TITANIC : DEUX AMIS AU COEUR DE LA TRAGÉDIE

Thèmes: Géographie, Histoire, Société                                                                          Conférence du mardi 8 avril 2025

TITANIC : DEUX AMIS AU COEUR DE LA TRAGÉDIE

Par David et Loïc, les blogueurs de Charente-Périgord

INTRODUCTION

Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 a lieu un des drames maritimes les plus médiatisés de son époque : le naufrage du Titanic. Cet événement a été le sujet de nombreux films, téléfilms, romans et articles de journaux. Après plusieurs expéditions de recherche, l’épave est localisée en septembre 1985 par le professeur Robert Ballard à 650 km au Sud-Est de Terre-Neuve.

Le Titanic était considéré comme le paquebot le plus luxueux de tous les temps et de nombreuses personnalités étaient à son bord mais aussi de simples immigrés qui partaient chercher fortune aux Etats-Unis et des gens de classe moyenne comme Albert Mallet et Philippe Emile Richard, deux jeunes français.

I L’aventure des transatlantiques et de la White Star Line.

L’aventure des voyages à travers l’Atlantique commence très rapidement après la découverte de l’Amérique en 1492. En effet, dès 1566 les Espagnols mettent en place la flotte des Indes afin d’assurer les échanges commerciaux entre l’Espagne et ses colonies américaines. 1820 marque le début de l’âge d’or des grands paquebots ce qui coïncide avec le début des premières vagues d’immigration vers les Etats-Unis. Les grands ports de départ se développent notamment Le Havre. Les armateurs augmentent leurs profits en embarquant les migrants qui payent leur traversée et en ramenant des matières premières.

En France c’est en 1855 que commence le développement des transatlantiques avec la Compagnie Générale Maritime (CGM) fondée à Granville par les frères Pereire et renommée Compagnie Générale Transatlantique (CGT) en 1861. Les premiers bateaux à faire la liaison entre les deux continents sont le Washington et L’Impératrice Eugénie.

En Grande-Bretagne dès 1839, Samuel Cunard fonde la Cunard Line qui sera la grande rivale de la White Star Line. Cette dernière est créée en 1845 mais connaîtra divers drames. Elle n’assure pas seulement les liaisons transatlantiques mais aussi des liaisons vers l’Australie. Le premier bateau de la compagnie le clipper RMS Tayleur fera naufrage et les déboires financiers qui s’ensuivent mènent à la banqueroute de la compagnie qui sera rachetée en 1857 par Thomas Henry Ismay pour la somme de mille livres sterling. Il décide de garder le nom de White Star Line.

Le flux migratoire ne cesse d’augmenter et les armateurs doivent s’adapter à ce marché colossal : entre 1880 et 1920 ce sont 20 millions de personnes qui arrivent à Ellis Island. On construit des bateaux de plus en plus grands tel le Lusitania construit en 1907 et qui sera coulé par les Allemands provoquant ainsi l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917.

Lors d’un dîner mondain à Londres, Joseph Ismay (fils de Thomas Henry) et Lord William Pernie décident de construire des bateaux plus grands et plus luxueux que ceux de leur concurrent, la Cunard Line, dont les bateaux misaient sur la vitesse plutôt que sur le luxe. Le financement est assuré par J.P. Morgan grand financier et banquier américain.

La taille des paquebots est telle qu’il faut dans un premier temps aménager les chantiers navals en détruisant deux ou trois cales pour n’en faire qu’une. Ces cales sont si modernes et grandes pour leur époque qu’elles seront utilisées jusque dans les années 1960. Ce sont les chantiers Harland and Wolff à Belfast qui sont chargés de la construction dans un premier temps du Olympic puis du Titanic dont le début de la construction commence 4 mois après au printemps 1909. La quille est posée puis on installe des caissons qui doivent limiter l’expansion de l’eau en cas de collision. Au printemps 1911 la coque est terminée. Elle est constituée de 2000 tôles maintenues par 3 millions de rivets qui seront minutieusement contrôlés car leur rôle est essentiel et aussi parce les ouvriers étaient payés au nombre de rivets posés.

Le 31 mai 1911 une foule immense et toute la presse assiste à la mise à l’eau du Titanic. Pour aider le paquebot à glisser dans l’eau on avait étalé de grandes quantités de graisse de baleine, d’huile de vidange et de savon le long des cales ce qui provoquait des odeurs nauséabondes.

Le Titanic est remorqué pour être armé notamment avec la pose des chaudières et des cheminées ainsi que des cloisons étanches équipées de trois sécurités. Le voyage inaugural est prévu le 20 mars 1912 cependant suite à une collision entre la Royal Navy Hawke et l’Olympic lors de sa cinquième traversée transatlantique, le départ est différé car les ouvriers doivent d’abord effectuer les réparations de l’Olympic. Le voyage inaugural du Titanic est fixé au 10 avril. Les essais en mer débutent le 2 avril 1912. Le Titanic arrive de Belfast à Southampton dans la nuit du 3 au 4 avril.  Le Titanic obtient son certificat de navigabilité et le 10 avril 1912 il appareille de Southampton vers Cherbourg puis vers Queenstown en Irlande avant de se rendre à New York. A son bord se trouvent 1324 passagers et 889 membres d’équipage.

II Deux amis au cœur de la tragédie.

A bord du Titanic on ne compte pas moins de quarante nationalités dont deux Français : Albert Mallet, originaire d’Eure-et-Loir et Emile Richard un jeune Charentais.

Philippe Emile Richard que l’on appelle Emile Richard est né en 1888 à Saint-Jean d’Angély. Sa famille sont des distilleurs et négociants en cognac. Le père et le grand-père d’Emile ont une distillerie de cognac nommée « Richard ». Emile sait lire, écrire et compter et brille lors de son service militaire obtenant le grade de sergent. Ses parents sont si fiers de lui qu’ils lui offrent un billet sur le Titanic pour son voyage inaugural.

Albert Denis Pierre Mallet est né à Anet en 1866, il est le fils cadet de Louis Mallet, médecin. On sait peu de choses sur la jeunesse d’Albert, seulement qu’à la mort de son père en 1895, il est pharmacien à Paris en face du Moulin Rouge (la pharmacie existe toujours). Une branche de la famille Mallet étant installée au Québec, Albert fait plusieurs allers-retours et on retrouve son nom sur les registres d’Ellis Island (lieu de passage obligatoire pour toute personne se rendant aux Etats-Unis ou au Canada) en octobre 1903 et en février 1908. Au Canada, il change de métier et devient négociant en vins et spiritueux comme l’un de ses cousins. Finalement il décide de revenir s’installer définitivement en France où il commence à faire bâtir une maison et il épouse Marie-Antonie Magnin en 1909. Un petit garçon prénommé Andrew naît de leur union.

En avril 1912, le couple prend le train à Saint-Lazare pour se rendre à Cherbourg. Dans le train ils sympathisent avec un jeune homme, Emile Richard mais aussi avec un couple Juliette et Joseph Laroche, ce dernier sera le seul passager noir du Titanic.

Le quatrième jour de la traversée, le paquebot heurte un iceberg vers 23h40. Le choc n’est pas violent et les passagers, qui pour la plupart dorment, ne s’inquiètent pas. Quelques marins sont envoyés pour vérifier les dégâts qui ne semblent pas très importants. Thomas Andrews, le constructeur, se rend compte que bien que les portes étanches aient bien fonctionnées l’eau commence à envahir les cinq premiers compartiments du bateau. Or, le paquebot ne peut flotter qu’avec au maximum quatre de ses compartiments remplis d’eau. Il faut donc évacuer le navire mais les passagers sont assez réticents et l’évacuation est lente. La consigne est d’évacuer les femmes et les enfants d’abord mais selon que l’on soit à bâbord ou à tribord elle n’est pas appliquée de la même façon. A bâbord on ne fait monter dans les canots que les femmes et les enfants, les canots partent donc souvent à moitié vides alors qu’à tribord on complète les places vides avec des hommes. Emile Richard et Albert Mallet sont à bâbord et ne pourront pas embarquer sur les canots. Cependant, Albert Mallet réussit à faire évacuer son épouse et son fils sur le canot n°10.   A 2h20 le Titanic disparaît au fond de l’océan avec 1500 personnes. L’eau glacée a causé bien plus de morts que la noyade car les gens avaient des gilets de sauvetage. Marie Antonie retourne en France et se remarie. Elle aura la tristesse de perdre son fils un an avant sa propre mort.

Ce sont les hommes de seconde classe qui sont les plus touchés ainsi que les membres d’équipage (3 sur 4 périssent). 48% des enfants de troisième classe trouveront la mort contre un seul de première classe.

Deux plaques honorent la mémoire d’Emile Richard et de d’Albert Mallet. Une à Anet sur un obélisque en béton, l’autre dans le mausolée de grès de Saint-Palais-sur-Mer où se reposent les parents d’Emile Richard.

CONCLUSION

De nombreux drames maritimes ont eu lieu au fil des siècles mais le naufrage du Titanic est peut-être celui qui a engendré le plus de commentaires, films, ouvrages littéraires etc. Plusieurs personnalités étaient à bord mais aussi des personnes de classe moyenne, anonymes comme Albert Mallet et Emile Richard qui sortent de l’ombre grâce au travail des blogueurs Charente-Périgord.

Bibliographie

Le Titanic de Gérard Piouffre. Édition Perrin, Paris, 2018.

Dans les profondeurs du Titanic de Paul-Henry Nargeolet. Edition Harper Collins, Paris, 2023.

La nuit du Titanic de Walter Lord. Edition J’ai Lu, Paris 1998

 

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Un commentaire

  • Jean-Michel BUCHOUD

    Jun 18, 2025

    Reply

    Merci à David et Loïc pour leur belle présentation de l'histoire du Titanic. Je me suis demandé pourquoi dans la présentation de la conférence et au cours de la conférence, le Titanic était qualifié de RMS et de HMS comme les paquebots britanniques. La réponse figure en page 100 du livre "Dans les profondeurs du Titanic" de Paul Henri Nargeolet : "Le Titanic était qualifié de RMS pour Royal Mail Ship et non pas de HMS pour His/Her Majesty's ship parce qu'il transportait sous contrat le courrier de la poste britannique. D'où le nom de RMS Titanic Incorporated fondée en 1994 aux Etats Unis pour la sauvegarde de l'épave du bateau et de tous les objets qu'il contient encore ou qui ont été récupérés lors des différentes expéditions, avec Paul Henri Nargeolet notamment.

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