LA GEMMOLOGIE, HISTOIRE ET SECRETS : L’UNIVERS DES PIERRES FINES ET PRÉCIEUSES

Thème : Art – Sciences – Société                                                                                                                              Mardi 22 novembre 2016

LA GEMMOLOGIE, HISTOIRE ET SECRETS : L’UNIVERS DES PIERRES FINES ET PRÉCIEUSES

slider_cdi_101par Jean-Philippe GUICHENEY MAHLER – Gemmologue, membre de la GEM A (Gemmological Association of Great Britain)

INTRODUCTION

De tout temps, les pierres précieuses on été synonyme de richesse et on fasciné les hommes. Leur rareté et leur beauté est l’œuvre de phénomènes géologiques qui ont pris des millions d’années. L’homme a donc depuis des siècles essayé de copier les pierres naturelles, et il y parviendra de façon remarquable. C’est pourquoi depuis un siècle des écoles forment des spécialistes en gemmologie.

I – Qu’est-ce qu’une gemme ?

Selon la définition du dictionnaire une gemme qualifie toute matière organique ou minérale servant à l’art de l’ornement de la parure ou de la décoration. Si l’on croit généralement que les pierres sont minérales, de nombreuses gemmes utilisées en joaillerie ou décoration sont organiques tels le jais, l’ivoire, les perles, l’ambre ou le corail. Certaines gemmes sont utilisées en joaillerie et d’autres uniquement en décoration car elles ne correspondent pas à certaines caractéristiques.

Les caractéristiques requises pour être utilisées en joaillerie sont la rareté, la beauté (couleur, transparence et qualité de taille) et la durabilité (dureté, ténacité et stabilité). On trouve  en haute joaillerie des pierres fines, précieuses et même des matières organiques comme l’ambre, le corail…

La haute joaillerie, ce n’est pas un choix de pierres, mais une technique de sertissage par exemple.

La dureté est une des caractéristiques les plus importantes pour définir la préciosité d’une gemme. Ainsi les gemmes les plus précieuses ont un indice de dureté très élevé, par exemple sur une échelle allant de 1 à 10, le diamant a un indice de 10, le rubis 9 et l’émeraude 8.

Le diamant est la pierre la plus précieuse et la plus coûteuse. On utilise les 4 C Carat-Clarity-Cut-Color  pour déterminer la valeur d’un diamant. Plus un diamant est gros, qu’il atteint un carat élevé, et plus sa valeur augmente. Mais il n’y a pas que le poids qui fait le prix d’un diamant. Il y a aussi la couleur, la clarté et la taille.

Le rapport est exponentiel et cela est principalement dû à sa rareté. Par exemple, un diamant de deux carats a une valeur plus élevée que deux diamants d’un carat chacun, mais attention : à caractéristiques équivalentes !! Sinon, c’est faux !

La pureté d’un diamant se détermine selon le nombre d’inclusions et leur visibilité, leur caractéristique, dimension, ainsi que leur positionnement au sein de la pierre. Le degré de présence de ces inclusions peut modifier sensiblement l’apparence de la pierre. La taille est réalisée de manière à donner le maximum de lumière à la pierre.

II – Quelques données historiques

Depuis toujours les pierres précieuses ont fasciné. On trouve des traces d’échanges commerciaux à Babylone où l’on se servait d’émeraudes comme mode de paiement. La légende dit également que sur le saint Graal on trouve des émeraudes. Comme bien souvent tout ce qui touche les pierres précieuses, des faits avérés se mêlent aux légendes.  Le diamant lui aussi apparaît dans les textes de l’Antiquité, au VIIèm siècle avant J-C on en fait référence dans les textes romains. Les Romains étaient fascinés par sa transparence et sa dureté. C’était aussi la pierre des pharaons. Au IVèm siècle on retrouve dans des écrits le système de calcul de l’impôt destiné à ceux qui en font commerce.

On peut donc dire que les pierres précieuses ont toujours été un bien très prisé aussi bien au cours des temps que dans la totalité du monde. Le diamant a toujours été réservé aux grands de ce monde et certains diamants ont une histoire particulière et sont devenus célèbres. C’est le cas de la Briolette des Indes, du Hope et du Cullinan. La Briolette des Indes est le plus ancien, il fait 90 carats. Louis VII l’offre à sa femme Aliénor d’Aquitaine. Il servira aussi pour payer la rançon de Richard Coeur de Lion, prisonnier de l’Empereur d’Autriche. La Briolette des Indes fut ensuite portée par Diane de Poitiers, favorite d’Henri II, roi de France de 1547 à 1559. On perd la trace du diamant pendant plusieurs siècles. En 1910 Cartier vend la Briolette des Indes à George Blumenthal dont la veuve la céda en 1946 au collectionneur américain Harry Winston. La Briolette n’a jamais été retaillée et elle est toujours sous sa forme d’origine. L’histoire du Hope est beaucoup plus romanesque et ce diamant a la réputation d’être maudit. Il est plus gros que la Briolette des Indes, il fait 112 carats. Son histoire commence en 1668 lorsque l’explorateur français Jean-Baptiste Tavernier l’arrache au front d’une déesse en Inde et le ramène en France. Tous les propriétaires connaîtront un destin tragique. Ainsi, Tavernier meurt dévoré par une meute de chiens errants aux portes de Paris.

Louis XIV l’achète, son arrière-arrière petit-fils, Louis XVI qui en hérite meurt sous la guillotine. Après la révolution française le diamant se retrouve en Angleterre et devient la propriété du banquier Thomas Hope, sa famille meurt dans un accident et il doit vendre le diamant pour payer ses dettes.  Le diamant est racheté par un membre de la famille régnante ottomane et quelques années plus tard c’est la fin de l’Empire ottoman. Finalement le Hope sera racheté par le collectionneur Simon Frankel pour 250 000 dollars. Il en fera donation au musée d’Histoire Naturelle de Washington où il se trouve actuellement. Le Cullinan est découvert en 1905 à une cinquantaine de kilomètres de Prétoria sur un terrain acheté et exploité par Thomas Cullinan, un sud-africain. C’est le diamant brut le plus gros jamais trouvé, il ne fait pas moins de 3000 carats et sera offert au Roi Edouard VII, roi d’Angleterre. Une anecdote concerne le transport de cet énorme diamant. En effet, au vu de sa valeur colossale, de nombreux agents le gardaient mais en réalité il a été expédié par courrier pour trois shillings, le convoi protégé n’étant qu’un leurre. Une fois à Londres, il est taillé en 9 pierres principales, Cullinan I à IX.

Le Cullinan 1 de 530 carats, le Great Star of  Africa, sera monté sur le sceptre du Roi, le 2 qui fait 317 carats orne la couronne de l’Empire britannique.

Les pierres traversent le temps et c’est ce qui fascine. Si les pierres précieuses attirent et fascinent elles sont rares, c’est pourquoi l’homme a depuis longtemps cherché à en faire des imitations. Si les imitations datent de l’Antiquité, les synthèses sont elles récentes. La première de ces imitations est le verre. En effet, les prêtres égyptiens se servaient déjà  de la propriété des oxydes pour fabriquer des verres colorés aux fins d’imiter les pierres de couleurs. Les verriers romains fabriquaient aussi des verres teints ou colorés. Au siècle des Lumières, avec la promotion des sciences, Frederich Strass crée le strass, toujours très utilisé pour les bijoux fantaisie. En France, en 1760, Lavoisier met en évidence que le diamant est du carbone pur. Les premières synthèses arrivent avec les rubis de Genève qui de nos jours sont des pièces de collection car on a cessé de produire ce type de synthèse. En 1891, Auguste Verneuil met au point la synthèse qui est toujours utilisée de nos jours. Le procédé consistait à faire fondre de la poudre d’Alumine à l’aide d’un chalumeau oxhydrique puis à faire tomber la roche en fusion sur une amorce de corindon, qui va se cristalliser en  respectant l’organisation moléculaire de cette amorce. Cette technique a cependant été si améliorée qu’il est de plus en plus difficile de distinguer une pierre de synthèse d’une pierre naturelle. La pierre de synthèse ayant les mêmes caractéristiques et la même structure cristalline que les pierres naturelles, la commercialisation dès 1907 provoque une polémique et bouleverse le monde de la joaillerie. C’est la raison pour laquelle est naît la gemmologie et une première école, la Gemological Association à Great Britain, dite la GEM A est créée en Angleterre dès 1905. Au vu de la perfection atteinte par les synthèses, la formation de spécialistes devient capitale.

III – Trucs et secrets.

Pour distinguer une vraie pierre d’une fausse il faut de bonnes connaissances. Cependant, le bon sens est essentiel. Ainsi, dans un pays producteur,  une pierre précieuse est trop parfaite ou peu chère, on est en droit de penser que c’est une imitation. Si le prix est élevé il faut exiger un certificat établit par un expert reconnu.

Il faut également se méfier des doublets qui consiste par exemple en une partie supérieure en grenat et une partie basse en verre coloré. Les doublets peuvent se reconnaître en plongeant la pierre dans l’eau.

Il existe aussi quelques trucs pour identifier un diamant.  Premier élément, en raison d’un indice de réfraction très élevé,  le diamant n’est pas transparent. Ainsi, si on pose un diamant sur une ligne d’écriture il ne faut pas que l’écrit soit lisible, on doit voir une tache noire. Il ne faut pas non plus qu’il y ait de double réfraction. Par ailleurs, un diamant a de légers reflets gris jamais multicolores. De nos jours afin de garantir au maximum l’authenticité des pierres on grave un numéro sur chaque diamant.

CONCLUSION

L’univers de la gemmologie est fascinant et les pierres précieuses ont toujours fait rêver les hommes. De nos jours de nombreux professionnels travaillent à authentifier les pierres naturelles et aussi à continuer de faire « vivre » les gemmes les plus prestigieuses en les retravaillant  afin que chaque pierre corresponde à celle qui la porte. Gemmes Paris Joaillerie est un bel exemple de ce monde passionnant.

2 commentaires

  • Monique SUTOUR

    Dec 08, 2016

    Reply

    Bravo, Moi qui ne m'intéresse pas spécialement à la gemmologie (je me contente seulement de prendre plaisir à porter certains gemmes) j'ai été fascinée et passionnée par cet article. J'ai appris que les perles étaient des gemmes. Par contre, je regrette une "coquille" : Louis XVI n'était pas le petit fils de Louis XIV, 5 générations les séparent. Cela dit, je confirme, article remarquable. Merci

    • Pierre Legue

      Dec 08, 2016

      Reply

      Commentaire transmis au conférencier. Merci de votre fidélité.

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