix ans plus tôt.

Verdi est le compositeur qui a le mieux renouvelé la dramaturgie de l’opéra. Sa musique empoigne et prend au cœur. Avec Wagner, Verdi est l’autre pilier du monde lyrique du XIXe siècle. Aujourd’hui encore, Verdi est hit-parade de la renommée. Sa musique héroïque est partout : dans le cinéma italien, dans les stades de foot et… les publicités télévisées.

En savoir plus …

Coté Livres :

Verdi et son temps

Pierre Milza

Editeur : Librairie Académique Perrin

ISBN-10: 2262022941

http://www.amazon.fr/Verdi-son-temps-Pierre-Milza/dp/2262022941

Coté Web :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Giuseppe_Verdi

http://www.musicologie.org/Biographies/verdi_giuseppe.html

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