COMMISSAIRE PRISEUR – Un métier à multi-facettes

Thème: Art – Société                                                                                                                                                    Mardi 15 Janvier 2013

COMMISSAIRE PRISEUR – Un métier à multiples facettes

Mr Guillaume LE FLOC’H, Commissaire-priseur (Paris – St Cloud)

UN PEU D’HISTOIRE…

En France, les premières traces de ventes aux enchères apparaissent en 1254, date à laquelle Saint Louis nomme des « sergents à verge ou à pied » pour Paris et des « sergents à cheval » pour la  province, auxquels il confère « privilège » de s’occuper des ventes par autorité de justice : des ventes judiciaires. Cependant, l’événement généralement considéré comme fondateur du métier de commissaire priseur se situe en 1556, lorsque Henri II crée des offices de « maîtres priseurs vendeurs de biens meubles » qui leur octroie le monopole -aboli en l’an 2000- des prisées et  estimations et ventes. Enfin, c’est sous Louis XVI, en 1773, qu’apparaît l’appellation de « commissaire priseur » pour rentrer dans le langage commun sous l’empire.

Le véritable développement des ventes aux enchères s’opère à partir du XVIIIème siècle en France et dans les pays anglo-saxons (Christie’s et Sotheby’s ont été créées à cette époque). Sous la restauration, de très belles et très nombreuses ventes d’art ont lieu à Paris. Le XIXème siècle prolonge ce tournant entamé au XVIIème et fait de Paris la principale place mondiale du marché de l’art.

Avec la création du marché Européen, la libéralisation des échanges et la montée en puissance des places New-Yorkaise et Londonienne, le législateur décida « d’ouvrir » le marché français et de mettre un terme à la situation de monopole qui durait depuis plusieurs siècles. C’est ce que fit la loi du 10 juillet 2000 « portant réglementation des ventes volontaires de meubles aux enchères publiques ».

LE METIER DE COMMISSAIRE PRISEUR

La « voie classique » pour devenir commissaire priseur est accessible aux titulaires d’un diplôme universitaire en droit et en histoire de l’art. L’un des deux diplômes doit être de niveau licence, l’autre de niveau deug.

Ces diplômes permettent de se présenter à un examen d’accès au stage de commissaire priseur dont les épreuves écrites et orales sont d’ordre juridique et artistique. Le succès de cet examen débouche sur un stage rémunéré de 2 ans. Celui-ci comprend, en outre, un enseignement théorique et un enseignement pratique dispensés sous contrôle du Conseil des Ventes Volontaires et de la Chambre Nationale des Commissaires priseurs judiciaires.

Au terme de ce stage, le Conseil des ventes délivre au candidat qui a démontré son aptitude à l’exercice de la profession, un certificat de bon accomplissement du stage. Celui ci permet d’effectuer des ventes volontaires en tant qu’opérateur de ventes après déclaration de son activité auprès de cet organisme.

Les candidats à la profession de commissaire priseur judiciaire doivent ensuite subir l’examen d’aptitude à la profession de commissaire priseur judiciaire.

Il est impossible d’exercer le métier de commissaire priseur sans une excellente culture et des connaissances approfondies en art : il ne s’agit pas d’approfondir une spécialité , mais au contraire d’être un très bon généraliste. Passionné par l’objet et son histoire, le commissaire priseur doit pouvoir facilement identifier, dater un objet et ne faire appel à un expert spécialisé qu’en cas de doute.

Sa formation juridique lui permet de bien connaître le marché de l’art, sa réglementation et son évolution. Par ailleurs, ses compétences en droit civil, commercial ou notarial lui permettent d’avoir une pratique des estimations et prisées, des inventaires et des expertises.

Enfin, le commissaire priseur doit avoir un certain sens de la mise en scène des œuvres, objet ou pièces de mobilier présentés sur catalogue ou en salle des ventes, afin d’en tirer le meilleur prix. Il les met en valeur afin de susciter de l’intérêt chez les acheteurs potentiels. A la fois expert, psychologue et acteur, il sait convaincre et séduire.

Le commissaire priseur procède à l’inventaire de la prise, c’est à dire de tous les biens qui lui sont soumis par décision de justice (liquidation, succession…) ou par un particulier : mobilier, tableaux de maître, objets d’art…. Il consigne leur provenance, date l’époque de leur fabrication, inscrit le nom de l’artisan, du peintre ou du joaillier, s’il est connu. Il estime ensuite la valeur de ces objets pour en fixer leur prix de départ lors de la vente.

L’organisation d’une vente commence par la constitution d’un réseau, en démarchant des acheteurs potentiels. C’est pendant cette phase que le commissaire priseur réalise le catalogue. Celui ci présente les références artistiques et physiques des objets mis à la vente, leurs époques, leurs dimensions…

Commissaire priseur judiciaire

Le commissaire priseur judiciaire est nommé par le Garde des Sceaux au sein d’un office. Il prête serment devant le Tribunal de Grande Instance et relève de l’autorité du Procureur de la république. Ses activités sont définies par la loi : ventes aux enchères publiques et prisées prescrites par la loi ou par décision  de justice, inventaires et prisées. Il est soumis aux dispositions des Ordonnances de 1945 du Code de procédure civils qui régissent le statut des officiers publics et ministériels. comprenant des enseignements théoriques et pratiques.

Commissaire priseur de ventes volontaires

Le commissaire priseur de ventes volontaires effectue les ventes volontaires de biens mobiliers, objets d’art et de collections, matériel industriel ou véhicules. Il estime ces objets et en fixe le prix lors de la vente. Les enchères représentent l’aboutissement du long travail du commissaire priseur et révèlent son savoir faire. Il exerce en tant qu’opérateur  de ventes aux enchères publiques à titre individuel ou au sein d’une société. Il doit pour cela déclarer son activité auprès du Conseil des ventes Volontaires.

La loi de juillet 2000 a posé  le principe de séparation des activités judiciaires et volontaires. Pour la première activité, ils demeurent des officiers ministériels, pour la seconde ils exercent leur métier au sein d’une société commerciale.

L’activité judiciaire représente environ 20 % du montant total des adjudications au plan national mais les commissaires priseurs qui dans leur très grande majorité ont conservé les deux activités y sont très attachés.

QUELQUES CHIFFRES

Que trouve t-on aux enchères ?

–                    L’art nouveau, l’art décoratif

–                    L’art primitif

–                    Les voitures de collections

–                    La joaillerie, l’orfèvrerie

–                    les objets de collection (monnaie, médaille, philatélie…)

–                    Mobilier et objets d’art

–                    Librairie ancienne et moderne

–                    Tableaux anciens

–                    Tableaux modernes et contemporains

–                    Véhicules d’occasion

–                    Matériel industriel

–                    Vins

–                    Objets courants (mobiliers divers, électroménager, successions…)

Le marché en France

  • 550 commissaire priseurs sont habilité à « tenir le marteau »
  • 360 sociétés de ventes agréées
  • Drouot regroupe 70 maisons de vente

http://www.lefloch-drouot.fr/html/calendrier.jsp?t=f