LA MALADIE D’ALZHEIMER

Thème : MÉDECINE ET SCIENCES NATURELLES                                                                                                                     Mardi 25 novembre 2003

LA MALADIE D’ALZHEIMER

par le Docteur Patrick Dewavrin, Directeur de la Villa d’Epidaure

En 1907, un médecin allemand, Aloïs Alzheimer, mettait en évidence les deux types de lésions cérébrales qui caractérisent ce qui s’appelle maintenant la « maladie d’Alzheimer ». Ses observations concernaient une femme de 51 ans.

Les lésions de la maladie d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer est une démence neurodégénérative qui résulte de l’installa­tion progressive, et à l’heure actuelle irréversible, de deux types de lésions dans l’ensemble du cortex cérébral.

Le premier type de lésion correspond aux plaques séniles. Celles-ci sont constituées d’a­mas de protéines amyloïdes. Cette protéine, nécessaire au bon fonctionnement du corps humain, devient toxique lorsque sa concentration dépasse un certain seuil dans le tissu cérébral. Elle se dépose alors lentement et progressivement dans la totalité du cerveau et notamment dans la substance grise du cortex (là où se situent les cellules nerveuses). La substance amyloïde en excès va détruire progressivement les neurones, en particulier ceux impliqués dans les fonctions intellectuelles (mémoire, lecture, écriture, langage, reconnaissance visuelle, etc..).

Les neurones qui dégénèrent se remplissent de filaments pathologiques. Il s’agit du deuxième type de lésions. La protéi­ne tau s’accumule sous forme de filaments anormaux dans les cellules nerveuses. Ce processus se nomme la dégénérescence neurofibrillaire. Celle-ci démarre dans l’hippocampe,  » l’en­tonnoir de la mémoire « . Elle se poursuit ensuite, comme une réaction en chaîne, dans les régions corticales associatives, puis dans l’ensemble du cortex cérébral. Elle se termine par la mort de millions, puis de milliards de neurones, entraînant ainsi l’apparition des signes cliniques de perte de mémoire, puis de démence.

D’autres cellules participent au processus dégénératif, en particulier les cellules glaires : les asticotes et les cellules microgliales.

Diagnostic de la maladie

On distingue différents types de mémoire :

  • la mémoire de travail permet de garder à l’esprit des informations pendant 1 à 2 minutes
  • la mémoire épisodique, celles des événements de vie, est la première touchée par la maladie
  • la mémoire sémantique est celle des mots
  • la mémoire procédurale est celle des gestes
  • la mémoire inconsciente

Le diagnostic différentiel entre un trouble de la mémoire bénin et grave n’est pas tou­jours facile. Dans le premier, l’information est enregistrée, mais on n’arrive pas à la récupé­rer dans le cerveau. Dans le deuxième, l’information n’a jamais été enregistrée.

Dans ce que l’on appelle globalement la mémoire, il faut voir en effet trois phénomè­nes distincts. Il faut d’abord  » encoder  » l’information, c’est-à-dire, pour utiliser une méta­phore informatique, la graver sur le disque dur. Le deuxième aspect est celui du maintien en mémoire. Enfin, il faut évidemment pouvoir récupérer cette information pour l’utiliser à nouveau.

Lorsqu’on vieillit, le problème n’est pas le maintien en mémoire, mais l’attention ou la faculté de rappel. Si l’on oblige le sujet à mémoriser quelque chose, il l’encode, car il est for­cé d’y prêter attention. Du coup, le rappel se trouve facilité. Par exemple, si l’on donne à un sujet âgé trois mots à se rappeler à apprendre, et que le lendemain on lui demande ce qu’il a retenu ( » rappel libre « ), ses performances seront médiocres par rapport à celles d’une per­sonne jeune ; si, en revanche, on lui fournit un indice ( » rappel indicé « ), tel que  » dans la liste, il y avait un nom de poisson « , le nom en question lui reviendra presque immanqua­blement. Dans les deux cas, attention et rappel, il s’agit de fonctions de contrôle, exercées par les lobes frontaux de notre cerveau. Lorsque l’attention et le rappel sont déficients, ils engendrent des troubles de mémoire bénins, donc réversibles. Lorsque l’enregistrement de l’information est impossible, il s’agit d’un trouble de mémoire grave, inaugural de la maladie d’Alzheimer.

La maladie d’Alzheimer, un problème de santé publique

5% des personnes de plus de 65 ans et jusqu’à 20 % des plus des 85 ans sont atteints de la maladie d’Alzheimer. En France, cette maladie toucherait actuellement 400 000 person­nes. Avec 60 000 nouveaux cas par an, ce fléau silencieux est la 4ème cause de mortalité dans notre pays.

Selon les estimations, en 2020, par exemple, le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans atteintes de la maladie, va doubler.

Auparavant, on utilisait d’autres termes : gâtisme, démence sénile, concepts totalement abandonnés.

En raison du vieillissement de la population, le nombre de cas va augmenter.

Dramatique pour le malade, cette maladie plonge l’environnement familial dans la détresse morale et la solitude, surtout dans les phases tardives où le malade nécessite une sur­veillance 24 heures sur 24. A ces épreuves s’ajoutent des frais notamment de tierce personne à domicile, de protection sanitaire et d’hébergement. Au total, une maladie d’Alzheimer coûterait 1,2 millions de francs par patient. (180 000 Euros).

L’espoir de la recherche :

Ces dix dernières années, les efforts de recherche ont débouché sur une bonne connaissance des mécanismes pathologiques responsables de la dégénérescence des cellules nerveuses. Ainsi, l’origine de la pathologie résulte d’un dysfonctionnement de deux protéi­nes, l’amyloïde et la protéine tau.

Plusieurs approches thérapeutiques susceptibles de rectifier les anomalies de ces pro­téines ont été proposées.

Actuellement, la stimulation des cellules nerveuses cholinergiques (une catégorie de cellules nerveuses qui gèrent la mémoire) permet de ralentir l’évolution des signes cliniques. Plusieurs médicaments basés sur cette stratégie sont déjà disponibles. D’autres sont en pré­paration.

La maladie d’Alzheimer est diagnostiquée de plus en plus précocement. Par consé­quent, les traitements sont plus efficaces et mieux ciblés.

Enfin, les études épidémiologiques permettent également de caractériser les facteurs qui accélèrent ou ralentissent la maladie d’Alzheimer. Chaque facteur est une piste théra­peutique pour les médicaments déjà disponibles, ou en cours d’élaboration : anti-inflamma­toires, anti-radicaux libres, neurostéroïdes, apolipoprotéine E, anti-hypertension, etc.

En savoir plus …

Coté Livres :

La maladie d’Alzheimer

Auteur : Georges Lambert

Editeur : Milan

ISBN : 2745921339

http://www.amazon.fr/maladie-dAlzheimer-Georges-Lambert/dp/2745921339

Coté Web :

http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/alzheimer.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_d’Alzheimer.

http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=alzheimer_pm

http://www.francealzheimer.org/

http://www.med.univ-rennes1.fr/etud/pharmaco/alzheimer.htm

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