LES TRESORS DE FERVEUR

Thème : ARTS                                                                                                                                                                              Mardi 8 novembre 2011

Les trésors de Ferveur

Le docteur Thierry PINETTE, médecin généraliste en Saône et Loire, « est tombé » fou amoureux des reliquaires à l’âge de 12 ans, lorsque sa grand-mère l’emmenait chez les antiquaires, promenade pourtant jugée souvent laborieuse par les adolescents…

 Qu’est ce que les Trésors de Ferveur ?

 Il s’agit d’une association de Chalon sur Saône créée en 1997 qui se passionne pour trouver et restaurer des objets de dévotion non commercialisables fabriqués par des artisans ou des religieuses à partir du 17ème siècle dans les  foyers de familles catholiques.

Nous parlons ici de « reliquaires  à papiers roulés ».

De la relique au reliquaire

 Au sens premier du terme, un reliquaire contient les reliques (restes d’ossements) d’un saint-martyre. Les chrétiens depuis toujours ont conservé les corps des saints-martyres ; au Moyen-Âge, il existait un trafic de reliques considérable, souvent exposées dans les églises ou abbayes.  Nombreux étaient les vols dans ces lieux en vue de donations aux seigneurs. Au fils du temps, des produits dérivés de ces reliques exposées dans les lieux de culte se sont développés pour une dévotion d’ordre privé. On cherche une idée de présentation digne des os pour la relique. Ainsi naît l’invention du reliquaire à papier roulé.

Les ossements sont mis en valeur autour de motifs réalisés avec des bandes de papier colorées et dorées sur tranche, qui sont roulées, plissées, et tortillonnées. Les différents éléments sont placés dans un boîtage en carton tapissé de papier ou tissu, fermé d’un verre et mis dans un  cadre le plus souvent en bois doré.

De nombreuses familles catholiques aisées s’en procuraient pour gagner les saintes indulgences. En effet, une des fonctions importantes du reliquaire, ou plutôt des ornements précieux du reliquaire, était de manifester la gloire et le prestige du saint dont il contenait les restes, et au-delà du saint lui-même, la gloire et le prestige de la communauté qu’il protégeait.

Les rois de France possédaient de grandes pièces d’orfèvrerie ; les grands de ce monde se devaient en effet des posséder des objets précieux pour faire honneur à leur religion.

Au début du 16ème siècle, Luther, père du protestantisme, va pourtant s’élever contre la pratique des saintes reliques. A son tour, Calvin en 1543 écrira un pamphlet qui dénoncera le culte des saints et l’idolâtrie, constituant un des combats de la Réforme. Très vite cependant, à l’issue du Concile de Trente en 1545, interviendra la contre-réforme qui réhabilitera définitivement l’importance du culte des saints. Les évêques réexaminent alors de façon rigoureuse les reliques pour les certifier. Le support iconographique revêt une importance considérable. La figuration bat son plein fin 16ème , -où les corps d’une centaine de martyres furent redécouverts en Italie-, au 17ème et au 18ème siècle jusqu’à la révolution. Plus pauvrement au 19ème siècle sous Napoléon III, où les encadrements paraissent plus noirs et plus sinistres jusqu’à totalement disparaître.

Le processus d’acheminement et le procédé de création du reliquaire

 Les reliques arrivent de Rome dans les couvents et cloitres dans un papier à reliure. Les sœurs demandent à l’évêque de faire sauter les sceaux. On casse les reliques en petits morceaux.  Les ossements sont emballés dans des tissus et mis à l’abri dans des caisses en fer ou bien dans des bocaux. L’évêque les ferme à son tour de son propre sceau pour la postérité.

Le papier roulé est une bande de papier qui s’ouvre en éventail. Elle est dorée sur la tranche. Elle arrive au couvent dans des ramettes. La religieuse s’aide d’un stylet pour parvenir à rassembler les effets du fond de décor constitué de tous petits éléments. Il peut y avoir des fleurs séchées, des pompons, etc…Un travail de fond se réalise alors autour de la relique, servant souvent d’exutoire à la religieuse en lui permettant d’exercer son sens créatif et aller même jusqu’à une certaine différenciation dans le monde des cloîtres où la ressemblance est acte pieux.

On ignore à peu prés tout de la technique de fabrication ; le travail manuel est auréolé d’un mystère. Il reste peu de religieuses aujourd’hui  capables en effet de l’expliquer. L’on sait juste que ces travaux manuels étaient effectués sur les genoux des bonnes sœurs en matinée et faisaient partie d’un rituel classique d’occupation quotidienne.

Analyse des œuvres

 Il existe divers types de reliquaires :

–          Les reliquaires domestiques ou tableaux reliquaires

–          Les reliquaires de voyage qui s’ouvrent en deux

–          Les reliquaires  de poche en buis

–          Les reliquaires médaillons qui se pendent

–          Les boîtes vitrées

–          Des enfants jésus de cire

–          Des cires de Nancy (tableaux de cires et d’étoffes)

Tous ayant plus ou moins une connotation de superstition.

L’on peut observer diverses techniques :

–          La gravure découpée à l’eau forte.

–          Les canivets : les images en papier découpées au couteau.

–          Les agnus dei, expression latine signifiant « agneau de Dieu » qui désigne jésus-Christ dans son rôle de victime sacrificielle, fait partie d’un sacramental réalisé tous les 7 ans et qui présente beaucoup de vertus. (protège de la mort subite et des accidents prématurés)

–          Pâte amalgamée avec un stuc que l’on peint.

–          Email de Limoges

–          Verre filé de Nevers

–          Papier roulé argenté.

…Et bien d’autres encore !

Il existe un nombre incalculable de façon de rendre un hommage à un saint :

Les reliquaires à papier roulé mettant en scène des épisodes de la vie des saints ou bien du Nouveau Testament, leurs réalisations sont variées à l’infini : le décor est soigneusement choisi , introduisant souvent des symboles vecteurs de messages, tels les instruments de la passion : la lune, le soleil, la comète de Hallay (lors de son passage en 1759), les attributs de l’Archêque, la crosse, la croix épiscopale, la couronne ducale, ou encore les animaux : le phénix ou les griffons.

Les diverses formes de reliquaires

Il existe différentes formes de cadres, différents matériaux et différents positionnements de la relique au sein du tableau, avec souvent une dominante rouge et dorée, la couleur des saints.L’art consistant à avoir un ensemble beau et cohérent.

A l’arrière du cadre, il s’agit d’un papier dominoté (de la même matière que les cartes à jouer ou autres reliures de livres).Ces œuvres se conservent dans des endroits fermés, sans trop de lumière ni d’humidité. Elles sont cependant réputés pour leur robustesse.

La provenance des reliquaires

 Il est possible de deviner la provenance des reliquaires en fonction de leur  manufacture : du couvent des Carmélites, les Bénédictines, les Chartreux d’Avignon, ou de l’île de l’Erens.

Le Dr pinette a été admis plusieurs fois au sein de couvents pour une libre transmission des reliquaires, se sentant chaque fois auréolé d’une mission de poids. Il a pu observer que seuls les hommes signaient leurs reliquaires comme chez les Célestins du lyonnais.

En savoir plus …

Coté livres :

L’association « Trésors de Ferveur » édite un catalogue de 211 reliquaires : « reliquaires à papiers roulés des 17ème, 18ème, 19ème siècle ». En vente auprès de l’association. 22 euros.

Adresse de l’association : 10 quai des Messageries – 71100  Chalon-sur-Saône – France

Coté Web :       

Photos et commentaires sur le site :

http://www.tresorsdeferveur.fr