HISTOIRE DE LA CLAIRIERE, MAISON DES PARENTS DE MALADES HOSPITALISES

 Thème: Société                                                                                                                                                       Mardi 24 JANVIER 2017

HISTOIRE DE LA CLAIRIERE, MAISON DES PARENTS DE MALADES HOSPITALISES

slide_laclairiere_par Madame Anne-Marie VITEAU  Cofondatrice et ancienne directrice de la Maison des Parents « La Clairière »  3, avenue Casimir Davaine à GARCHES.

INTRODUCTION

La Clairière est une maison d’accueil pour les familles de malades venant  de Province, d’Outre-Mer et de l’étranger, hospitalisés à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches. L’histoire de La Clairière est avant tout une histoire de cœur, voulue par une dame de cœur, et qui au fil des années a pu offrir près de 185 000 nuitées depuis son ouverture le 23 décembre 1978, jusqu’à sa cession à l’Ordre de Malte le 1er novembre 2000.

I – Un beau projet.

Nous sommes dans les années « soixante-dix ». Suite aux difficultés rencontrées lors des différents traitements et hospitalisations avec scolarisation de sa fille Catherine à l’hôpital Raymond Poincaré à Garches, Madame Viteau prend pleinement conscience du besoin des enfants hospitalisés d’avoir des promenades-récréations. Une quarantaine de mamans répondront vite à son appel et viendront à tour de rôle promener chaque jour de la semaine environ 12 enfants malades hospitalisés qui auparavant restaient à l’intérieur de l’hôpital. Par ailleurs, l’opportunité s’est offerte à Madame Viteau de rejoindre la Croix-Rouge pour s’occuper des visites des malades adultes hospitalisés. Elle a alors très rapidement perçu les difficultés des familles de malades hospitalisés à venir visiter leurs malades quand celles-ci viennent de très loin, sans hébergement à leur offrir. Mme Viteau vient alors renforcer le Club des loisirs et d’Entraide de l’hôpital créé par M. André Milesy ancien malade tétraplégique qui permet déjà à quelques familles de bénéficier d’hébergement grâce à des familles généreuses vivant à proximité de l’hôpital. Mme Viteau et sa famille prendront encore plus conscience de la question du logement lors d’un séjour à Berck de leur fille. Au retour, Mme Viteau prend résolument contact avec le Maire de Garches, Me Bodin, pour essayer de créer à Garches une structure d’accueil pour les parents des malades. En septembre 1974, c’est la rencontre avec M. Yvetot, membre du Rotary qui lui conseille de créer une association afin de lancer le projet. En novembre 1974, les statuts de l’association COMERFA COMité d’Etude et de Réalisation d’un Foyer d’Accueil sont déposés en préfecture. C’est le point de départ d’une belle aventure. Il ne reste plus qu’à concrétiser le projet.

L’Assistance Publique AP-HP possède à proximité de l’hôpital Raymond Poincaré à Garches un terrain de 3 ha fruit du lègue de Mme Veuve Casimir Davaine en 1891. Sur ce terrain de la fondation Casimir Davaine se trouvait la belle bâtisse que Mme Veuve Davaine avait également léguée, « pour recevoir des filles convalescentes ou de faible constitution et de toute religion ; elles ne devront pas avoir moins de 4 ans et pas plus de 12 ans ». Quelques décennies plus tard, ce sera une crèche pour les enfants du personnel de l’hôpital.

Mais qui était Casimir Davaine ? Né à Saint-Amand-les-Eaux le 12 mars 1812, Casimir Davaine fut médecin à Paris et son cabinet recevait nombre de personnages célèbres ; il fut médecin consultant de Napoléon III. Il fut précurseur de Pasteur avec sa découverte du la bactérie du charbon. Casimir Davaine est décédé à Garches le 14 octobre 1882. Sa propriété de Garches deviendra la Fondation Davaine.

L’AP-HP est prête à céder une partie 1 820 m² de terrain sur les 3 ha de la fondation Davaine au COMERFA, à condition que le projet de construction soit couvert par au moins 80% de son coût. Le terrain étant identifié, il reste à imaginer la structure. Le projet présenté par l’Atelier des Architectes Associés avec M. Tudez, garchois est retenu pour un bâtiment de 700m² sur deux niveaux et un devis est établi : il faudra un budget de 2,5 millions de francs soit 400 000 euros actuels. La « chasse » aux dons, subventions et cotisations commence. Le COMERFA obtiendra des subventions du ministère de la Santé, Mme Simone Veil étant alors ministre, de la CNAF grâce à l’intervention de Mme Giscard d’Estaing, du GNOSSAL (1% patronal à la construction) grâce à M. J.P. Fourcade alors ministre de l’Equipement et du Conseil Général par M. J. Baumel député-Président – Les dons de particuliers, dont de nombreux garchois et de gros donateurs non-garchois, voire étrangers, ainsi que des mécénats d’entreprise compléteront les besoins. Le budget de 2.5 millions de francs étant alors couvert à plus de 82%, le terrain peut être attribué et le chantier s’ouvrir le 21 septembre 1977. M. Yvetot gravement malade depuis une année, donne à ce moment sa démission de président du COMERFA. Anne-Marie Viteau et Jeannine Lemaignan prennent le relais. La première pierre sera posée le 14 novembre 1977 par Madame Giscard d’Estaing, en présence de Monsieur le Préfet des Hauts-de-Seine de Jacques Baumel député-maire de Rueil-Malmaison de M. Pallez, directeur général de l’Assistance Publique et de Maître Bodin, Maire de Garches.

La maison se compose au rez-de-chaussée : d’un appartement de fonction de 80 m² pour la gardienne et sa famille, d’une grande cuisine équipée à disposition des familles, d’un salon-séjour, d’une lingerie-buanderie, chaufferie, d’un bureau et de quatre chambres à deux lits pour accueillir les handicapés, salle de bains, douche.  Au premier étage : onze chambres pour les familles avec cabinet de toilette ; 80m² seront en attente pour quatre chambres supplémentaires. Tout l’aménagement de la maison est conçu pour être fonctionnel et adapté aux familles et aux handicapés eux-mêmes.

Le gardiennage sera assuré par un couple ayant un enfant handicapé en soins externes à l’hôpital Raymond Poincaré, ce qui correspond parfaitement à l’esprit de la Clairière. La gardienne – la seule personne salariée – devra assurer l’accueil le soir, cette tâche étant assurée durant la journée par les bénévoles.

Après tant d’efforts, le 23 décembre 1978 c’est l’ouverture et le premier Noël de la Clairière. Le rêve de tous se réalisait. Autour du sapin et de la cheminée qui flamboyait, rappelée par la toile offerte par Mme Marie-Jeanne Doutriaux, artiste peintre-sculpteur garchoise, c’était vraiment un Noël de paix et de joie dans les cœurs. L’inauguration officielle aura lieu le 29 mai 1979, le député-maire de Rueil-Malmaison J. Baumel coupant le ruban en présence de nombreuses personnalités dont les directeurs de la DDASS, de l’AP-HP, de l’hôpital Raymond Poincaré et les professeurs de cet hôpital, de Me Bodin maire de Garches et du Père Fallot, aumônier de l’hôpital. Mme Anne-Marie Viteau reprendra alors cette phrase de Louis Pasteur : « Je ne te demande pas quelle est ta race, ta nationalité ou ta religion, mais quelle est ta souffrance », qui aurait pu être inscrite au fronton de La Clairière.

II – La Clairière au fil des années.

           En 1980, afin de faciliter le passage des fauteuils roulants, le maire accepte d’aménager un trottoir spécial le long du mur de la Fondation Davaine.

1982 de nouveaux dons permettent d’ouvrir quatre nouvelles chambres sur les 80m² en réserve. La vie continue avec ses activités dédiées à l’amélioration de la qualité de vie des enfants handicapés ; par exemple une fois par mois un goûter est organisé pour les enfants avec les institutrices et les bénévoles. Des fêtes particulières sont organisés par tous et pour tous pour Noël, l’Epiphanie, la Chandeleur etc. On joue et on raconte des histoires, on cherche des livres à la bibliothèque, on se rassemble autour de la cheminée ou sur la terrasse, on prend ses repas avec les enfants ou les adultes hospitalisés, en groupe ou en familles. Des conférences sont données par les professeurs de l’hôpital à l’occasion des assemblées générales de l’association.

En 1986, commence la réorganisation de la Clairière –  En mai 1987, se tient à la Clairière la dixième rencontre nationale des responsables de Maisons Familiales Hospitalières. En 1989, on fête les dix ans de la Maison de la Clairière en présence de Madame Giscard d’Estaing et de nombreuses personnalités. Le fonctionnement de La Clairière s’appuie sur les nombreux bénévoles, parmi lesquels on peut citer Mme Viteau la directrice, MM. ou Mmes Lemaignan, Lematayer, Picard, Marchais, Peyré, Delvallet, Lemasson et bien d’autres, avec l’assistance de trois personnes appointées à temps partiel (la gardienne, une secrétaire, une femme de ménage) – Le bilan de cette première décennie est très positif : 7 530 personnes de toutes origines ont été accueillies, représentant 77 500 nuitées. Le prix demandé pour l’hébergement est fonction des ressources des familles des malades.

En 1990, la gardienne Mme Lopez tombe gravement malade – malheureusement elle quittera ses fonctions l’année suivante – et une nouvelle organisation doit être trouvée. Le relais est assuré par la mère d’un jeune libanais en long séjour dans le service du professeur Barois ; elle n’occupera qu’une chambre. L’entrée en vigueur de nouvelles normes et des besoins de modernisation amènent à entreprendre certains travaux ; l’appartement de fonction vacant est transformé en chambres. Les travaux se font grâce au financement des « Pièces jaunes », du SED de Vaucresson, du CR2C, et de l’AGBB de Garches. Les entreprises locales sont sollicitées. 1993 est aussi l’année où les rideaux, confectionnés par les bénévoles, ont été changés et où a été accroché le dyptique « La prairie du silence » offert par l’artiste garchoise Mme Simone Auriche.

En janvier 1999, la Clairière fête ses vingt ans, en présence notamment du député J. Baumel, du maire J. Gauthier, de la directrice de l’hôpital Mme Quesada ; M. Misset représente alors notre partenaire le Rotary. Et le bilan est toujours aussi positif. Quelque 16 000 familles reçues et 185 000 nuitées proposées en vingt ans. Avec des familles de malades venant de toute la France, des DOM-TOM et de l’étranger.

Des changements majeurs dans la gestion de La Clairière interviendront peu après, la Présidente-directrice Anne-Marie Viteau étant contrainte de se retirer pour raisons de santé. Ainsi en mars 2000 se tient la 25ème et dernière assemblée générale du COMERFA qui décide de transmettre La Clairière – gestion et trésorerie – à l’association des Œuvres Hospitalières Françaises de l’Ordre de Malte, OFHOM, le 1er novembre en présence de son président M. de Dumast. En 2003, l’OFHOM se désiste en faveur de son homologue protestant de l’Ordre de Saint-Jean qui reprend la gestion de La Clairière, rebaptisée depuis Maison des Parents Saint-Jean La Clairière.

CONCLUSION – REMERCIEMENTS

Partie d’un besoin, la Maison de La Clairière, est devenue un lieu de réconfort et de soutien aux familles d’enfants et d’adultes hospitalisés à Raymond Poincaré grâce l’immense dévouement et à la générosité de très nombreux bénévoles à l’activité inlassable, avec la participation active du personnel médical et administratif et de l’hôpital Raymond Poincaré. Ce fut certes un parcours du combattant, mais ne dit-on pas que la foi déplace les montagnes. Démarrée en 1974 avec la création de l’association COMERFA, concrétisée par l’ouverture de  « La Clairière »  le 23 décembre 1978 – un vrai conte de Noël Cette belle aventure garchoise aura duré jusqu’au 1er novembre 2000, date à laquelle La Clairière a été reprise par l’Ordre de Malte. La Clairière aura été le premier foyer d’accueil hospitalier en France construit par une association sur un terrain appartenant à l’Assistance Publique. La devise de La Clairière était alors cette phrase de Louis Pasteur « Je ne te demande pas quelle est ta race, ta nationalité ou ta religion mais quelle est ta souffrance ».

Que La Clairière reste un lieu d’accueil hospitalier, un havre de paix et de solidarité est le vœu le plus cher de Mme Anne-Marie Viteau, sa cofondatrice et ancienne directrice.

 

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