GARCHES EVOLUTION, POUR TOUS CEUX QUI SOUHAITENT EN SAVOIR PLUS SUR LEUR CITE

Thèmes: Histoire, Société                                                                                                                                      Mardi 29 Mai 2018

GARCHES EVOLUTION, POUR TOUS CEUX QUI SOUHAITENT EN SAVOIR PLUS SUR LEUR CITE
Par Monsieur Yves Bodin, Avocat Honoraire au Barreau de Paris et Maire Honoraire de Garches.

INTRODUCTION

Si dans l’actualité Garches est une commune de la petite couronne considérée comme une ville dortoir, il n’en fut pas toujours ainsi et Garches a été pendant de longs siècles un village agricole puis avec l’arrivée du chemin de fer, un village de villégiature où l’on venait se promener aux beaux jours. Certains bâtiments méritent que l’on s’y attarde comme c’est le cas de l’église ou de l’hôpital.

I – Un village nommé Garziacus.

Grâce à Grégoire de Tours nous savons qu’un petit village nommé Garziacus existait déjà en 650. Le village est mentionné au moment où le roi Dagobert Ier s’y rend afin d’y réunir une assemblée de notables. A cette époque on disait Garziacus de Saint-Cloud afin de le distinguer d’autres villages portant le même nom. Saint-Cloud avait pris de l’importance du fait que le Pape avait canonisé le saint, faisant de son lieu de résidence un lieu de pèlerinage. Par ailleurs, les environs de Garziacus étaient couverts de bois, permettant au roi Dagobert de chasser, ce qui était un de ses passe-temps préféré.

La raison de l’existence de Garziacus est due à son eau qui coulait par l’actuelle Porte Jaune. Saint-Cloud est située à 90 mètres d’altitude par rapport à la Seine, puis on trouve une pente douce sur le territoire actuel de Garches, ce qui convenait parfaitement à la culture de la vigne. Cette dernière était bien plus rentable que le blé ou l’élevage de moutons, c’est pourquoi une petite communauté prospère s’était installée à Garziacus.

II – Garches, du Moyen-Âge à la Révolution.

En 1280, Robert de la Marche, un noble qui avait été prêtre à l’abbaye de Saint-Germain devient clerc du roi Louis IX et tisse des liens avec le souverain. Robert de la Marche achète un terrain à Garziacus et constate qu’il n’y a pas de paroisse alors qu’il existait déjà une église à Marnes-la-coquette et à Vaucresson. En 1298, vingt ans après la mort de saint Louis et un an après sa canonisation, Robert de la Marche y fait construire une chapelle dédiée à Saint Louis, c’est la première au monde. Robert de la Marche devient le premier curé de Garches.

Au XVIIe siècle, Louis XIV décide de s’installer à Versailles, ce qui entraîne des conséquences pour Garches. En effet, d’un point de vue géographique il n’y a aucun obstacle entre Versailles et Garches, ce qui facilite les échanges et les déplacements entre les deux villes. Ainsi, le fils d’un des plus grands ministres de Louis XIV, Louvois, achète le domaine de Villeneuve qui jusqu’alors faisait partie de Garches, Il y fait construire un château où ses deux filles se marieront avec grand faste et où des fêtes somptueuses ont lieu. Mais, au début du XVIIIe siècle le château sera détruit et les terres rendues à l’agriculture.

Au milieu du XVIIIe siècle, les idées de liberté et d’égalité fleurissent au sein même des séminaires. Des jeunes prêtres prennent connaissance des idées des Lumières. Un jeune abbé aux idées nouvelles, l’abbé Prozelle, arrive à Garches. En 1789 éclate la Révolution, les cérémonies religieuses sont interdites et le culte de la Raison est instauré. A Garches, Prozelle qui avait prêté serment à la constitution civile du clergé alors que cela avait été le cas de seulement 27% des prêtres, organise ledit culte. Par ailleurs, un commissaire veillait à la bonne exécution des règles de la République. En 1792, la Convention est mise en place et l’on vote la confiscation de tous les biens de l’Eglise et Prozelle assiste à la vente des biens de l’église de Garches. L’abbé Prozelle qui est resté très proche des ses fidèles, aide les villageois à établir un cahier de doléances qui sera transmis à l’Assemblée mais dont il ne sera tenu aucun compte. Dès 1795 la liberté de culte est rétablie et le culte de la Raison bien vite détrôné. En 1804 avec le Concordat tout rentre dans l’ordre et Prozelle qui avait racheté à titre personnel le presbytère, s’installe définitivement à Garches bien qu’un autre curé ait été nommé.

III – Le XIXe siècle à Garches.

Au XIXe siècle, Garches connaîtra de nombreuses transformations et les évolutions technologiques telles que le train, auront un impact sur la ville. Un Garchois qui jouera un rôle clé pour sa ville est Michel Brézin. Fils du directeur de l’Hôtel de la Monnaie de Paris, dès qu’il est en âge de tenir un outil, son père le fait travailler dans son atelier au lieu de l’envoyer à l’école. Le jeune Michel apprend à lire et à écrire en cachette et apprend aussi le dessin industriel. A quinze ans, il part à Bordeaux en compagnonnage et devient maître serrurier-mécanicien à la Monnaie de Bordeaux. Le jeune homme rencontre aussi Tournis qui a fait beaucoup pour la transformation de la ville. A vingt ans, Brézin revient à Paris et reprend la direction de l’Hôtel de la Monnaie. Afin de réaliser des profits, Brézin propose de fabriquer des canons, ce qui est très rentable. Il réussit à fabriquer des canons de cent coups de très bonne qualité. A la fin des guerres napoléoniennes, en 1814, Brézin se retire à Garches, dans son domaine du « Petit-étang ». Son domaine est si vaste qu’il se suffit à lui-même. Le domaine se situait à l’emplacement de l’hôpital actuel et tous ses environs. Sans enfant, Michel Brézin décide de fonder un hospice destiné à accueillir les vieux ouvriers qui ont contribué à construire sa fortune, en particulier ceux qui ont exercé une profession à marteau (mécanicien, serruriers, forgerons et fondeurs). Dans ce but, il lègue à l’administration des hospices civils de Paris sa propriété du « Petit-étang ». Michel Brézin s’éteint en 1828 avant d’avoir vu son souhait se concrétiser. Mais au printemps 1837, les cent premiers pensionnaires s’installent et ils seront cent cinquante à la fin de la même année. Les quatre bâtiments existent toujours et forment partie de l’hôpital Raymond Poincaré actuel. On trouve également une chapelle.

C’est également au XIXe siècle que le domaine de Villeneuve-l’Etang, qui avait été racheté par Marie-Antoinette, tombe dans le domaine royal. En 1848, Napoléon III rachète le domaine. Il épouse une noble espagnole, Eugénie de Montijo. Lorsqu’elle arrive on doit l’installer au château de Saint-Cloud mais la maîtresse de Napoléon y est encore, on l’emmène donc au château de Villeneuve où elle passera sa nuit de noce. Eugénie s’y plaît beaucoup et Garches devient « ville impériale ». Par conséquent, de nouvelles activités se développent pour satisfaire les besoins de l’Empereur comme de nouveaux haras ou la formation de personnel spécialisé.

En 1870 éclate la guerre avec la Prusse. Bismarck cherche à récupérer l’Alsace et la Lorraine sans lesquelles il ne peut être  couronné Empereur. Les armées allemandes ceinturent Paris mais le fort du Mont Valérien n’est pas pris car très puissant. Garches sera donc épargnée de l’occupation mais pas des pillages. Les Garchois se réfugient à Paris. Le Général Trochu, tente une percée de Paris vers Saint-Cloud et Garches mais, ce sera une lourde défaite (Voir la conférence sous le lien suivant : la défaite de Buzenval du 19 janvier 1871)  avec de nombreux morts. Par ailleurs, à cause des tirs d’obus les maisons sont détruites ainsi que l’église. Elle sera rapidement reconstruite grâce à l’aide de la commune, du département et les souscriptions des fidèles. Finalement elle sera consacrée en 1875. Garches étant en partie détruite, les habitants vivent dans les caves et les hangars. Peu à peu on reconstruit mais aucun plan d’urbanisme n’est suivi et chacun construit à sa guise. Pour les plus démunis, un vaste hangar en bois sera construit puis détruit. Les problèmes s’accumulent, notamment en ce qui concerne l’état des routes ou l’approvisionnement en eau. De nombreux terrains se retrouvent à vendre et ce à bas prix.

Le XIXe siècle et le chemin de fer auront un impact sur Garches. Ainsi, le 5 mai 1884 est inaugurée la ligne Saint-Cloud/Marly-le-Roi/L’Etang-la-ville qui desservait Garches. Grâce au train, en peu de temps on est à Saint-Lazare, le cœur de Paris, et Garches est reliée aux villes voisines. Garches devient une ville de villégiature et les Parisiens se plaisent à venir s’aérer à Garches. Certains s’y font même construire un chalet de printemps où dès les beaux jours on y envoie résider femme et enfants.

En cette fin de XIXe siècle, Louis Pasteur travaille à la recherche d’un vaccin contre la rage pour ce faire, il a besoin d’espaces éloignés des habitations car les chiens de son laboratoire sont bruyants. Ainsi neuf hectares du parc de Villeneuve sont donnés à Pasteur. Il s’y installe avec toute son équipe et y établira sa demeure. Il mourra à Garches en 1895. Des liens particuliers se tissent entre les Garchois et l’Institut Pasteur. En effet, les résidents du parc de Villeneuve n’ayant pas de bureau de poste ils se rendent fréquemment à Garches et de nombreux Garchois travaillent à l’Institut. Il existe une véritable symbiose entre Pasteur et Garches.

IV – Le XXe siècle.

En ce début de siècle, la Grande Guerre éclate et les Garchois sont durement atteint par le conflit en y payant un lourd tribu en hommes. En effet, sur cinq mille habitants que comptait la ville, on compte cinq cents morts.

En 1936 on inaugure l’hôpital Raymond Poincaré, l’ancien hospice devient un grand hôpital abritant deux mille personnes. En 1939, nouvelle évolution : il doit diversifier ses services, avec l’entrée de la France en guerre. C’est d’abord l’ouverture d’une maternité pour remplacer celles de Paris fermées à cause des bombardements. Puis, en 1941, lors de l’occupation par l’armée allemande de la station balnéaire de Berck-Plage, les tuberculeux de l’hôpital maritime sont transférés à Garches. Sous l’Occupation les bâtiments sont réquisitionnés en 1944 mais ne seront pas détruits. L’hôpital de Garches est prestigieux et de grands professeurs font sa renommée.

Dans l’entre-deux guerres le Docteur Debat, brillant médecin et chercheur, achète des terrains et transfère ses laboratoires à Garches pour leurs donner plus d’expansion. Il construit progressivement un vaste ensemble au milieu d’un terrain de six hectares qu’il transformera en parc. Après la seconde guerre mondiale le Docteur Debat et ses laboratoires consacreront une grande partie de leur activité à la lutte contre la tuberculose. C’est ainsi que plus de 80 millions de flacons de produit contre cette maladie seront fabriqués à Garches entre 1950 et 1970.

Autre changement, la ville rachète la maison du Docteur Civiale et en fait la Mairie.

Après la seconde guerre mondiale le besoin de logements est important et quatre grands ensemble immobiliers vont voir le jour à Garches : Lyauté en 1957, la Châtaigneraie, Mermoz et la Verboise qui couvrent près de la moitié de la surface de la ville. Du fait que le site de la Verboise soit vallonné n’a permis que des constructions peu élevées ce qui est un avantage. Garches perd définitivement son aspect agricole. En effet, de par sa proximité avec Paris et le réseau de transports, Garches est devenue une cité dortoir tout en ayant conservé un cadre agréable et des espaces verts. La ville possède également plusieurs fleurons notamment le golf, situé sur les anciennes dépendances du château de Buzenval et le site des Quatre-vents avec son bâtiment de style anglo-normand.

CONCLUSION

La longue histoire de Garches a fait que le site soit passé d’un petit village viticole au VIIe siècle à une ville de banlieue qui sera intégrée au Grand Paris. De nombreuses personnalités ont résidé à Garches comme Maurice Genevoix ou Gabrielle Chanel mais certains ont modifié la ville comme Michel Brézin ou le Docteur Débat. Garches reste une commune bien agréable à vivre.

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