LA REVOLTE ARABE ET LAWRENCE D’ARABIE

Thèmes: Histoire                                                                                                                                                     Mardi 15 Mars 2016

LA RÉVOLTE ARABE ET LAWRENCE D’ARABIE

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par Monsieur Yves BODIN, Président du CDI et Maire honoraire de Garches.

INTRODUCTION

Au début du XXèm siècle l’Empire ottoman se cantonne à l’Arabie, la Turquie , la Syrie, la Jordanie et le Liban. Tous les territoires en Europe ayant été perdus au fil des conflits. En ce début de siècle l’Empire ottoman est donc très faible. Par ailleurs, la péninsule arabique est organisée en tribus mais qui parlent toutes la même langue et qui ont une religion et une culture commune ce qui sont des éléments essentiels pour une éventuelle unité. Un homme jouera un rôle capital dans la révolte arabe contre les Ottomans : Thomas Edward Lawrence plus connu sous le nom de Lawrence d’Arabie. 

I -Le contexte

A la veille de la première guerre mondiale la péninsule arabique est sous l’autorité de l’Empire ottoman bien que chaque tribu ait son chef, les chérifs. Le chérif le plus important et dont l’autorité est incontestée est Hussein, calife de la Mecque, haut chef-lieu de l’islam. Hussein ayant un grand pouvoir moral sonne la révolte contre les Ottomans en 1915. A l’automne 1914, l’Empire ottoman entre en guerre aux côtés des Empires centraux, Autriche-Hongrie et Prusse par conséquent contre la Grande-Bretagne qui contrôlait l’Egypte. Le commandement anglais au Caire avait fait des promesses au sultan Hussein afin de l’inciter à la révolte mais ces promesses ne seront jamais tenues. Pour parler avec Hussein, Sir Henry Mac Mahon, haut-commissaire des forces britanniques du Caire, dispose d’un agent de liaison exceptionnel, T.E Lawrence. Ce dernier parlait très bien arabe pour avoir vécu parmi les tribus de Syrie lors de longues fouilles archéologiques notamment à Karkémish. Cette expérience avait permis à Lawrence de maîtriser un arabe parlé et également de bien s’imprégner des mœurs et coutumes des Arabes.

Fin 1914, une armée anglo-indienne était établie le long de l’Euphrate afin de protéger Mossoul. Cette armée était encerclée par l’armée turque qui la laissait mourir de faim et subsister dans de terribles conditions. Le bureau du Caire souhaitait avoir un bilan précis de la situation mais à l’époque il n’y avait ni avions ni liaison de communication directe par conséquent la seule solution était d’envoyer un émissaire sur place. Mac Mahon envoie Lawrence qui une fois sur place sera horrifié de voir dans quelle situation se trouvent les soldats anglais. Il en restera très marqué.

Lawrence revient au Caire en été 1916. Mac Mahon souhaite également avoir un aperçu précis de l’armée de Hussein, à nouveau il fait appel à Lawrence qui débarque donc à Rabegh au nord de Djedda, sur la mer Rouge. Lawrence est très bien accueilli mais Fayçal, le fils de Hussein qui commande l’armée de son père n’est pas là au grand désespoir de Lawrence. On l’informe que Fayçal est à la Mecque, lieu interdit sans autorisation de Hussein. Après avoir obtenu le sésame Lawrence part la nuit du 23 octobre 1916 et rencontre Fayçal deux jour plus tard. Lawrence et Fayçal sympathisent et l’Anglais verra en Fayçal un homme d’Etat compétent et cultivé. Lawrence rentre au Caire où il est nommé agent de liaison de l’armée britannique. Lawrence se précipite à nouveau chez Fayçal en débarquant à Yambo. Dès son arrivée, Fayçal lui conseille de se vêtir comme un Arabe et de se déplacer à dos de chameau. Lawrence gardera ces habitudes jusqu’à la fin de sa mission en octobre 1918.  Lawrence s’intéresse  de façon méthodique à l’armée de Fayçal et étudiera avec précision la stratégie à adopter contre les Ottomans.

II – Les actions 

Dès le début de sa collaboration avec Fayçal, Lawrence note l’importance de la voie ferrée qui relie Médine à Damas et qui est le moyen essentiel pour les Turcs de contrôler la majeure partie de la péninsule arabique. Cette ligne de train est si importante que les Turcs ont installés de façon régulière des points de contrôles tout le long de la ligne. Tout le ravitaillement des troupes turques postées à Médine, même l’eau, dépend de cette ligne  La destruction de cette ligne de chemin de fer devient le but des opérations arabes.

En mars 1916 a lieu le premier raid. Le fortin de Abu-el-Naam est dynamité et les Arabes font des prisonniers. Par ailleurs, les Bédouins qui traditionnellement se payent en pillant appliquent leur tradition est sortent très satisfaits de cette première attaque. De nombreux autres raids auront lieu.

En ce qui concerne la diplomatie, la Grande-Bretagne et la France voient dans le déclin de l’Empire ottoman une opportunité pour contrôler de nouveaux territoires au Proche Orient. Un accord est signé en janvier 1916, c’est l’accord Sykes-Picot. Cet accord, signé sans avoir consulté Mac Mahon mais qui doit le respecter, donne autorité à la France sur la Syrie et le Liban et la Grande-Bretagne contrôle la Palestine, la Jordanie et la Mésopotamie. Lawrence qui était au courant de cet accord devait tenir compte des partages territoriaux qui émanaient de l’accord Sykes-Picot. Ainsi Fayçal qui souhaitait aller en Syrie et pas seulement faire des raids voit son projet contredit car cela pourrait amener à entrer en conflit contre les forces françaises.

Les raids continuent et en 1917 Lawrence et l’armée arabe prennent El Ouedj. A la suite de quoi Lawrence souhaite prendre le port d’Aqaba sur la mer Rouge. C’est un port d’une grande importance stratégique pour les Turcs car c’est leur seul accès à la mer Rouge. Les Turcs ont prévu l’essentiel de la défense d’Aqaba contre une attaque maritime car le désert semblait être une protection suffisante pour une éventuelle attaque terrestre. Pour prendre Aqaba, Lawrence organise une action commune entre les troupes arabes et les forces de Auda Abu-Tayi, chef des Howeitat. L’attaque a été décidée sans la consultation de l’Etat-major anglais au Caire. Le 6 juillet 1917, Aqaba tombe aux mains des Arabes suite à une attaque terrestre qui prend les Turcs au dépourvu. Cependant sans logistique, l’armée arabe est fatiguée et affamée. Lawrence a besoin de l’aide britannique et il part donc à dos de chameau à travers le Sinaï. Finalement l’armée arabe est ravitaillée. Lawrence souhaite satisfaire les vues de Hussein et veut remonter vers le nord vers Alep et Damas. Mais, au Caire, Allenby qui avait remplacé Mac Mahon, souhaitait avant tout que Lawrence et ses troupes arabes protègent le côté droit de l’armée britannique. Fayçal accepte car c’est aussi la route vers Damas.

Les raids sur le chemin de fer reprennent mais si ils font des dégâts ils ne sont pas définitifs car les Turcs réussissent à réparer rapidement. On décide donc de de détruire un pont près de Deraa mais les troupes d’Abdel Kader  désertent au dernier moment et le pont ne peut être détruit. En novembre 1917 Lawrence échoue dans sa tentative de faire sauter à la dynamite l’important viaduc de Tell el-Shehab sur le Yarmouk, un affluent du Jourdain. Par la suite on essaye de détruire Maan, importante garnison turque. Là encore c’est un échec car l’organisation est déplorable, Lawrence étant lui même obligé de placer les charges de dynamites. Cependant, l’armée arabe réussit à conquérir Tafileh au sud de la mer Morte. C’est un point important pour la protection des troupes britanniques. Après avoir constaté que Zeïd, un des fils de Hussein, avait dépensé tous les fonds prévus pour l’armée arabe, Lawrence est obligé de rentrer au Caire. Il est frustré et découragé, il demande une autre affectation. Finalement Lawrence repart en février 1918. A la veille de lancer l’attaque en août 1918, Lawrence avait tout organisé et les troupes arabes étaient plus ou moins intégrées dans l’armée britannique. Les Français ne voulaient pas que les Arabes entrent en premier à Damas. Lawrence avait pour mission de prendre Deraa et rompre l’embranchement du chemin de fer. Lawrence pense que les troupes ne sont pas prêtes car Deraa est une ville très bien protégée. Il décide donc de couper le chemin de fer au nord, au sud et à l’ouest de Deraa afin d’isoler totalement la ville. L’opération tourna au fiasco car le groupe de démolition chargé du sud se perd. Cependant, la voie est coupée au nord et les troupes turques, en pleine déroute, sont obligées de se rendre car elles ne peuvent se replier au nord. Les Turcs commettaient des exactions localement ce qui a beaucoup choqué Lawrence à la suite de quoi il décide de massacrer les soldats turcs qui se rendent. Le 20 septembre 1918 Deraa est conquise. Le Général Allenby est satisfait et il écrit à Lawrence qu’il ne s’oppose pas à ce que les troupes de Fayçal entrent les premiers à Damas. Ce sera le cas le 1er octobre 1918. Lawrence entre à Damas trois heures plus tard. Il entre à l’hôtel de ville où il trouve un groupe qui s’était auto-proclamée au commandement de Damas. Il s’ensuit un heurt entre les nouveaux arrivants et le commandement local. Finalement Fayçal sera nommé gouverneur de Damas. Lawrence démissionne et le 4 octobre 1918, il repart au Caire et de là en Grande-Bretagne.       

CONCLUSION 

T.E.Lawrence qui est devenu célèbre comme Lawrence d’Arabie mérite son surnom au vu de son rôle essentiel dans la révolte des tribus arabes envers l’Empire ottoman. Les Arabes voulaient profiter de l’affaiblissement de l’Empire ottoman et de la première guerre mondiale pour obtenir un royaume indépendant. Cependant c’était sans compter sur l’appétit des puissances européennes pour contrôler de nouveaux territoires. 

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