ABEILLES DES VILLES, ABEILLES DES CHAMPS

Thèmes: Sciences Naturelles – Société                                                                                                                                   Mardi 29 Janvier 2013

ABEILLES DES VILLES, ABEILLES DES CHAMPS

Par Francois LASSERRE, OPIE et Nicolas GEANT, PDG de NICOMIEL

La thématique qui a été développée le 29 janvier dernier a été organisée grâce au partenariat avec l’ASEVE (Association Sauvegarde Espaces Verts et Environnement Garches et environs). Lors de cette conférence, nos deux intervenants ont su faire preuve d’une complicité remarquable pour nous éclairer sur le monde des abeilles et la place de l’apiculture dans notre société actuelle.

1ère partie – OPIE (Office Pour les Insectes et leur Environnement)

par Francois LASSERRE

Sur notre terre sont recensées environ 1,8 millions d’espèces vivantes (plantes, animaux, insectes et humains confondus) dont 1 million d’insectes connus à ce jour. En France, sont répertoriés 50 000 espèces vivantes mais la palme revient aux insectes qui sont estimés à plus de 40 000 espèces différentes. Pour exemple, il existe plus de 200 espèces de fourmis, 7 000 espèces de guêpes et environ 1 000 espèces d’abeille.

Comme les fourmis ou les guêpes, les abeilles font partie de l’ordre des Hyménoptères (du grec hymen= membrane, ces insectes étant munis d’ailes translucides et membraneuses). Sept familles sont représentées en Europe : Collétides, Halictides, Andrénides, Mélittides, Megachilides, Anthrophorides et Apides. Les Apides comprennent les abeilles sociales c’est à dire l’abeille domestique et les bourdons. Les autres familles rassemblent les abeilles généralement qualifiées de « solitaires » car, chez ces espèces, la femelle nidificatrice édifie ses nids sans l’intervention d’autres femelles.

Les nids sont généralement constitués dans des galeries creusées dans la terre ou dans les troncs et branches des arbres. Celui-ci a une forme de tube, il sera séparé en cellules au fur et à mesure. L’abeille pond un œuf au fond, place une réserve de nourriture pour la larve et bouche cette cellule par de la terre en recommencant jusqu’à ce que le nid soit plein. Ces abeilles sont surtout connues pour être des pollinisatrices très efficaces, notamment dans nos jardins et leur déclin ne cesse d’inquiéter. Alors, bien sûr, il faut éviter les pesticides, préserver quelques coins sauvages au jardin et les aider en leur proposant des abris adaptés…

A l’inverse de l’abeille solitaire, l’Apis Mellifera est sûrement la plus connue de nous tous, celle que nous appelons « l’Abeille à miel », est un insecte social. Les Apis Mellifera ne peuvent avoir une existence isolée et ont besoin de vivre en colonie. Une colonie très fortement organisée, toujours composée d’ouvrières, de faux bourdons et d’une seule reine.

Les ouvrières sont exclusivement des abeilles femelles, les plus nombreuses de la colonie (environ 30000 à 70000 par ruche). Dans la colonie, où elles travaillent sans répit, elles sont chargées de toutes les tâches inhérentes au bon fonctionnement de la ruche et vont les exercer toutes successivement au cours d’une vie qui, en moyenne, ne dure que quelques semaines (environ 45 jours).

Durant les quatre premiers jours de sa vie, l’ouvrière nettoie les alvéoles et entretient la ruche. Du 5ème au 11ème jour, elle est nourrice et gave de gelée royale les larves des cellules royales. Les 11ème et 13ème jours, elle devient magasinière : son rôle consiste à stocker le pollen et le nectar dans les alvéoles et à ventiler la ruche. Du 14ème au 17ème jour, les glandes à cire de son abdomen s’étant développées, elle devient cirière et bâtit les rayons. Du 18ème au 21ème jour, elle est sentinelle et monte la garde à l’entrée de la ruche pour en chasser tous les intrus, guêpes, papillons et même faux bourdons. A partir du 22ème jour, et jusqu’à sa mort, elle ira de fleur en fleur récolter nectar, pollen et propolis : elle devient butineuse et apporte la nourriture à la ruche.

Les faux bourdons sont les seuls mâles de la colonie. Plus gros, plus ronds, plus poilus que les ouvrières, ils sont tolérés au sein de la ruche en tant que « fécondeurs » potentiels de la reine et y vivent au printemps et en été.

Seuls quelques uns y parviennent, au cours d’un vol nuptial unique et … mortel. Car une fois accomplie leur mission de reproducteurs, ils meurent l’abdomen arraché. Dès qu’ils sont sortis de la ruche, les ouvrières ne les laissent plus rentrer, car ils sont considérés comme des bouches inutiles à nourrir; ceux qui sont restés à l’intérieur, sont impitoyablement expulsés et livrés à eux-mêmes. Incapables de subvenir à leurs besoins, ils sont condamnés à une mort prochaine.

2nde partie – SARL NICOMIEL

Par Nicolas GEANT

L’apiculteur est un «éleveur d’abeilles». Son métier consiste  à surveiller les ruches afin de récolter des produits apicoles comme le miel, la cire, le pollen ou la gelée royale. L’apiculteur soigne les colonies d’abeilles et entretient les ruches. Il contrôle la production du miel, en s’assurant de la bonne santé de la reine et l’activité des abeilles ouvrières, notamment en période de floraison des plantes. Ce professionnel assure encore la survie et la reproduction d’une colonie, grâce à l’élevage des reines.

Si les abeilles se nourrissent normalement seules, elles ont besoin d’avoir un environnement adapté. L’apiculteur doit donc mettre à leur disposition tout ce qui leur est nécessaire en termes de flore et de ressources en eau. Il est apte à installer un rucher ou à recueillir un essaim. Il peut également conseiller un agriculteur qui souhaite faire polliniser ses cultures. Il est alors rémunéré pour déplacer ses ruches et favoriser la fécondation des végétaux.

Enfin, l’apiculteur doit également assurer la transformation et la vente des produits issus de ses ruches. Pour mettre en avant ses produits, il participe souvent à des foires ou des salons. Il peut commercialiser les produits élaborés par les abeilles (gelée royale ou cire) tout autant que les éléments produits par la nature elle-même (miel, pollen ou propolis).

Quoi qu’il en soit, la passion reste le maître mot de l’apiculteur, qu’il soit amateur ou professionnel. C’est en effet souvent la passion qui pousse à devenir apiculteur de métier. Un apiculteur qui s’installe et qui compte vivre de sa production doit faire preuve de beaucoup de volonté pour continuer son élevage, car il doit régulièrement affronter les problèmes de mortalité des abeilles liés aux facteurs climatiques, à la pollution, aux pesticides, aux prédateurs et aux maladies.

Nicolas GEANT est un apiculteur qui tend également à remettre au goût du jour l’apiculture urbaine. En s’appuyant su le décret datant de Napoléon III, Nicomiel installe chaque année de nombreuses ruches sur les toits Parisiens. Car cela peut paraître surprenant mais il faut savoir que l’abeille se porte très bien en ville.

Les ruches urbaines seraient donc plus adaptées pour les abeilles, mais pour quelles raisons ?

L’environnement de la ville, de façon totalement anachronique, est moins destructeur pour l’abeille que ne l’est la campagne aujourd’hui, car les abeilles souffrent massivement des pesticides, des épandages qui peuvent être réalisés et de tous les traitements. Elles souffrent aussi de la réorganisation agricole avec la disparition des haies, qui sont des sites de nutrition pour les abeilles grâce aux fleurs, et d’habitation grâce aux ronces. Cela n’existe plus et c’est parfaitement nuisible pour l’apiculture. Il y a aussi les déserts verts, ces centaines d’hectares consacrés au regrat (herbe à vache) ou à d’autres cultures, dans lesquelles l’abeille ne trouve aucune nutrition possible. Aujourd’hui, l’abeille est plus heureuse en ville grâce aux parcs des jardins publics qui sont maintenant réfléchis pour leur floraison, et qui, point essentiel, utilisent de moins en moins les pesticides. S’ajoute à ça le fait que beaucoup de gens ont sur leur bacon des fleurs, et que les abeilles vont chercher leur nourriture, là où elle se trouve. En outre, l’abeille ne semble pas subir les affres de la pollution car le meilleur vecteur qu’on ait pour le savoir, c’est la production de miel d’abeilles qui est double, même dans des zones très surprenantes comme la Défense où la production y est, semble t il excellente.

En savoir plus…

Coté Web:

Le résumé de cette conférence sur le site de l’ASEVE:

http://aseve92.blogspot.fr/2013/02/conference.html#more

Site OPIE: http://www.insectes.org/opie/monde-des-insectes.html

Site NICOMIEL: http://www.nicomiel.com/

Réflexion sur l’apiculture urbaine : http://www.la-sca.net/spip.php?article156