L’ALBANIE, Un pays oublié

Thème : HISTOIRE                                                                                                                                                                        Mardi 29 Mars 2011

L’Albanie, un pays oublié

Par Bernard Rivy, Maire adjoint à la culture de Cormeilles en Parisis

L’Albanie est un pays des Balkans, situé entre la Grèce, la Macédoine, la Serbie et le Monténégro, dont la superficie est de 28 748 km2, et qui compte actuellement 3,2 millions d’habitants. Dans le cadre de mon travail, j’ai organisé, en 1987, un voyage de deux semaines pour une quinzaine de personnes en Albanie. A cette occasion, j’ai découvert un très beau pays dont je suis tombé amoureux, un pays grand comme la Bretagne, qui compte 320 km de côtes, dont les deux tiers de la superficie est composé de montagnes, qui recèle un riche passé, et dont la population est particulièrement accueillante. C’était un séjour de rêve, qui semblait se dérouler dans un pays de cocagne. L’envers du décor était différent : l’Albanie était encore une dictature stalinienne, deux ans après la mort d’Enver Hoxha.  Lors de mon deuxième séjour, un an plus tard, les choses commençaient à évoluer. C’est au tournant des années 1990/91 que les Albanais mirent à bas l’ancien régime et qu’il détruisirent tout ce qui leur rappelait le régime honni : collèges, universités, commissariats, usines… S’ensuivit un gouvernement « technique » avant l’instauration d’une République populaire démocratique, dont l’organisation s’approche de celle de notre IVe République, avec le pouvoir exécutif réel aux mains du Premier ministre. Nous avons alors créé, en France, la première ONG Horizon France-Albanie tandis qu’un ami albanais créait sur place une association Horizon Albanie-France.

Une histoire mouvementée

Le premier document en albanais date de 1416, mais l’histoire de ce peuple est bien plus ancienne. De 2 000 ans av JC jusqu’au XIIIe siècle, c’est une région composée de tribus. Les premiers « albanais » sont les Illyriens, qui avaient comme capitale Shkodër, qui reste le cœur historique du nationalisme albanais. La christianisation a lieu au 1er siècle par Saint Paul et Saint André. Le terme « albanais » apparaît pour la première fois au IIe siècle dans un écrit de Ptolémée. A partir du moment où les Romains conquièrent le territoire – une occupation de cinq siècles – le port de Durango devient la ville principale. Au cours de leur histoire, les Albanais subiront les invasions des Goths, des Huns, des Bulgares, des Slaves, des Perses… En 1081, les Normands s’installent à Durango, reprise deux ans plus tard par les Byzantins, puis par les Normands à nouveau en 1107 et en 1185. En 1190, Progon s’autoproclame prince d’Albanie et déclare la première indépendance du pays. Elle subsistera jusqu’à la moitié du XIIIe siècle. En 1389, la bataille du Kosovo voit la défaite des Albanais face aux Ottomans, qui resteront sur place presque jusqu’au XIXe siècle. Pourtant, au XVe siècle, les Albanais connaissent une parenthèse grâce à Georges Kastriot Skanderberg, un grand seigneur ottoman chargé de la province albanaise mais qui veut l’autonomie du pays, et l’obtient en se révoltant contre l’empire. L’Albanie restera autonome pendant soixante ans. Skanderberg se rapproche des rois de Naples et Venise, et est fait « champion de l’église catholique » par le pape Pie II, qui se rend en Albanie en 1464. A partir de 1478, grâce au sultan Suleiman Pacha, les Ottomans reprennent le contrôle du pays, interdisent notamment la langue albanaise jusqu’en 1779 ainsi que les cultes. De nombreux Albanais fuient en Italie. A la fin de XVIIIe siècle, les Albanais mènent des révoltes successives, d’abord à Shkodër (1796) puis grâce à Ali Pasha, qui avait constitué une armée albanaise, et qui  réussira à conquérir une certaine autonomie.

En 1877, après la victoire des Russes sur les Turcs, le traité de Berlin prévoit la création d’Etats des Balkans, mais sans tenir compte de l’Albanie. En représailles est créée la ligue centrale pour la défense des droits de la nation albanaise. Celle-ci va provoquer, en 1880, des combats pour obtenir la restitution de territoires albanais. Le début du XXe siècle est marqué par une situation confuse : révolution armée en Albanie (1908), expédition turque de désarmement (1910), guerre des Balkans (1912), traité de Londres sur les frontières des Balkans (1913). La fin des transactions sur les frontières n’a lieu qu’en 1919. Après la redéfinition de ses frontières, l’Albanie connaît une brève période démocratique, avec le gouvernement de Fan Noli, qui continue à réclamer certains territoires. En 1928, l’Italie et le Royaume-Uni réussissent à imposer le roi Zog. Moins revendicatif, il réussit tout de même à moderniser le pays jusqu’en 1939 : réformes du droit civil, des banques, de l’agriculture. Au début de la Seconde Guerre Mondiale, l’Albanie devient un protectorat de l’Italie avant d’être envahie en novembre. Enver Hoxha, fondateur du parti communiste, mène la résistance. Quand l’Albanie est libérée en novembre 1944, le PC prend le pouvoir et proclame, en janvier 1946, la République Populaire. Près de 8 000 personnes sont condamnées à mort tandis que des dizaines de milliers d’autres sont envoyés dans des camps (il subsistait encore 10 000 prisonniers dans des camps en 1988 !).

D’Enver Hoxha à la démocratie parlementaire

L’Albanie communiste connaîtra différentes phases : rapprochement et coopération avec la Yougoslavie puis prise de distance avec Tito (soupçonné de vouloir faire de l’Albanie l’un des Etats de la Yougoslavie), rapprochement avec l’URSS avant la rupture au moment de la déstalinisation menée par Krouchtchev, rapprochement avec Mao puis rupture avec la Chine. Toutes ces ruptures ont eu lieu pour des raisons idéologiques, le régime d’Enver Hoxha ne supportant pas les évolutions dans les autres pays communistes. Toutefois, il a été toujours sous perfusion de l’URSS, puis de la Chine. L’Albanie est encore sous perfusion aujourd’hui, mais de l’Union Européenne. A l’époque d’Enver Hoxha, le pays connaît tout de même des phases de développement : la population s’accroit, le nombre de lit en hôpital augmente, le nombre d’enfants scolarisés également, le chômage n’existe pas, une forme se sécurité sociale est mise en place, les femmes peuvent être cadres dans l’industrie… Toutefois, la population vit dans la peur. C’est un régime policier qui oppresse, qui interdit la propriété privée, qui a confisqué et exproprié en 1945, puis qui a envoyé les intellectuels à l’usine dans les années 1960, installé des commissaires politiques un peu partout, supprimé les religions…

Quand le bloc communiste est tombé en 1989, l’Albanie a suivi peu de mois après. En 1991, elle est devenue une démocratie de type république parlementaire. Depuis vingt ans, on  assisté à un réel développement économique, aidé en cela par les fonds européens. Mais l’Albanie reste un pays pauvre : les bidonvilles fleurissent autour de Tirana, la mafia règne, les trafics prospèrent, l’émigration (vers l’Italie notamment) a été massive. Officiellement, les agriculteurs représentent environ 50% de la population active, le chômage atteint 15%.

En 1997, le pays était retombé dans le chaos suite à la chute du système « en pyramide » de la finance qu’avait mis en place le gouvernement de l’époque. Les banques ont fait banqueroute les unes après les autres, l’émeute de la population dégénérant en guerre civile. Il a fallu l’envoi de 8 000 soldats de l’Union Européenne pour que la situation se stabilise. L’Albanie, qui est membre de l’OTAN et associé de l’UE, devrait pouvoir profiter de ses atouts géographiques et historiques pour attirer les touristes. Malheureusement, dans l’esprit des étrangers, ce pays magnifique n’est pas sécurisé. L’industrie touristique a donc du mal à prendre son essor, et le reste de l’économie avec.

En savoir plus …

Coté Livres :

L’Albanie d’Enver Hoxha, 1944-1985

Auteur : Gabriel Jando
Éditeur : L’Harmattan (3 mai 2000)

ISBN-10: 2738426034

http://www.amazon.fr/LAlbanie-dEnver-1944-1985-Gabriel-Jandot/dp/2738426034/ref=sr_1_6?s=books&ie=UTF8&qid=1310226801&sr=1-6

Coté Web :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Albanie

http://balkans.courriers.info/article17852.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l’Albanie

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