HISTORIQUE D’UN GRAND JARDIN DE PARIS: LE LUXEMBOURG

Thèmes: Art, Histoire                                              Conférence du mardi 30 mars 1993

HISTORIQUE D’UN GRAND JARDIN DE PARIS: LE LUXEMBOURG

Mardi 30 mars, Marie-Blanche d’Arneville nous a présenté le « Jardin du Luxembourg ».

De nombreuses diapositives ont rendu très vivant son propos.

« Pour moi, nos grands jardins de Paris sont vraiment une sorte de synthèse de toute une partie de notre histoire. Il est extrêmement intéressant de les parcourir tels qu’ils sont et de se rendre compte de la manière dont ils ont évolué. »

Le Luxembourg date du début du 17ème siècle. Il est créé par Marie de Médicis, reine de France qui, à la mort de son époux, Henri IV, veut se faire construire un palais de style toscan et un jardin qui lui rappelle sa Florence natale.

En 1612, Marie de Médicis commence par acheter un petit hôtel, celui du prince Piney-Luxembourg, qui donnera son nom au jardin.

Petit à petit, elle obtient 25 hectares et fait planter tout de suite des arbres et en particulier des ormes.

Le couvent des Chartreux, voulu par Saint-Louis, empêche le développement du Luxembourg. Il sera détruit à la Révolution. Il ne reste qu’un seul vestige : la maison du prieur.

Le Luxembourg étant sur une hauteur, il y a peu d’eau pour les plantations, aussi, Marie de Médicis, demande à l’architecte Salomon de Brosse, de réparer l’aqueduc romain qui se trouve à Arcueil et qui permettait, au temps des Romains, d’amener de l’eau jusqu’à Paris. On creuse un réservoir à six arcades où l’eau s’accumule avant de descendre jusqu’au Luxembourg (le tunnel de la A86 au niveau du Thiais en garde la mémoire).

Le réservoir est maintenant dans la cour d’un couvent (rue Denfert-Rochereau) et ne sert plus. Un fontainier réglait la diffusion des eaux. Depuis sa maison, il apercevait une jauge qui le renseignait sur le niveau des eaux.

Marie de Médicis fait placer treize fontaines dans tout le quartier. Il n’en reste qu’une, rue Garanciére.

Le premier palais est assez petit. Il est construit en dix ans et agrandi plus tard.

Le domaine se compose alors d’un grand parterre qui se trouve devant la façade ouest du château. Le squelette du parc est resté le même. Le parterre bute à 230 mètres sur le mur des Chartreux qui est en contrebas. Le jardin s’étend vers l’ouest jusqu’à ce qui est actuellement le boulevard Raspail.

Mais, le 10 novembre 1630, après une violente dispute avec le cardinal de Richelieu, Marie de Médicis peut se croire un moment seule maîtresse des Affaires. Le lendemain, Louis XIII rappelle son conseiller et chasse sa mère. Victime de la « Journée des Dupes », elle se retire à Cologne ou elle mourra obscurément.

Après le départ de Marie de Médicis, le palais revient à Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII. Par le jeu des héritages, il échoit à sa fille, la fameuse Mademoiselle de Montpensier, puis au XVIllème siècle à la Duchesse du Berry, fille du Régent, et de si mauvaise réputation.

Le comte de Provence, frère de Louis XVI, abandonnera la partie ouest, soit onze hectares d’allées à angles droits, livrés aux promeneurs, moyennant un modeste droit de péage.

Sous le Directoire et le Consulat, l’architecte élargit les parterres en creusant des demi-lunes.

Alors que le Palais-Royal est un lieu de débauche, le Luxembourg reste paisible et bourgeois. Le palais est abandonné, silencieux, et offre une « physionomie délabrée ». La Révolution le transforme en magasin d’armes, puis en prison. Le Directoire, enfin, en fait la résidence des gouverneurs et le siège de la Chambre Haute, notre Sénat.

Napoléon III fixera la limite actuelle du jardin, en lotissant la pépiniére des Chartreux, adjacente au jardin. Mais Chalgrin lui avait déjà donné, sous le Premier Empire, son aspect définitif par l’aménagement de l’avenue de l’Observatoire en square.

Véritable musée de la sculpture, le Luxembourg est célèbre pour la série des « Dames de Paris », qui entourent en demi-cercle, du haut des terrasses, le bassin octogonal, que ponctue, en son centre, un « groupe d’enfants » dû à Chalgrin.

Tous les étudiants qui sont venus en rendez-vous galant ici, ont rêvé sur ces silhouettes qui racontent l’Histoire de France au féminin : Marie Stuart, Clémence lsaure, Jeanne d’Albret, Berthe au grand pied. On y rencontre aussi Sainte-Clotilde, Marguerite de Provence, Blanche de Castille, Anne de Beaujeu, Anne de Bretagne, Valentine de Milan, Louise de Savoie, Marguerite de Valois, et deux des anciennes propriétaires des lieux : Marie de Médicis et Mademoiselle de Montpensier.

En bordure des jardins privés du Petit Luxembourg, se trouve l’ancienne résidence de Richelieu devenue le logement de fonction du président du Sénat. On peut rencontrer un hommage de Delacroix, par Dalou. Perdu du côté du boulevard Saint-Michel : un buste de Flaubert de Jean-Baptiste Clesinger qu’admirait Baudelaire, et la fameuse Velleda d’Hippolyte Maindron : un beau morceau de sculpture romantique.

En bordure de la place Edmond-Rostand sur les pelouses Stendhal : avec un médaillon de Rodin, George Sand de François Sicard, Leconte de l’Isle de Deny Puech… Vers l’Orangerie, avant la sortie de la rue de Vaugirard, on trouve une œuvre assez étonnante, « L’effort » de Pierre Roche.

On rencontre au Luxembourg, des garçons et des filles en bandes, qui ne sont pas toujours ceux des « Faux Monnayeurs » que Gide situe justement ici. On y bachote, on y prépare ses cours, on y est studieux.

Outre les joueurs de belote, d’échecs, de croquet, de boules et de tennis, qui respectent les limites bien définies de leur territoire respectifs, le Luxembourg reste le paradis des enfants du quartier, car avec les balançoires et le manège à l’ancienne, il y a le fameux Guignol. Le Luxembourg est d’une certaine manière le conservatoire d’une conception de l’univers enfantin qu’aucune idée de progrès ne pourra totalement détruire.

Du fait de sa situation géographique entre plusieurs pôles d’attraction, le Luxembourg est aussi constamment traversé par des cohortes de piétons pressés qui suivent machinalement le tracé de chemins en ciment menant de Montparnasse à la Sorbonne et de !’Odéon à l’Observatoire.

Le jardin est une parenthèse de fraîcheur, de paix, de silence, de bonheur, dans la grisaille du quotidien.

FICHE DE SORTIE

LE JARDIN DU LUXEMBOURG

Le jardin du Luxembourg est la clef de voûte d’une vaste ordonnance urbanistique où des quartiers entiers sont dominés, respectivement par la culture (Quartier Latin), les arts (Montparnasse), la religion (Saint-Sulpice).

C’est sur son emplacement que Catherine de Médicis, en 1612, achète plusieurs hôtels, dont celui de Piney-Luxembourg, qui donnera son nom à la propriété.

Avec Marie de Médicis, la propriété se circonscrit entre l’actuel boulevard Saint-Michel et la rue de Vaugirard jusqu’à son intersection avec la rue Notre-Dame des Champs.

C’est également Marie de Médicis qui va demander à Salomon de Brosse de lui édifier un palais dans le style italien. Elle voulait y retrouver le souvenir du Palais Pitti de Florence où elle avait passé son enfance. Vingt-quatre grands tableaux commandés à Rubens, en 1621, pour l’une des galeries, doivent retracer, allégoriquement, l’histoire de Marie de Médicis.

Les Jardins de !’Observatoire prolongent ceux du Luxembourg : dessinés par Chalgrin, sous l’Empire, ils s’achèvent par la Fontaine de l’Observatoire ornée du groupe des quatre parties du monde par Carpeaux.

Napoléon III fixera la limite actuelle du jardin.

Véritable musée de la sculpture, le Luxembourg est célèbre pour la série des « Dames de France », qui entoure, en demi-cercle, du haut des terrasses, le bassin octogonal, que ponctue en son centre, un « Groupe d’Enfants » dû à Chalgrin. Cà et là, d’autres statues en hommage à Delacroix, Flaubert, Stendhal, George Sand, etc.

Le Jardin du Luxembourg, beau parc à la française fut longtemps le jardin préféré des artistes et des poètes. Watteau aimait à s’y promener. Nerval y croisa peut-être les premiers pas du jeune Beaudelaire. Théophile Gautier marquait son refus des règles classiques en y promenant un homard au bout d’un ruban bleu.

* * *

*

+ de 1050 textes des conférences du CDI sont disponibles sur le site du CDI de Garches  et via le QRCode   

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués *

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.