PALMYRE

Thème : HISTOIRE ET GEOGRAPHIE                                                                                                                                         Mardi 11 octobre 2005

Palmyre

Par M. Louis Valensi – Ancien conservateur des musées de France – Inspecteur général des enseignements artistiques.

La cité de Palmyre se situait au cœur du désert de Syrie, à la croisée de l’orient et de l’occident. Cet « oasis entre deux mondes » fut fondé par un conglomérat de tribus nomades qui se retrouvaient aux abords de cette végétation luxuriante. L’influence de Palmyre dans la région s’était, ensuite, considérablement renforcée après son annexion en 19 par les troupes romaines.

Que sait-on de Palmyre avant cette annexion sous le règne de Tibère ? Etait-ce déjà une cité ? On sait que, dans le cadre de sa politique d’expansion, Marc Antoine fit un raid sur Palmyre qui se solda par un échec. Les Palmyréens avaient fait passer toutes leurs richesses de l’autre côté de l’Euphrate. La ville de Palmyre existait donc bien déjà. Ainsi, un temple fut bâti en 150 av. JC. Des fouilles allemandes ont retrouvé des habitations à trois mètres de profondeur. Ces maisons ne sont pas dirigées dans la même direction que les maisons romaines. On peut supposer qu’une ville hellénistique bâtie avant l’arrivée des Romains dort toujours sous les sables.

Palmyre, une ville entre deux mondes

Palmyre se trouve à la croisée des chemins. A l’est, l’empire couchant était dirigé par des héritiers lointains d’Alexandre ; au centre, l’empire Parte se dressait sur le territoire de l’Iran et l’Irak actuels ; à l’ouest, l’empire romain régnait sur l’occident. « Palmyre jouit d’un sort privilégié entre l’empire parte et romain » écrivit Pline. Les marchands qui cherchaient, en Perse, des produits de l’Inde venaient à Palmyre les vendre aux Romains. Après l’annexion en 19, Palmyre se trouva sous dépendance romaine et vivait du commerce international.

Palmyre était composé d’un conglomérat fondateur de tribus. On a retrouvé des traces d’habitat primitif voire préhistorique. Cet oasis fut peuplé dès le 2e millénaire avant notre ère. En 19, Palmyre comptait dix-sept tribus composant son peuple. Bien que ces bédouins commençaient à se sédentariser, la tribu resta la base de l’organisation sociale de Palmyre, même à l’époque romaine. La société palmyréenne était une société dimorphe (à deux origines) où subsistait le poids des traditions indigènes allié à une emprise plus récente de l’occident. Le développement urbanistique de Palmyre à l’ère romaine s’inscrivait dans le cadre d’un développement général de la Syrie. Des cités comme Baalbek, Beyrouth ou Petra étaient contemporaines de Palmyre. Cette urbanisation fut provoquée  par une évolution démographique majeure : la sédentarisation des tribus nomades.

La civilisation palmyréenne était une civilisation sémitique (parte) en partie hybride (céleucide). Son aristocratie parlait deux voire trois langues (latin, grec, palmyréen). Ce mélange se retrouvait également dans les vêtements – différents styles cohabitaient – ou dans les habitations, qui étaient péristyles. C’était une civilisation aux facettes multiples. Cela se retrouve particulièrement au travers des religions qui cohabitaient entre elles. Les dieux syrio-phéniciens venus de l’ouest cohabitaient avec les dieux locaux, des dieux arabes venus du sud. Le panthéon était ainsi dédié à plusieurs divinités. Le dieu Bel existait bien avant l’annexion par les Romains. C’était un dieu céleste d’origine locale qui formait un triptyque avec le dieu lunaire, dieu des végétations, et le dieu solaire, dieu des sources. Le polythéisme a conduit au syncrétisme. On n’a retrouvé aucune trace de textes lithurgiques mais on sait qu’il y avait des cérémonies processionnelles ainsi que de grand banquets religieux et funéraires.

Une position stratégique

Palmyre présentait un intérêt stratégique pour les Romains dont la vision du monde reposait sur un réseau de villes reliées par un réseau de routes. Palmyre était un passage obligé entre la Méditerranée et l’est. La cité se situait au nœud du limais oriental, bénéficiait d’un cadre magnifique avec un sol riche et des eaux abondantes. Plus encore, Palmyre se situait au croisement des ports sur la Méditerranée et de ports fluviaux sur l’Euphrate, comme Hit ou Abu Kemal.

Palmyre tirait sa richesse du commerce international de transit. Les produits orientaux remontaient le golfe Persique sur des nefs ou en utilisant la voie continentale de la soie grâce aux caravanes de chameaux. Des produits de luxe transitaient par Palmyre : soie, encens, épices…

Les spécificités de Palmyre

Les vestiges du site montrent que la ville regardait vers l’ouest. L’axe central est constitué d’une longue colonnade d’un kilomètre qui part du temple de Bel à l’est vers l’arc de triomphe à l’ouest. C’est à Antioche, sous Tibère (14-37 ap. JC)  que la rue à colonnade s’est constituée autour de tétrapyles, qui marquent les changements d’orientations. Au nord de cette colonnade se trouve un quadrillage irrégulier d’habitations, comme un échiquier de progression variable.

Palmyre était relativement pauvre en équipements publics : pas de gymnase, de stade, d’amphithéâtre… Mais on trouve un théâtre – preuve indéniable de l’influence occidentale – où s’y jouaient des pièces grecques et romaines et qui servait de départ des processions pour le culte de l’empereur. Il est intéressant de noter la luxuriance des monuments religieux par rapport aux édifices civiques.

On pense que du premier temple de Bel (2e siècle av. JC) au nouveau, on est passé d’une influence prédominante de l’est (empire céleucide) à une influence majeure d’Antioche.

Quel est le degré d’originalité des sculptures palmyréennes ? Les personnages sont toujours de face, souvent ornés de bijoux, et ne se regardent jamais. Cette frontalité est typique du caractère oriental et est inconnu de l’art grec.

Palmyre est un avatar des villes syriennes, qui a grandi dans un espace nomade. La naissance d’un organisme urbain dans les oasis de Palmyre et Petra montre l’influence de l’ouest et d’Anticohe. Palmyre, qui vécut entre deux mondes (sémitique et Romain) fut le pivot dans échanges. Cette ville d’homme d’affaires a vécu plus de deux siècles et demi à l’ombre du temple de Bel.

En savoir plus …

Coté Livres :

Les antiquités de Palmyre au Musée du Louvre

Auteurs : Jacqueline Dentzer-Feydy, J. (Javier) Teixidor, Marielle Pic

Editeur : Réunion des Musées Nationaux.

ISBN-10: 271182652X

http://www.amazon.fr/antiquit%C3%A9s-Palmyre-Mus%C3%A9e-Louvre/dp/271182652X

Syrie

Dominique Fernandez, Ferrante Ferranti

Éditeur : STOCK

ISBN-10 :2-234-05524-5

http://www.decitre.fr/livres/Syrie.aspx/9782234055247

Coté Web :

http://www.baronbaron.com/SYRIE/palmyre.html

http://berlioz.canalblog.com/albums/palmyre___syrie/index.html

http://ytraynard.online.fr/dipv9478.htm

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