L’ART DU PORTRAIT AU GRAND SIECLE

Thème : ARTS                                                                                                                                                                                Mardi 23 Mars 2010

L’Art du Portrait au Grand Siècle

Par Monique Boisard – Conseiller Technique et Pédagogique en Expression Plastique – Présidente de l’A.V.A «Les Amis du Voyage et des Arts ›

Le XVIIe siècle, celui de Louis XIV selon Voltaire, s’est beaucoup intéressé aux portraits, qu’ils soient littéraires (La Bruyère, Saint Simon) ou picturaux.

Les portraitistes occupent une place à part.

Au début du siècle Nicolas Hoey qui travaille pour de nombreuses églises de Bourgogne, représente Saint Luc faisant le portrait de la Vierge; saint Luc l’auteur du IIIe évangile a été choisi par les peintres pour être le saint patron de leur corporation.

Les commanditaires de portraits sont des personnes fortunées souvent influentes et les longues séances de pose permettent des échanges avec l’artiste, des liens d’amitié peuvent se créer. Pourtant ce genre de peinture n’est pas considéré comme le plus élevé, le portrait semblant être une simple copie de la réalité n’exigeant pas d’imagination ou d’invention comme le genre de la peinture d’histoire beaucoup plus prestigieux.

Daniel Dumoustier est né en 1601, à Fontainebleau, – lieu intéressant pour les peintres français : c’est dans le château que les rois de France conservaient leurs collections d’œuvres d’art, des peintures de Raphaël et Titien par exemple, les artistes pouvaient les étudier sans avoir a aller à Rome- Daniel Dumoustier, a exécuté selon la technique des trois crayons, ce portrait de Louis XIII. Le roi a 19 ans.

Il est l’époux d’Anne d’Autriche, peinte ici par Rubens, à peu près à la même époque, une œuvre très séduisante, tant par la beauté du modèle que par le modernisme de l’œuvre réunissant une grâce toute italienne au réalisme flamand. Le sourire de la jeune reine ne doit pas faire oublier sa situation précaire à la cour de France; en effet, elle était la fille du roi d’Espagne, pays avec lequel la France était en guerre et de plus, pendant les 23 premières années de son mariage avec Louis XIII, elle n’a pu donner d’héritier à la couronne. L’|animosité du roi s’ajoutait à la méfiance de Richelieu qui la faisait constamment espionner.

La situation devint plus confortable à la naissance de Louis Dieudonné suivie de celle de Philippe peu de temps après. En 1643 Anne d’Autriche, à la mort de son époux le roi, devint régente; son portrait par Henri et Charles Beaubrun la montre en habit de deuil; le style est celui d’un portrait de cour à la mode dans la France de l’époque, la mise en scène est volontairement figée pour que le regard soit attiré par le visage de la reine; les Beaubrun étaient cousins, ils travaillaient toujours ensemble et « ont tenu le haut du pavé ›› dans le domaine de la peinture parisienne pendant plus de trente ans; leurs autoportraits prouvent la place importante que les portraitistes occupaient dans la société de l’époque. Certains portraitistes furent anoblis par le roi, ainsi Charles Le Brun.

Le grand portrait de Madame de Lansac, aujourd’hui au musée du château de Versailles, non signé, est sans doute une œuvre des Beaubrun ou d’un artiste proche, il nous montre la gouvernante des enfants de France, dans ce rôle très important de responsable de l’avenir de la dynastie, et les deux petits princes. Le petit Louis qui n’a que 4 ou 5 ans est revêtu du manteau à fleurs de lys, doublé d’hermine. Proche de Richelieu, Mme de Lansac sera remplacée à son poste, en 1643, par une amie de la reine.

Du Janséniste Philippe de Champaigne aux portraits allégoriques Philippe de Champaigne est probablement le plus grand portraitiste du début du siècle, pourtant de nos jours il est souvent méconnu. De son vivant il a travaillé pour les premiers personnages du royaume. Richelieu, grand mécène, voulu acheter sa loyauté ce que l’artiste refusa car « sa seule ambition était la perfection de son art ».

Philippe de Champaigne fut un artiste à part, il ne cherchait pas à être responsable du plus grand atelier de France comme son collègue Simon Vouet. Plus tard il se rapprochera de Port Royal (comme Pascal ou Racine), où ses filles étaient religieuses. Son portrait de Richelieu dans son cabinet d’étude, est un portrait posthume du cardinal ministre, évoquant le don que celui-ci fit de sa bibliothèque à la Sorbonne.

Mais Champaigne peut également peindre le charme fragile de l’enfance,   ainsi en 1649, il réalise le portrait collectif des 7 enfants du riche maître des requêtes Habert de Montmor.

Le portrait du Chancelier Séguier en grand apparat, entouré de ses nombreux serviteurs, des pages et des estafiers; ce tableau est un hommage de Le Brun à son protecteur à qui il doit sa formation à Rome.

A Rome, Le Brun a parfait sa formation auprès de Nicolas Poussin, premier peintre du roi de France.

Pourtant moins à la mode que Le Brun, Claude Deruet, alors très âgé, est choisi pour peindre une allégorie du mariage de Louis XIV, où le roi est montré en nouveau Paris protégé par les fameuses trois déesses.

Charles Le Brun a marqué le siècle de Louis XIV

L’un des portraits les plus célèbres de Louis XIV, réalisé par Le Brun en 1663, représente le roi beau comme un demi-dieu, il est peint à l’occasion de la prise de Dunkerque; le roi est superbe dans son armure;

Charles Le Brun fut très apprécié par Louis XIV. Le roi le fit Premier peintre et Directeur de sa manufacture des Gobelins; il l’encouragea dans son action à l’Académie de peinture et sculpture. Le Brun fit honneur à la confiance du roi en réalisant les peintures à sa gloire qui ornent la voûte de la galerie des glaces à Versailles.

Les portraits sont très utiles pour une meilleure connaissance de l’histoire de France en nous gardant la mémoire de ses principaux acteurs.

Ainsi, Nicolas Mignard, le frère de Pierre plus connu, réalisa le portrait d’Henriette d’Angleterre, qui avait fui son pays au moment de la révolution de Cromwell. Elle était devenue l’épouse de Monsieur frère du roi, avant de mourir, peut-être empoisonnée, en 1670. Amie très chère de Louis XIV, son histoire inspira aussi bien Madame de Lafayette qu’Alexandre Dumas.

Elle avait choisi d’utiliser Louise de La Vallière comme « paravent » à sa relation avec le souverain, mais le roi tomba réellement amoureux de louise qui choisira, plus tard de se retirer chez les Carmélites.

Le roi donnait de nombreuses fêtes, certaines furent représentées dans des portraits de groupes.

Jean Nocret a peint notamment tous les membres de la famille royale au-milieu d’un parc, déguisés, avec Louis XIV en Apollon, un tableau qui rend bien l’esprit du XVIIe siècle appréciant ce genre de distraction.

Les peintres représenteront tous les personnages comptant dans la vie de Louis XIV, ainsi Mme de Maintenon par Pierre Mignard, en vêtement de reine de France après son mariage secret avec le roi ou, par Louis Ferdinand Elle, placée devant l’école de saint-Cyr qu’elle a fondée.

Claude Lefevre peint Colbert auprès d’une sculpture d’Atlas portant le monde.

Mais de tous les peintres que nous venons d’évoquer à travers quelques unes de leurs œuvres, Charles Le Brun est le plus important du règne de Louis XIV, il figure dans les livres de l’histoire de France et est le seul artiste peintre aussi souvent cité pour ses œuvres et pour les institutions qu’il a créées et qui ont subsisté : le Cabinet du roi (futur musée du Louvre) l’école des Beaux-arts, l’Académie de France à Rome, les Gobelins…

II fut !e premier artiste français à rencontrer un grand succès à l’étranger et c’est à son époque que débute le prestige dont l’art français a joui dans le monde pendant plus de deux siècles.

En savoir plus …

Coté Web :        

http://fr.wikipedia.org/wiki/Arts_plastiques http://www.lacapitalegalerie.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=88:jahb&catid=42&Itemid=63

http://biblogotheque.wordpress.com/2010/03/11/le-portrait-au-grand-siecle-1660-1715/

http://www.parisetudiant.com/etudiant/sortie/jahb-jacqueline-henriot-buchi.html

http://mba.dijon.fr/data/pdf/peinturbourg.pdf

http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_de_Champaigne

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Le_Brun

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Nocret

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